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Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle de Jean de La Bruyère (analyse détaillée)

Publié le 23/10/2018

Extrait du document

Étude de mœurs composée de fragments réunis en 16 chapitres, publiée anonymement en 1688 et augmentée jusqu’en 1694.

COMPOSITION DE L’ŒUVRE

 

• I. Des ouvrages de l'esprit : conseils de simplicité et d’humilité aux auteurs, jugements sur les écrivains du temps.

 

• II. Du mérite personnel : vrai mérite et modestie vont souvent de pair, comme la vanité et la sottise.

 

• III. Des femmes : coquetterie, vanité, bigoterie sont leurs moindres défauts.

 

• IV. Du cœur : réflexions sur l’amour, l’amitié, la générosité, la direction des esprits.

 

• V. De la société et de la conversation : le causeur agréable n’est ni pédant, ni médisant, ni vantard, ni extravagant.

 

• VI. Des biens de fortune : l’homme riche attire tous les égards et se croit supérieur. Mais la sagesse est la véritable richesse.

 

• VII. De la ville : la bourgeoisie veut singer la cour.

 

• VIII. De la cour : l’égoïsme, l'ambition, la dissimulation et l'envie y régnent et dégoûtent du monde.

 

• IX. Des grands : les princes sont maniérés, intrigants, infatués d’eux-mêmes. Ils méprisent le peuple qui travaille.

 

• X. Du souverain ou de la république : les régimes politiques sont variés, mais la guerre est universelle. Le bon roi est le berger de son peuple.

 

• XI. De l'homme : les hommes sont par nature ingrats et injustes, souvent ridicules et parfois odieux.

 

• XII. Des jugements : la plupart des jugements sont inspirés par la vanité ou le préjugé.

 

• XIII. De la mode : que d'extravagances font faire la curiosité et la mode !

 

• XIV. De quelques usages : la noblesse s'achète à prix d’argent, le clergé est frivole, les juges sont corrompus, les charlatans trompent les crédules.

 

• XV. De la chaire : le sermon est devenu un spectacle mondain. Les prédicateurs cherchent le succès personnel, non le bien des âmes.

 

• XVI. Des esprits forts : seule la foi en Dieu donne le salut.

« THÈMES DOMINANT S • La nature humaine .

Moraliste admirateur des anciens (Tout est dit et l'on vient trop tard[ ...

} l'on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d'entre les modernes.

[I, 1)), La Bruyère peint l'humanité éternelle, presque toujours mauvaise : pour ce pe ssimiste, les vices et les ridicules sont toujours les mêmes .

Aussi n'innove - il guère, par exemple dans les reproches adressés aux femmes (coquetterie, légèreté, vanité ...

) .

• La société du temp s : ce thème corrige ce que le précéden t a d'artific iel et d'abstrait.

Observateur lucide de ses con temporains, La Bruyère est tr ès a ttentif aux dif férences sociales, aux usages, aux détai ls concrets qui lui permettent de • croquer » le parvenu vaniteux, le bourgeo is entiché de la cour ou le nob le mesquin et intr igan t.

Seul le peup le lui inspire une pitié mêlée d'indignation pour le mépris dont on l'accable : ils épargnent aux autre s hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre , et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu'ils ont semé (Xl, 128 ).

Ce thème intro ­ duit la c ritique sociale dans une œuvre en apparence conservatrice .

STYLE • La gravité du moraliste - a bstraction et généralisation : Il n'y a p our l'homme que trois événements : naÎtre , vivre et mourir; il n e se sent pas naÎtre , il souffre à mourir, et il oublie de vivre.

(Xl, 48) -le goût de la maxime : Il faut rire avant que d'être heur eux , de peur de mourir sans avoir ri.

(IV, 63) - des phrase s amples : La fausse grandeur est farouche et inaccessible : comme elle sent son faibl e, elle se cache ou du moins ne se montre pas de front et ne se fait voir qu'autant qu'il faut pour imp ose r et ne paraÎtre point ce qu'elle est, je veux dire une vraie petitesse.

(Il, 42) • L'a rt du con t eur et du portra it iste -le détail comique : il demande ses gants, qu'il a thlns ses mains{ ...

} il entre à l'appartem e nt et passe sous un lustr e où sa perruque s'accroche et demeure sus­ pendue (Xl, 7) -un style alerte et vivant : Que dites -vous ? Comment ? je n'y suis pas; vous plairait- il de recommencer ? ]'y suis encore moins.

je devine enfin : vo us voulez, Acis , me dire qu'il fair froid; que ne disiez-vous : • Il fair froid • ? (V, 7) -l'ironie : 61 'homme divin en effet!{.

.

.} que j'observe les traits et la comen ance d'un homme qui seul entre les mortels possède une telle prune ! (XIII, 2) SOURCES ET INSP IRATION Des s ources littéraires.

Pour le fond , La Bruyère s'inspire des Caractères du Grec Théophras te (env.

372-287 av.

J,-C.), dont il donne une traduction en tê te de son ouvrage, ma is il va plus loin que son modè le en é tud i ant les mœu r s de son siècle et en faisant plus œuvre littéraire que psycho logique.

Quant à la form e discontinue du fragmen t, elle a dé jà é té illu strée par La Rochefoucau ld (Maximes, 1664) et Pasca l (Pensées, 1670) .. »

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