Les Bonnes, Genêt
Publié le 02/01/2015
Extrait du document
«
maîtresse, dont la couleur rouge signe la théâtralité, voire le sacré, que Solange profane par
son crachat et ses bijoux.
De plus Solange transcende sa condition.
Elle se permet d’adopter un ton prémonitoire et solennel pour intimider Madame, et reconnaît
la théâtralité de son discours, en outrance, en admettant la « grandiloquence » de ses propos.
Par exemple elle joue avec le mot « claire », qui est à la fois un nom propre et un adjectif
féminin, synonyme de« lumineuse » : « Claire est là, plus claire que jamais.
Lumineuse.
»
Par ailleurs Solange ne joue pas parfaitement le rôle de Claire.
A la l.13, Claire rappelle à l ’ordre sa sœur, qui a rompu l ’ i l lusion théâtrale.
En effet, Solange
jouait le rôle de Claire et l ’a oublié en s’exclamant « Solange vous emmerde ! ».
Claire doit donc suspendre un instant son jeu d’actrice et redistribuer les rôles, tel un metteur
en scène ou un souffleur : « Claire, Solange, Claire ».
Ce passage provoque le doute du spectateur quant à l ’ identité des personnages.
Cette parenthèse comique montre aussi le jeu de brouillage entre la réalité et l ’ i l lusion, entre
les notions de rôle et de personnage jouant un personnage que nous propose Genet.
Cependant la sonnerie du réveil, à la f in de la scène, signale la f in du rituel.
Elle ramène les personnages à la réalité de leur condition et clarifie la situation pour le
spectateur.
Les bonnes sortent de leur transe comme le prouve la didascalie : « les deux actrices se
rapprochent, émues, et écoutent, pressées l ’une contre l ’autre ».
La fréquente répétition du rituel est signalée par les propos de Solange et l ’emploi du présent
d’habitude : « Chaque fois pareil.
Et par ta faute.
Tu n’es jamais prête assez vite.
Je ne peux
pas t ’achever ».
II.
En second lieu, cette scène est cruelle et exutoire.
La scène remplit un rôle d’exutoire : les bonnes expriment leur haine par leur révolte.
Cette révolte se distingue par sa violence.
Solange commence par l ’ invective.
« Je vous hais !
Je vous méprise.
»
En effet, elle insulte sa maîtresse (par « Solange vous emmerde »).
La révolte est donc avant
tout verbale.
Du point de vue de la répartition des répliques, c’est la domestique qui domine la scène et qui
met en place la condamnation de Madame.
Solange en vient ensuite aux mains puisque les didascalies indiquent qu’ « elle crache » puis
qu’ « elle gifle » sa Claire.
Elle adopte une attitude menaçante, comme en atteste la didascalie de la l.6 (« marchant sur
elle »)..
»
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