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Les Provinciales de Pascal (résumé & analyse)

Publié le 27/11/2018

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pascal
Les Provinciales
 
Les Lettres écrites à un provincial par un de ses amis sur le sujet des disputes présentes de la Sorbonne sont le fruit d’une collaboration avec Antoine Arnauld et Pierre Nicole. Mais elles portent l’empreinte incontestable de Pascal, qui a fourni le gros du travail de rédaction et de documentation. L'impression et la diffusion constituèrent une entreprise collective et d’ailleurs aventureuse, les persécutions et arrestations obligeant les partisans de Port-Royal à opérer dans la plus stricte clandestinité. La publication, d'abord séparée et parfaitement anonyme, des lettres (janv. 1656-mars 1657) fut suivie, fin 1657, d'une édition en recueil, signée Louis de Montalte, pseudonyme sous lequel parut aussi, en 1658, une traduction latine imprimée en Allemagne. Le voile de l’anonymat ne fut levé qu’en 1659.
 
Conçues comme une défense d’Arnauld et de l’attitude de Port-Royal dans la controverse des « cinq propositions », les Provinciales se présentent comme un réquisitoire contre les jésuites français, leur politique et leur indulgence en matière de mœurs. Mais elles brisent aussi ce cadre accidentel et polémique en traitant du péché et de la grâce, questions cruciales du christianisme et objets d'un débat perpétuel au sein même de l’Église catholique.
 
Le problème théologique. — L'homme déchu a besoin d'une lumière divine pour s’orienter durablement vers le bien. Mais comment concilier cette action divine (la grâce) avec le libre arbitre humain?
 
Selon saint Augustin (354-430), l'homme reste libre de résister à Dieu. Cependant, la grâce s'accompagne d'une joie si profonde que le libre arbitre ne peut pas ne pas vouloir le bien que Dieu lui assigne. L'action de la grâce est donc toujours efficace. Conservée par saint Thomas d'Aquin (1225-1274), cette conception se radicalise chez Calvin (1509-1564), qui nie l'existence du libre arbitre.
 
En réaction contre ces positions, le jésuite espagnol Molina soutient, dans son Accord du libre arbitre avec les dons de la grâce divine (1588), qu'il existe une grâce suffisante, c'est-à-dire une invitation divine qui suffit à l'homme pour bien agir, mais que celui-ci est libre d'accepter ou de refuser.
 
Le propos des jansénistes était de restituer la pure conception augustinienne et de combattre le molinisme, en lequel ils voyaient une néfaste confusion entre la doctrine évangélique et un stoïcisme païen, héritage de la Renaissance.
 
Les Provinciales se divisent en deux parties : les Lettres I-X mettent en scène un enquêteur qui court de théologien en théologien pour se faire préciser le sujet des controverses. Neutre d’abord, puis de plus en plus égaré par les équivoques et les sophismes de ses interlocuteurs, il finit par prendre parti pour les jansénistes. Les Lettres XI-XVIII abandonnent la forme du dialogue et aussi le mode railleur. Le narrateur se défend contre les attaques et calomnies de ses adversaires et finit par s’adresser directement à leur représentant le plus illustre, le

pascal

« 1657.

Il continue cependant à soutenir la controverse jusqu'en 1658, avec les Écrits pour les curés de Paris, otl il insiste notamment sur le principe des «erreurs contraires », et avec les Écrits sur la grâce, une quin­ zaine de fragments, où des vues générales sur le pro­ blème aboutissent à la question de savoir si les comman­ dements sont possibles aux justes.

Écrits pour les curés c:!e Paris .- L'hérésie des calvinis­ tes a dé tr ui t l'unité de l'Eglise.

Les jé s uites risquent d'en faire de mêm e pu isq u'ils s'efforcent d'imposer la morale des casuistes comme la seul e va la b le .

La do ctrin e de l'É glise.

celle des Pères, so ut enu e par les é vêÇl ues et curés, condamne ces deux erreurs co ntr a ire s.

Ecrits sur la grâce.

-Apologie du jansénisme sous la forme d'u ne tentative de dissiper les équivoques insépara­ bles de la doctrine au g ustin ie nn e.

dans lesquelles sont fon­ dées les controverses avec les molinistes.

Mise en œuvre parfaite des principes de l'art de per­ suader pascalien, les Provinciales sont d'abord des écrits passionnés.

Faisant appel au « cœur » du lecteur, les let­ tres y suscitent une indignation qui est sans cesse nourrie tantôt par l'ironie du narrateur, tantôt par sa candeur feinte.

Mais en même temps, elles se présentent comme le modèle d'un raisonnement conduit selon la méthode géométrique.

Chaque terme est défini d'une manière claire et expressive, et l'argumentation se développe selon une progression savamment calculée.

Cette rigueur permet au polémiste de découvrir les illogismes et les faux-fuyants de ses adversaires.

Mais il s'en sert aussi pour les battre avec leurs propres armes : en les égarant par des équivoques et des jeux de mots; en les enfermant dans des dilemmes impitoyables.

La véritable réussite des Provinciales est cependant d'ordre stylistique.

Elle consiste en la transformation d'un débat théorique en une discussion quasi dramatique, où les idées et conceptions s'incarnent en des représentants des partis adverses.

Parmi 1' abondante littérature suscitée par le débat entre jésuites et jansénistes, les Provinciales sont le seul ouvrage qui, brisant le cadre des circonstances histori­ ques, mais aussi celui du débat théologique, s'ouvre sur une vision plus générale de l'homme, de sa condition et de sa destinée.

Unanimement admirées par les grands maîtres de l'éloquence et de la controverse du xv11• siècle et du xvm• siècle, elles finirent par s'imposer comme le modèle de toute polémique.

BIBLIOGRAPHIE En éditions de poche : Garnjer-Fiammarion (par Antoine Adam) et su rto ut « Folio » (par M.

Le Guern.

1987); la meilleure é di tio n criti qu e est celle du P.

Co gn et .

mise à jo ur par G.

Ferr ey ­ rolles, dans la coll.

des « Classiques Garnier"'· Bordas, 1992.

À consulter.

-G.

Ferreyrolles, les Provinciales, Paris , P.U.F ..

coll.

« Étu d es lit té rai re s », 1984; R.

Duchêne, 1 'lmposwre lirré­ raire dans les« Provinciales » de Pasca l, Publications de l'univ.

de Provence.

2• éd., 1985; L.

Mackenzie Jr., Pascal 's «Lettres Provinciales», Birmin gham (Alabama), Summa Publications, 1988; R.

Parish.

même titre, Oxford, Clarendon Press, 1989.. »

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