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Les Mouches de Sartre (résumé et analyse)

Publié le 16/10/2013

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Poursuivis par les mouches - les Erinnyes vengeresses prêtes à fondre sur les coupables - le frère et la soeur se sont réfugiés dans le sanctuaire d'Apollon. Electre se désolidarise de l'acte de son frère et, malgré les injonctions de celui-ci, elle se soumet à Jupiter et s'abandonne au remords. Oreste, seul désormais, affranchi du divin, décide de s'adresser à son peuple.

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« II -Un théâtre de situation Les Mouches illustrent bien les thèses existentialistes et plus précisément la no­ tion de situation.

Pour Sartre, en effet, l'homme se définit par rapport à une situa­ tion, c'est-à-dire par rapport à un contexte qui lui est spécifique et à partir duquel il peut se déterminer.

Dès le moment où Oreste accepte de devenir le vengeur de son père, il est en si­ tuation.

Il lui faut s'engager et endosser une responsabilité au nom du précepte sar­ trien : « L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.

» Oreste se déterminera donc en fonction de la situation qu'il affronte (la vengeance à accomplir) et qu'il aura modifiée par son action (délivrer Argos du remords).

Si l'on essaie de mettre la pièce en situation, le message est clair: face à l'enli­ sement né d'une mauvaise conscience collective (la défaite de 1940, le régime de Vichy, les rapports avec l'occupant), il ne reste guère qu'une résistance au statut ambigu.

Comment peut-on concilier prise de conscience et action? Comment échapper au découragement? À quel niveau situer la responsabilité de l'individu au sein d'une collectivité? III - Une tragédie inversée Au lieu de présenter un héros tragique soumis à la fatalité, Sartre met en scène un personnage qui conquiert sa liberté.

Son drame procède à J'inverse des don­ nées habituelles de la tragédie : non seulement Oreste accomplit son acte, mais il conquiert sa liberté en se dressant contre Jupiter.

Oreste va plus loin encore puisqu'il transforme la prise de conscience en action et l'acte en revendication: «Je le porterai sur mes épaules comme un passeur d'eau porte les voyageurs, je le ferai passer sur l'autre rive et j'en rendrai compte.» Même si Jupiter prétend que la prise de conscience n'est qu'un exil, Oreste af­ firme que« la vie humaine commence de l'autre côté du désespoir», c'est-à-dire après le renoncement au remords et donc en pleine conscience.

Reprenant la conclusion du mythe d'Électre qui fait d'Oreste un coupable pour­ suivi par les Erinnyes, Sartre en subvertit les données et le sens.

Oreste libère ses su­ jets du remords.

« Je prends tout sur moi », leur dit-il.

Le héros est debout, dressé devant eux, comme l'indiquent les didascalies.

Oreste s'oppose ainsi en tous points à la« coque vide» qu'était Égisthe.

Choisissant son destin de« roi sans terre et sans sujets », Oreste appelle sur lui les mouches-Erinnyes.

Le héros tragique agit en pleine conscience et détermine sa liberté ainsi que celle de son peuple.

IV -Oreste-Christ, Oreste-Prométhée Oreste est-il« une sorte de Christ qui vole les remords», comme l'écrit Mireille Comud-Peyron? Il est vrai qu'il porte les remords et les fautes de son peuple, qu'il les charge sur ses épaules, dans un élan rédempteur où il affirme : « ô mes hommes, je vous aime ».

« Vos fautes et vos remords, vos angoisses nocturnes, le crime d'Égisthe, tout est à moi, je prends tout sur moi », ajoutera-t-il.

Figure christique, Oreste libère les hommes du remords et d'une prétendue faute originelle.

Cependant cet Oreste-Christ est également proche de Prométhée, le « voleur de feu » révolté qui défie les dieux et invite les hommes à secouer le joug d'un destin absurde.

Figure prométhéenne, Oreste apporte aux hommes le feu de la lucidité et de la révolte.. »

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