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Locke - Essai philosophique concernant l'entendement humain

Publié le 13/01/2015

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locke
C'est ainsi que cette docte ignorance, que cet art qui ne tend qu'à éloigner de la véritable connaissance les gens mêmes qui cherchent à s'instruire, a été provigné dans le monde, et a répandu des ténèbres dans l'entendement, en prétendant l'éclairer. Car nous voyons tous les jours que d'autres personnes de bon sens qui par leur éducation n'ont pas été dressées à cette espèce de subtilité, peuvent exprimer nettement leurs pensées les uns aux autres, et se servent utilement du langage en le prenant dans sa simplicité naturelle. Mais quoique les gens sans étude entendent assez bien les mots blanc et noir, et qu'ils aient des notions constantes des idées que ces mots signifient, il s'est trouvé des philosophes qui avaient assez de savoir et de subtilité pour prouver que la neige est noire, c'est-à-dire que le blanc est noir ; par où ils avaient l'avantage d'anéantir les instruments du discours, de la conversation, de l'instruction et de la société, tout leur art et toute leur subtilité n'aboutissant à autre chose qu'à brouiller et qu'à confondre la signification des mots, et à rendre ainsi le langage moins utile qu'il ne l'est par ses défauts réels. Admirable talent, qui a été inconnu jusqu'ici aux gens sans lettres ! John LOCKE, Essai philosophique concernant l'entendement humain
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« t Il existe un travail de la raison qui nous conduit à la connaissance, car il ne faut pas confondre le consentement éventuel de tous les hommes ou de la plupart des hommes à propos d'une idée (Dieu, la justice) et le caractère inné de cette idée (1-3).

L'idée de Dieu diffère selon les personnes.

La connaissance de Dieu est une des connaissances qui se présente le plus naturellement à la raison humaine, sans pour autant être innée (1-3 § 17).

Nous sommes capables de connaître les propriétés d'une figure géométrique ou l'idée de Dieu; ceci ne suppose aucune idée innée.

Il n'y a pas plus d'idées innées dans la mémoire, car le souvenir d'une chose suppose que nous ayons eu une connais­ sance antérieure ou une perception de cette chose.

Dès lors, la seule question pertinente est celle de la constitution de nos idées, de leur organisation et de leur composition.

B.

Idées et expérience t Toutes nos idées proviennent de l'expérience, qui désigne à la fois les percep­ tions et les réflexions.

L'esprit possède la puissance de fabriquer des idées com­ plexes.

En cette puissance réside sa liberté (1-12).

La sensation et la réflexion sont les deux sources des idées simples.

On en conclut donc qu'une idée simple n'est pas fabri­ quée par l'esprit mais donnée.

Il en va ainsi des idées des qualités sensibles, qui sont celles d'objets de la perception immédiate, mais aussi des idées simples de la réflexion.

Ces dernières permettent de comprendre la perception interne immédiate du sujet pen­ sant.

Les idées simples reçues passivement sont à !'origine du développement de la connaissance.

Donc l'esprit ne peut être la source des idées simples ; il ne peut non plus s'y dérober lorsqu'elles se présentent.

Dès lors, les idées simples, sur lesquelles l'en­ tendement n'agit pas, sont enracinées dans l'expérience.

t Cette analyse ne nous éclaire cependant pas sur la nature des idées.

Ces dernières sont des signes ; la composition des idées est une composition de signes, tout comme le langage.

Parce que les idées sont des signes, elles constituent des instruments de connaissance.

L'analyse des idées suit une méthode qui va de soi : il est possible de comprendre la composition des signes et donc les idées complexes.

t Ainsi, il faut introduire la nécessité d'une connaissance des signes.

Lorsque nous comprenons les éléments dont une idée complexe est composée, nous voyons égale­ ment la complexité de cette idée ; nous y découvrons des éléments qui renvoient aux représentations originaires et d'autres qu'il faut attribuer à l'entendement et à sa capa­ cité de composition.

De ce point de vue, une idée complexe est une idée composée d'éléments différents qu'il est indispensable de repérer pour connaître l'usage légitime des idées.

C.

Du simple au complexe t Il existe un statut privilégié des idées simples parce qu'elles nous fournissent des objets.

Elles sont en ce sens les éléments de !'intellection, irréductibles à l'analyse (11-2).

Elles sont la condition de toute composition par l'entendement, se définissent par la clarté et la distinction en raison même de la clarté et de la distinction de nos per­ ceptions.

Elles nous font véritablement distinguer les choses.

Par conséquent, leur dis­ tinction fonde une réalité.

Il faut alors différencier les qualités premières (toutes les parties de la matière sont de ce type, même si elles ne sont pas l'objet direct d'une expérience) des qualités secondes, car la différence de signification des idées implique deux types de qualités.

Les idées des qualités secondes sont subjectives.

Elles ne peuvent advenir que relativement à des qualités premières par lesquelles nous nous représentons des qualités d'un objet.

Les idées des qualités premières désignent objec­ tivement les propriétés de l'objet, relativement à nos sens.

Donc les idées des qualités secondes signifient des propriétés de l'objet que l'on peut se représenter en termes de qualités premières.

Notre esprit est capable d'opérations : perception (11-9), rétention (11-10) ; il peut dis­ tinguer, comparer, composer et abstraire (11-11 ).

Si la perception se saisit relativement aux sensations, néanmoins ces dernières sont très diverses, aussi bien externes qu'in­ ternes.

En ce sens, il existe des idées simples de la réflexion.

195. »

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