Le Trompeur de Séville
Publié le 10/04/2013
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Si de nombreux écrivains ont exploité la légende de Don Juan, en en faisant l'une des plus riches de la littérature universelle, celle-ci trouve cependant pour la première fois sa définition artistique dans la pièce de Tirso de Molina. Fray Gabriel Tellez, dit Tirso de Molina, entra dans les ordres à l'âge de 20 ans. Pendant un quart de siècle, il fut l'un des auteurs dramatiques les plus applaudis et les plus audacieux, mêlant activités religieuses et littéraires.
«
Isabelle : « Ma coulpe,
nulle disculpation ne la
saurait laver, mais le mal, après tout, n'est
pas tellement grave, s'il
se voit réparé des mains
du duc Octave.
»
EXTRAITS
La débauche comme philosophie
DON JUAN.
-Tandis que vous allez dans cette rue,)' aimerais piper une ribaude.
MOTA.
-Eh bien, tout près d'ici m'attend un fameux tour de rufien.
DON JUAN.- Si vous me laisse z le jouer, Monsieur le marquis, vous verrez
que la paillarde ne m'échappera pas.
MOTA.
-Allons, et mette z ma cape pour mieux la truander.
DON JUAN.
-Vous avez bien parlé.
Venez, et vous me montrere z la maison.
MOTA.
-Pendant que vous dépêchere z l'affaire, déguisez votre voix et votre
langage.
Vous voyez cette jalousie ?
DON JUAN.
-Je la vois, parbleu.
MOTA .
-Eh bien , allez-y, dites : «Béatrice », et entre z.
DON JUAN.
-Quel genre defemme ?
MOTA.
-Rose et froide .
CATALINON.
-Une cruche.
MOTA.
-Nous vous attendons sur le Parvis.
DON JUAN.
-Adieu, marquis .
Don Juan découvre la statue du commandeur
DON JUAN.
-Quel est ce sépulcre ?
CATALINON.
-Ici gît Don Gonzalo.
DON JUAN.
-C'es t celui-là que j'ai tué ...
Quel grand sépulcre on lui a fait !
CATALINON.- Tel fut l'ordre du roi.
Que dit cette inscription ?
DON JUAN.
-« C'est ici qu'attend du Seigneur le chevalier le plus loyal l'instant de se
venger d'un traître.
»La sentence est trop drôle! (Il prend la statue par la barbe) .
Alors,
vous devez vous venger, bon vieux, barbe de pierre ?
CATALINON.
-Tu ne pourras pas l'épiler: il a la barbe dure.
DON JUAN.
-Ce soir, à dîner je vous attends dans mon auberge .
Nous y
débattrons
le cartel, si la vengeance vous agrée, mais nous pourrons bien mal
nous escrimer, si de pierre est votre espadon.
Expédié aux enfers
DON JUAN.
-Ah ! je brûle ! ...
Ne me serre pas tant! ...
Avec ma dague je te
tuerai
...
Mais ...
Ah! ...
Je m'épuise en vain à porter des coups dans le vent.
Je n'ai
pas profané des coups dans le vent.
Je n 'ai pas profané ta fille ...
Elle avait démasqué ma ruse avant que
je ...
DON GONZALO.
- Il n'importe, puisque tel était bien ton bu t.
DON JUAN.
-Laisse-moi appeler quelqu'un qui me confesse et qui me puisse
absoudre.
DON GONZALO.- Il n'est plus temps , tu te repends trop tard.
DON JUAN.
-Ah! je brûle! ...
Mon corps est embrasé! ...
Je meurs ...
Le commandeur : «C'est moi qui suis le mort, tu peux te
rassurer.
Je n'avais
point pensé que tu
m'aurais tenu parole,
à la façon dont de
tous tu te moques.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
«Don Juan n'est pas du tout le drame du
séducteur hanté par
la chair et puni parce
qu'il a séduit, parce qu'il a fait usage de la
chair.
C'est, sous la plume
d'un espagnol du
xvne siècle, l'histoire à valeur exemplaire
d'un homme contre lequel Dieu exerce sa
rigueur, parce que
-pour satisfaire des
appétits qui, en
tant que tels, ne sont pas
plus condamnés dans
Le Burlador de
des devoirs bien définis, strictement
codifiés, même si, dans l'ordre humain et
non plus socio-religieux, ils se résument en
un seul mot
à la sémantique intéressante en
l'occurrence : la loyauté.
» Pierre Guenoun,
préface de
L' Abuseur de Séville,
Aubier-Flammarion, 1968.
de
mort sur les mères et sur les filles qui se
montraient légères.
En fait, les mères et les
filles étaient
si délurées que les pères
n'avaient aucune autorité.
Le Burlador de
Séville est une des œuvres où se marque cette
tension entre le patriarcat théorique et le
matriarcat de fait.
» Pierre Guenoun, op.
cit.
Séville que dans d'autres œuvres dont ils
constituent le ressort
-cet homme profane
« L'Espagne du XVIIe siècle était un corps à
tradition patriarcale qui craquait de toutes
parts sous une poussée matriarcale
particulièrement vive.
Les pères avaient
théoriquement,
à la romaine, droit de vie et
1 Rog er-Violl et 2, 3, 4 Librairie Anavoizard-Jacques Bea ug ras, 198 1 /clic h és B. N.
« Il importe de ne pas juger le premier Don
Juan avec des yeux trop modernes , sous
peine de se tromper sur sa valeur esthétique
et sur l'enseignement qu'il renferme.
»
Pierre Guenoun, op.
cit.
TIRSO DE MOLINA 02.
»
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