Devoir de Philosophie

Les Bonnes, Genêt

Publié le 02/01/2015

Extrait du document

LECTURE ANALYTIQUE Les Bonnes, Jean Genet (1947) Jean Genet (1910-1986) est un écrivain, poète et dramaturge très connu pour ses pièces polémiques, souvent censuré à cause des thèmes qu'il aborde. Son oeuvre Les Bonnes, écrite en 1947, a provoqué un grand scandale chez le public et les critiques de l'époque. C'est une pièce de théâtre tragique et violente, dans laquelle les codes sont cassés : il n'y a ni acte ni scène. Elle est inspirée d'un fait divers (même si l'auteur a nié une quelconque relation) : le cas des soeurs Papins. En 1933, Christine et Léa Papin assassinent sauvagement et sans aucune raison apparente, leur employée et sa fille. Ce que l'opinion publique appellera l'affaire des « Soeurs Papin » va provoquer un terrible choc et interpeller la France entière. La pièce de Genet est une sorte d'adaptation du drame : elle raconte l'histoire de deux bonnes, soeurs, Claire et Solange qui travaillent pour Madame, une bourgeoise. L'extrait que nous allons étudier clôt la première partie de la pièce : Claire, jouant le rôle de Madame, a toujours accablé de son mépris et de ses insultes la bonne, appelée « Claire » mais interprétée par Solange. Cependant celle-ci se révolte et outrage à son tour la prétendue maîtresse qu'elle manque d'étrangler... On se demandera en quoi cette scène est représentative de la relation maître/domestique. Il serait intéressant de mettre en avant la mise en abyme sur laquelle est basé le texte et d'analyser la cruauté que renferme le jeu de rôle. En premier lieu, ce texte est une mise en abyme du théâtre. Tout d'abord au fil de la scène, plusieurs indices révèlent au lecteur comme au spectateur que les bonnes répètent un jeu codé et convenu entre elles, avant même que la sonnerie du réveil et les deux derni&egr...


« maîtresse, dont la couleur rouge signe la théâtralité, voire le sacré, que Solange profane par son crachat et ses bijoux. De plus Solange transcende sa condition.

Elle se permet d’adopter un ton prémonitoire et solennel pour intimider Madame, et reconnaît la théâtralité de son discours, en outrance, en admettant la « grandiloquence » de ses propos.

Par exemple elle joue avec le mot « claire », qui est à la fois un nom propre et un adjectif féminin, synonyme de« lumineuse » : « Claire est là, plus claire que jamais.

Lumineuse.

» Par ailleurs Solange ne joue pas parfaitement le rôle de Claire.

A la l.13, Claire rappelle à l ’ordre sa sœur, qui a rompu l ’ i l lusion théâtrale.

En effet, Solange jouait le rôle de Claire et l ’a oublié en s’exclamant « Solange vous emmerde ! ».

Claire doit donc suspendre un instant son jeu d’actrice et redistribuer les rôles, tel un metteur en scène ou un souffleur : « Claire, Solange, Claire ».

Ce passage provoque le doute du spectateur quant à l ’ identité des personnages.

Cette parenthèse comique montre aussi le jeu de brouillage entre la réalité et l ’ i l lusion, entre les notions de rôle et de personnage jouant un personnage que nous propose Genet. Cependant la sonnerie du réveil, à la f in de la scène, signale la f in du rituel.

Elle ramène les personnages à la réalité de leur condition et clarifie la situation pour le spectateur.

Les bonnes sortent de leur transe comme le prouve la didascalie : « les deux actrices se rapprochent, émues, et écoutent, pressées l ’une contre l ’autre ».

La fréquente répétition du rituel est signalée par les propos de Solange et l ’emploi du présent d’habitude : « Chaque fois pareil.

Et par ta faute.

Tu n’es jamais prête assez vite.

Je ne peux pas t ’achever ». II.

En second lieu, cette scène est cruelle et exutoire. La scène remplit un rôle d’exutoire : les bonnes expriment leur haine par leur révolte. Cette révolte se distingue par sa violence.

Solange commence par l ’ invective.

« Je vous hais ! Je vous méprise.

» En effet, elle insulte sa maîtresse (par « Solange vous emmerde »).

La révolte est donc avant tout verbale.

Du point de vue de la répartition des répliques, c’est la domestique qui domine la scène et qui met en place la condamnation de Madame. Solange en vient ensuite aux mains puisque les didascalies indiquent qu’ « elle crache » puis qu’ « elle gifle » sa Claire.

Elle adopte une attitude menaçante, comme en atteste la didascalie de la l.6 (« marchant sur elle »).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles