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Le Rouge et le Noir de Stendhal (Fiche de lecture)

Publié le 22/02/2012

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Résumé. Sorti du séminaire, Julien Sorel, jeune homme ambitieux, instruit par de nombreuses lectures et nourri des rêves napoléoniens, devient précepteur des enfants du maire de Verrières, monsieur de Rênal. Il voit rapidement dans l'attachement et l'admiration que lui porte la belle madame de Rênal un moyen de s'élever au-dessus de sa condition sociale et la cour qu'il entreprend, telle un devoir, ressemble quelque peu à une stratégie militaire. La jeune femme, séduite par son attitude un peu gauche, parfois ombrageuse, et son romantisme, en tombe amoureuse. Certains esprits malveillants s'empressent de faire naître dans l'esprit de monsieur de Rênal des soupçons quelque peu justifiés; celui-ci décide d'éloigner Julien en l'envoyant au séminaire de Besançon et son épouse, saisie de remords dictés par son éducation religieuse, appuie son projet.
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« 1 • LE CONTEXTE La chasse au bonheur passe pour Henri Beyle par l'amour des femmes, le plaisir esthétique qu'il trouve à la peinture et à la musique, la passion de l'Italie, lerenoncement à toute ambition politique, mais elle trouve son terrain privilégié dans l'écriture d'une oeuvre romanesque, qu'il publie sous le pseudonyme de «Stendhal ».

Pour écrire Le Rouge et le Noir, son premier grand roman, il s'est inspiré d'un fait divers publié dans la Gazette des tribunaux en 1827.Largement incompris du public de l'époque, cet ouvrage est aujourd'hui considéré comme un chef-d'oeuvre incontestable.

Sous-titré Chronique de 1830, ilinaugure un genre fécond au xix' siècle : le roman d'apprentissage, où un jeune ambitieux se découvre lui-même en découvrant la société et l'amour.

Mais ilexprime surtout le goût stendhalien pour l'énergie et le bonheur. 2 • LE TEXTE L'intrigue débute sous la Restauration, à Verrières, petite ville de Franche-Comté.

M.

de Rénal, le maire, décide d'engager comme précepteur de ses enfantsun jeune « paysan » ambitieux de dix-neuf ans, Julien Sorel, admirateur de Napoléon.

La première rencontre du jeune homme et de la tendre Mme de Rênal aune influence décisive sur leurs sentiments réciproques : ils deviennent amants.

Mais les rumeurs chassent Julien, qui entre au séminaire de Besançon.Deux ans plus tard, Julien, secrétaire du marquis de La Mole à Paris, séduit la fille de ce dernier, Mathilde, qui ne tarde pas à tomber enceinte.

Le marquisfait une donation à Julien, qui, devenu M.

de La Vernaye, obtient un grade dans l'armée et part pour Strasbourg.

Apprenant le futur mariage de Julien etMathilde, Mme de Rênal est poussée par son confesseur à écrire au marquis pour dénoncer la vile hypocrisie de son protégé.

Ce dernier revient alors àVerrières et tire sur sa délatrice.

Emprisonné, Julien découvre la mesure du véritable amour qu'il porte à Mme de Rênal, avant d'être guillotiné.

Mme deRênal meurt trois jours plus tard. 3 • LES THÈMES MAJEURS • La chasse au bonheurSi, dans l'armée du temps de Napoléon, « un maçon devenait officier », puis « général », sous la Restauration, « qui est né misérable reste misérable ».

MaisJulien Sorel, simple fils de charpentier, a des rêves de gloire.

Ni la carrière militaire (le rouge) ni la carrière ecclésiastique (le noir) ne satisfont sesambitions.

Fier et passionné, animé d'une « énergie sublime », Julien est prêt à transgresser toutes les contraintes sociales pour devenir un héros.

Ainsi iln'hésite pas, en diverses occasions, à s'imposer des actions « héroïques » : prendre la main de Mme de Rênal, forcer de nuit la fenêtre de Mathilde, sebattre en duel...

Ce n'est cependant pas dans ces défis ni dans le désir d'ascension sociale que Julien trouve le bonheur, mais en prison, dans la consciencede soi et dans l'amour retrouvé de Mme de Rênal. • La quête de soiPerpétuellement poussé à chercher ce qui lui manque, Julien, que fascine Napoléon, désire conquérir, davantage par goût de la conquête que par convoitise.Son arrivisme l'empêche d'ailleurs de nouer des relations sincères avec ses proches, qu'il considère comme des obstacles à sa réussite sociale.

Sournoiset calculateur, — le prix à payer, selon lui, pour être heureux —, il prend pour second modèle Tartuffe.

Il se condamne ainsi à n'être lui-même nulle part, saufdans la solitude.

C'est donc dans sa cellule qu'il se réconcilie avec lui-même, quitte son masque et affronte la vérité : vérité sur ses sentiments à l'égard deMme de Rênal, vérité de la lutte des classes qui le condamne, sérénité enfin de « l'homme qui voit clair dans son âme ».

Le culte du moi, que Stendhal arebaptisé « égotisme », ne conduit au bonheur que s'il se sublime dans l'amour. • L'amourConquête de la femme mariée et de la jeune fille romanesque, amour physique pour Mme de Rênal, amour de tête et de vanité pour Mathilde de La Mole : l'«éducation sentimentale » de Julien, bien que déterminée par son goût de la conquête et du défi, souffrede son orgueil et de son sentiment d'infériorité.

Ici encore, le dénouement épure et sublime le sentiment : l'amour devient une passion, tendre, partagée etasociale, qui n'a d'autre fin .que la mort ; Mme de Rênal ne survit pas à Julien. • Une société mesquine et hostileÀ travers la médiocrité provinciale ou le faux éclat parisien, la chronique prend, pour peindre la monarchie cléricale de la Restauration, l'allure d'un pamphlet: en particulier, une puissance occulte, la Congrégation, avec ses personnages odieux ou ridicules, tend partout les filets de sa « dictature cléricale » : làsont les vrais hypocrites et arrivistes, ceux qui réussissent par leur médiocrité même, à l'image de Valenod, le directeur de la prison, qui s'enrichit auxdépens des prisonniers et devient maire de Verrières. 4 • L'ÉCRITURE Un style sobrePour Stendhal, « le meilleur style est celui qui se fait oublier et laisse voir le plus clairement les pensées qu'il énonce ».

Il refuse l'emphase, synonyme pourlui de fausseté.

Prenant pour modèle d'écriture le code civil, il s'interdit tout primat du style sur le récit.

Pour parvenir à cette sobriété transparente, l'auteurdécrit très peu ; il juxtapose plutôt les propositions, sans les articuler de manière logique : « L'heure de la récréation arriva, Julien se vit l'objet de lacuriosité générale.

Mais on ne trouva chez lui que réserve et silence.

» Faute de détails, le lecteur devra se contenter de faits, qui y gagnent en netteté, enénergie, en vérité. • Le réalisme subjectifDe la réalité évoquée l'auteur ne nous fournit que ce qu'en perçoit la conscience des personnages : de Mme de Rênal le lecteur ne voit plus, dans le cadreaboli d'un soir d'été, qu'une main dont Julien veut s'emparer, et les « ombres noires » que le clair de lune forme dans la chambre de Mathilde ne sont pasdonnées comme un décor romantique, mais comme un détail inquiétant pour le séducteur nocturne.

Cette technique narrative de la focalisation internesuscite à la fois la finesse de l'analyse psychologique, la sympathie dulecteur pour un héros parfois déplaisant et la vivacité du rythme, en phase avec un personnage mobile et énergique. • Un ton ironiqueRappelant celle de Voltaire ou de Montesquieu dans ses Lettres persanes *, l'ironie de Stendhal vise à dénoncer les artifices et les faux-semblants quirègnent dans les milieux bourgeois et aristocratique.

Ainsi Julien est parfois montré sous le jour d'un grand naïf qui observe des coutumes qui lui échappent.En contrepoint, le narrateur-auteur s'autorise des intrusions plaisantes et critiques pour ses personnages, Julien compris, qu'il considère avec unetendresse lucide. • Présence de l'auteurLes héros stendhaliens ressemblent tant à leur créateur qu'on a baptisé « beylisme » (du vrai nom de Stendhal, Beyle) le mélange d'égotisme et de chasseau bonheur qui les caractérise.

De plus, l'auteur s'invite dans son récit, non seulement comme juge, mais encore pour énoncer ses propres théorieslittéraires, sincères (« un roman est un miroir que l'on promène le long d'un chemin ») ou teintées d'ironie (« la politique dans une oeuvre d'imagination, c'estun coup de pistolet au milieu d'un concert »).. »

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