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Mémoires d'outre-tombe

Publié le 27/03/2013

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C'est en 1803, lorsqu'il était ambassadeur à Rome et qu'il venait de publier Le Génie du christianisme, que Chateaubriand décida d'écrire ses Mémoires ; il était alors près du corps de Pauline de Beaumont, « l'hirondelle «, dont la mort le bouleversa.

« «Toute l'A ngleterre p eu t être vue da ns l'espace de quatre lieues, depu is Richmond , au-dess us de Londres, jusqu 'à Greenwich et au-d esso u s.

,.

EXTRAITS Chateaubriand relate sa rencontr e av ec Bonaparte, qu' il admira, mais à qui il s'opposa pour soutenir Louis XVIII Bonaparte m'aperçut et me reconnut.j'ignore à quoi.

Quand il se dirigea vers ma personne, on ne savait qui il cher­ chait ; les rangs s'ou­ vraient successivement ; chacun espérait que le consul s'arrêterait à lui ; il avait l'air d'éprouver une certaine impatience de ces méprises.

Je m'en­ fonçais derrière mes voi­ sins ; Bonaparte éleva tout à coup la voix et me dit : « Monsieur de Chateaubriand! » Je res­ tai seul alors en avant, car la foule se retira et bientôt se reforma en cercl e au­ tour des interlocuteurs .

Bonaparte m'aborda avec simplicité: sans me faire de compliments, sans questions oiseuses, sans préambule , il me parla sur-le-champ de l'égypte et des Arabes , comme si j'eusse été de son intimité et comme s'il n'eût fait que continuer une conversation déjà commencée entre nous.

Dans un discours puissant, prononc é à la Chambre des pairs, Chateaubriand soutient la cause du duc d'Orléans Ce n'est ni par un dévouement sentimental, ni par un attendrissement de nourrice trans­ mis de maillot en maillot depuis le berceau de Henri IV jusqu'à celui du jeune Henri, que je plaide une cause où tout se tourne­ rait de nouveau contre moi, si elle triom­ phait.

Je ne vise ni au roman, ni à la chevalerie , ni au martyre ; je ne crois pas au droit divin de la royauté , et je crois à la puissance des révolutions et des faits .

Je n'invoque pas même la Charte, je prends mes idées plus haut ; je les tire de la sphère philosophique de l'époque où ma vie ex ­ pire : je propose le duc de Bordeaux tout simplement comme une nécessité du meilleur aloi que celle dont on argumente .

Je sais qu'en éloignant cet enfant, on veut établir le principe de la souveraineté du peuple : niaiserie de l'ancienne école qui prouve que, sous le rapport politique, nos vieux démocrates n'ont pas fait plus de pro ­ grès que les vétérans de la royauté.

Il n'y a de souveraineté absolue nulle part ; la li­ berté ne découle pas du droit politique, comme on le supposait au dix-huitième siècle ; elle vient du droit naturel , ce qui fait qu'elle existe dans toutes les formes de gou­ vernement , et qu'une monarchie peut être libre et beaucoup plus libre qu'une répu­ blique ; mais ce n'est ni le temps ni le lieu defaire un cours de politique.

Hommage à Madame Récamier, la Dame des Mémoires En approchant de ma fin, il me semble que tout ce que j'ai aimé , je l'ai aimé dans Madame Récamier, et qu'elle était la source cachée de mes affections.

Mes souvenirs de divers âges, ceux de mes songes, comme ceux de mes réalités , se sont pétris, mêlés , confondus pour faire un composé de charmes et de douces souffrances, dont elle est devenue la forme visible.

Elle règle mes sentiments , de même que l'auto­ rité du Ciel a mis le bonheur, l'ordre et la paix dans mes de­ voirs .

Je l'ai suivie la voyageuse par le sen­ tier qu'elle a foulé à peine ;je la devancerai bientôt dans une autre patrie .

Ren co ntre avec des femmes de F l oride : «Je m'a m usais à mettr e su r le ur tête quelque p arure : elles se so umettaient, douc ement effrayées ; m agiciennes, e lles croyaient que je leur fa isais un ch arme.

» NOTES DE L'ÉDITEUR « Toujours lui, lui partout : ses vanités, ses rancunes, ses chimères, sa politique romanesque, l'importance qu'il se prête, le réalisme qu'il s'attribue, l'idéalisme qui finit par l'emporter, son scepticisme qui tient de ses lassitudes, sa curiosité qui lui fait, de la politique, un spectacle, une comédie, une galerie de portraits, une succession de scènes .

Rien de plus vif ni de plus piquant que ces croquis et ces caricatures qui emplissent les Mémoires.

Tant d'hommes importants, de grandes dames, ne sont donc que les plaisants farceurs d'une pièce qu'ils ne comprennent pas ? Chateaubriand excelle à saisir une figure, à y lire une âme, à retrouver l'être vivant sous le rôle.

» A l'âge de 35 ans déjà, Chateaubriand avait songé à rédiger ses Mémoires, mais il se consacra de façon approfondie à cette entreprise après la Révolution de 1830.

Harcelé par les besoins d'argent, en 1836, il en vendit les droits, avec pour obligation de ne les publier qu'après sa mort : voilà le pourquoi del' « outre-tombe », l'œuvre, du vivant de Chateaubriand, ayant eu pour titre Mémoires de ma vie.

1 Sipa- lco no 2, 3, 4 Dessins de Roben de Mor aine gravés par Delanno y, éd.

E.

et V.

Penaud Frères.

1849-1850 /cliché s B.N.

P.

Moreau, Chateaubriand, Hatier, 1956.

«Les Mémoires d'outre-tombe demeurent le chef-d'œuvre suprême de l'artiste et du poète, mais ( ...

) la pensée de l'historien a, dans certaines pages, apporté une contribution incomparable à l'intelligence de l'époque, transition entre la vieille Europe aristocratique et l'âge de la révolution industrielle.

» Victor·L.

Tapié, Chateaubriand par lui-même , Le Seuil, 1965 .

CHAT EAUB RIAND 02. »

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