Devoir de Philosophie

Les Pensées de Pascal

Publié le 09/04/2013

Extrait du document

pascal

PENSÉES

Blaise PASCAL

Pascal n' écrit pas, au sens propre du mot, les Pensées. En effet, sa famille retrouve, après sa mort, le 19 août 1662, un grand nombre de documents inédits. Certains sont dans un désordre manifeste, regroupés en « liasses ». Ils sont destinés, on le sait, à une apolo­gie de la religion chrétienne. Il faudra tout le soin de son neveu pour que paraisse, en 1670, un recueil, incomplet et recomposé, des Pensées de monsieur Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets, qui ont été trouvés après sa mort parmi ses papiers. L' unité, le sens de ces fragments, d' une force irrépressible pour le lecteur, c'est la volonté de livrer une véritable analyse de la condition misérable de l'homme afin de le conduire vers la nécessité de Dieu. On peut en faire une lecture, dans le classement Lafuma (Le Seuil, coll. « Points », 1978).

1. LA MISÈRE DE L'HOMME

Pascal avant d' entrer définitivement à Port-Royal, fréquenta les salons parisiens, où il se lia d'amitié avec de brillants libertins. La volonté de convertir ceux-ci contribua sans doute à la rédaction du fameux argument du pari.

pascal

« EXTRAITS --- -- --~ L'homme devant le mystère de sa destinée En voyant l'aveuglement et la misère de l'homme, en regardant tout l'Univers muet, et l'homme sans lumière, abandonné à lui­ même, et comme égaré dans ce recoin de l'Univers, sans savoir qui l'y a mis, ce qu'il est venu faire, ce qu'il deviendra en mou­ rant, incapable de toute connaissance, j'entre en effroi comme un homme qu'on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et quis' éveillerait sans connaître où il est, et sans moyen d'en sortir.

Et sur cela j'admire comment on n'entre point en désespoir d'un si misérable état.

Je vois d'autres personnes auprès de moi, d'une semblable nature: je leur demande s'ils sont mieux instruits que moi ; ils me disent que non.

Et sur cela, ces misérables égarés, ayant regardé autour d'eux, et ayant vu quelques objets plaisants, s'y sont donnés et s'y sont attachés.

Pour moi, je n'ai pu y prendre d'attache, et, considérant combien il y a plus d'apparence qu'il y ait autre chose que ce que je vois, j'ai recherché si ce Dieu n'aurait point laissé quelque marque de soi.

Misère et grandeur de l'homme Car, enfin, qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout.

Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d'où il est tiré, et l' infini où il est englouti.

Le Pari -Examinons donc ce point, et disons : Dieu est, ou il n'est pas.

Mais de quel côté pencherons-nous ? ( . ..

) La raison n'y peut rien déterminer : il y a un chaos infini qui nous sépare.

Il se joue un jeu, à l'extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile.

Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne pouvezfaire ni l'un ni l'autre; par raison, vous ne pouvez défendre nul des deux.

Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix ; car vous n'en savez rien.

- Non; mais je les blâmerai d'avoir fait, non ce choix, mais un choix; car, encore que celui qui prend croix et l'autre soient en pareille faute, ils sont tous deux en faute: le juste est de ne point parier.

- Oui ; .mais il faut parier ( ...

).

Lequel prendre z-vous donc ? Voyons.

Puisqu'ilfaut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins.

Vous ave z deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : yotre raison et votre volonté, votre connais­ sance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère.

Votre raison n'est pas plus blessée en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir.

Voilà un point vidé.

Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Di eu est.

Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perde z, vous ne perde z rien.

Gagez donc qu'il est, sans hé­ siter.

« De sorte que s'il [l'homme] est sans ce qu'on appelle divertissement, le voilà malheureux ...

» NOTES DE L'ÉDITEUR savante !) Il y a en lui le vertige d'une intelligence trop vaste et trop lucide devant l'insondable Univers, et inévitablement le tourment de Dieu.

A venture trop risée et mutilation de soi.

» Nietzsche.

«Pascal plaira toujours aux esprits libres, par une manière de croire et de ne pas croire : " Il ne faut pas dire au peuple que les lois ne sont pas justes." Mais enfin il l'a dit, puisqu'il a dit qu'il ne fallait pas le dire.

»Alain.

« On a beaucoup épilogué sur l"' angoisse" et l"' abîme " de Pascal.

Il y a certainement en lui le sentiment profond de la solitude et du vide universels .

Ce sentiment n 'a probablement rien de physique ou de pathologique (l'explication enfantine et humaine.

» Fernand Perdriel.

« La foi de Pascal ressemble terriblement à un lent suicide de la raison, d'une raison coriace, acharnée à vivre, pareille à un ver qu'on ne peut tuer en un instant ni d'un seul coup.

La foi chrétienne, dans son principe, est sacrifice de l'esprit, de toute sa liberté, de tout son orgueil, de toute sa confi ance en soi ; par surcroît, elle est asservissement, 1 sanguine de Jean D omal/ Edimédia 2, 3, 4 peintures de Georges de La Tour I Lauro s-Giraudon « Sans la foi chrétienne, pensait Pascal, vous serez pour vous-même , comme la nature et l'histoire, un monstre et un chaos : nous avons réalisé cette prophétie.

» Nietzsche.

« Qu 'a-t-on parlé du génie tremblant et terrifié de Pascal ? Car quel homme a mieux connu le paisible amour ? » François Mauriac .

« Pascal , c'est le plus grand des Français ...

» Julien Green.

PASCAL03. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles