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LA BRUYÈRE LES CARACTÈRES (analyse détaillée)

Publié le 19/10/2018

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La véritable originalité de La Bruyère n'est ni dans la profondeur de sa philosophie, ni dans la pénétration de son analyse psychologique ; elle est dans son tempérament d’observateur et d’artiste (qu’on peut retrouver dans tous les chapitres) et dans les audaces de sa critique sociale. Nous étudierons pour la faire comprendre trois des chapitres où cette critique tient une large place.

 

La satire avant La Bruyère. — Les moralistes qui ont analysé et jugé les mœurs sont innombrables avant le livre de La Bruyère. De 164o à 1688, on en pourrait énumérer des centaines. Mais ils suivent presque tous les routes banales tracées par La Rochefoucauld ou la mode. Il y a d'abord les moralistes pratiques, ceux qui enseignent non pas à faire son salut et à purifier son âme, mais à bien vivre. On donne les règles de la politesse, des bienséances, de l'art d'être honnête homme , c'est-à-dire de se pousser dans le monde et à la cour. Vingt traités, dont les plus connus sont ceux de Callières, Sorel, Courtin, et la traduction de Balthasar Gracian, étudient cet art des bienséances, \"un des plus importants soins de la vie\". Il y a les moralistes qui veulent enseigner non la morale mondaine, mais la morale tout court. On fait l'analyse des passions, et l’on étudie les moyens de les modérer ou de les éteindre. Balzac, Martin Cureau de la Chambre, Saint-Réal, Mlle de Scudéry, Méré, Jacques Esprit, cent autres discutent et conseillent. Il y a enfin les prêtres, prédicateurs ou directeurs des consciences qui enseignent les vertus chrétiennes.

 

Tous ces moralistes se ressemblent par certains côtés. Ils s’en tiennent à des études abstraites. Ce qui les intéresse, ce ne sont pas les aspects passagers et pittoresques des mœurs ; c’est l’homme éternel, ce sont les passions et conflits de passions

La justice sociale chez La Bruyère. — Car La Bruyère a vu l’intelligence à travers ses amis, Bossuet, Racine ou Boi-leau, ou lui-même. Il avait très sincèrement et très noblement trouvé le remède contre les mauvais plaisants et les mépris des nobles et des riches. Il se jette et se réfugie dans la médiocrité » ; entendons la médiocrité du sage qui regarde, médite et juge. Le chapitre III et le chapitre VI a eux seuls sont un tableau de cette médiocrité. Il faut « se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres, mais de soi seul, ou renoncer à se faire valoir » ; remplacer « l’estime et la reconnaissance qui manquent quelquefois » par le témoignage de la conscience ; se passer de cette sorte de gloire qui devrait naître de la vertu » et que les hommes n'accordent guère ; refuser son estime à la richesse sotte ou mal acquise, ou insolente ; se consoler en contemplant les revers qui ruinent les plus hautes fortunes et livrent à un pâtre enrichi les palais de Zénobie ; en appeler à la postérité qui venge Descartes ou

 

Homère des Fauconnets ; croire à « l'avenir » de la vie future et à Dieu qui vengeront la vertu ; s'assurer les joies de l’étude et de la méditation, de la « solitude » et du \"cabinet\" ; en un mot être un philosophe et un sage.

 

Mais, dans ce refuge, nous ne nous séparerons pas de la vie. Le souvenir atténué de nos blessures et des injustices subies nous rendra sensibles à l'universelle injustice. Parce qu’il a vécu et souffert, parce qu’il est intelligent et qu'il a réfléchi, La Bruyère a cessé tout à fait de croire qu'il y ait des hommes méchants et injustes, non une injustice genérale, des privilégiés

« qui se retrouvent n est romancier ou poète : on veut plaire.

Nicole lui-mfme (Essais de morale, 1671) nous ex pose les difficultés des livres méthodiques et la contradiction entre la •• liaison des pensées » et l'agrément.

On renonce donc gépéralement à la méthode et à la liaison des pensées.

On cherche, com!lle le demande Je chevalierd.ç Méré, 11ce �ue l'art et l'étude ont de plus ingénieux et çle plus sava11t >>.

Et 1 on réduit comme lui son livre « partie en maximes.

partie en sentences et le reste en réflexions >>.

La tradition est ancienne d'ailleurs.

Dans tous les salons, chez Mme de Sablé, chc1..

Mme de Maure, tout le monde était « sentencieux ».

On pourrait collectionner les por­ traits par milliers' d:�ns les romans, traités, recueils, « carte de la cour >•,. »

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