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Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain, trad. P. Coste.

Publié le 19/03/2015

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Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une table rase, vide de tout caractère, sans aucune idée, quelle qu'elle soit. Comment vient-elle à recevoir des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'homme, toujours agissante, et sans bornes, lui présente avec une variété presque infinie 9 D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui font comme le fonds de tous ces raisonnements et de toutes ses connaissances ? A cela je réponds en un mot : de l'expérience.

 

Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain, trad. P. Coste.

Du passé faisons table rase. « Cette parole vient d'une huma­nité qui veut renouer avec la richesse de son accomplissement potentiel. Elle n'appelle à aucune destruction nihiliste des acquis de la culture, mais à une refondation sociale radicale, sur la base d'une authentique justice. Comme l'esprit cultivant sa distance et sa liberté à l'égard de ce qui l'a trompé, afin d'assumer sans servilité un héritage, la conscience révolution­naire ne fait table rase que de ce qui effectivement consacre ou génère l'injustice, et de ce fait dessaisit l'humanité d'elle-même. Restaurer, en quelque sorte, la disponibilité et la pureté native de la vie, la réouvrir à toutes ses promesses, ce n'est pas construire une humanité artificielle, mais recons­truire la possibilité qu'elle s'exprime et s'épanouisse. S'il faut faire table rase de ce qui entravait cette régénération, c'est pour que l'esprit et le corps soient aussi en un sens table rase à l'égard des multiples possibilités d'accomplissement que la vie ne manque pas de faire surgir. Dangereuse naïveté ? Ou rappel d'un idéal qui peut stimuler l'action et la pensée en nourris­sant l'espoir qui les habite, comme leur raison d'être ? La deuxième réponse, on le voit, dépend d'une approche lucide et résolue.

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« La tabl,e rase 117 listes les apports successifs constitués par les diverses impres­ sions sensibles : « Nous imaginâmes une statue organisée intérieurement comme nous, et animée d'un esprit privé de toute espèce d'idées.

Nous supposâmes encore que l'extérieur tout de marbre ne lui permettait pas l'usage d'aucun de ses sens, et nous réservâmes la liberté de les ouvrir à notre choix, aux différentes impressions dont ils sont susceptibles » (Con­ dillac, Traité des sensations).

Soit un regard pur et naïf, au bon sens du terme, c'est-à-dire prêt à accueillir, sans prévention d'aucune sorte.

Bientôt pourra s'inscrire en lui le spectacle du monde, sans rien qui préjuge ou présume, déforme ou obscurcisse : la présence des choses se donne en pleine lumière.

La sensation ne ment pas, comme le rappelle Epicure.

Mais il faut bien comprendre ce qu'elle atteste.

Si la même musique paraît triste au mélanco­ lique et gaie à l'homme heureux, il est clair que la façon dont elle est« reçue »dépend de l'état du sujet qui l'écoute.

La sen­ sation, alots, n'est pas simple impression auditive : sa colora­ tion subjective est indissociable du phénomène sonore.

En ce sens, ce dont elle témoigne met autant en jeu le sujet humain et sa façon de sentir, puis de croire, que les propriétés mêmes de la chose.

Ainsi surgit le doute sur la transparence supposée du rapport à l'objet, et de la réceptivité propre à l'accueillir.

Comment dès lors comprendre le rôle de l'expérience, ambigu par cela même qu'il semble associer passivité et acti­ vité du sujet qui l'appréhende? Kant dira fortement que si toute connaissance commence avecl'expérience, cela ne signi­ fie pas qu'elle en dérive entièrement.

La table rase est bien constituée d'une certaine manière, dont on ne peut faire abs­ traction pour rendre compte de son étonnant pouvoir de réceptivité.

L'évidence authentique elle-même n'est pleine­ ment accessible qu'à un esprit non captif, prêt à la recevoir sans la confondre avec les faux-semblants du vécu.

C'est pour­ quoi Descartes en prépare l'accueil par l'intense travail du doute, qui vaut retour à soi de la lumière naturelle.

Aristote déjà était frappé par une telle capacité de l'esprit, sorte de plasticité qui se manifeste dans la remarquable adé­ quation du pouvoir de connaître à la consistance propre des multiples savoirs qui exprimeront fidèlement la réalité.

Ade­ quatio rei et intell,ectus, « adéquation de la chose et de l'esprit » : la conformité de l'objet et de ce qui se trouve dans l'esprit au moment où il le saisit définit l'idéal de la connaissance.

Cela. »

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