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MERTEUIL (la marquise de). Personnage du roman de Choderlos de Laclos les Liaisons dangereuses

Publié le 24/10/2017

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MERTEUIL (la marquise de). Personnage du roman de Choderlos de Laclos les Liaisons dangereuses ( 1782). Perverse, dit-on, et démone; incarnation du mal, dangereuse rouée perdue de vices, de quoi ne l’accuse-t-on pas? Dangereuse, elle l’est, certes, mais seulement pour avoir su transfonner sa féminité en instrument de sa volonté. Elle est, en effet, le plus parfait exemple, l’unique peut-être, d’une femme réussissant à maintenir tous ses actes, toutes ses pensées, tous ses sentiments sous l’œil de sa conscience pour les faire «jouer» au gré de sa volonté. Dire qu’elle n’a pour but que le mal est faux : elle ne connaît que combat et plaisir, et sa morale en est fonction. Sa conduite relève sans doute d’un « égoïsme » sans limites, mais c’était l’unique moyen qu’elle possédât pour se défendre contre la société de son époque: elle n’est pas libertine pour se libérer de Dieu (il n’écrasait plus celles de son rang au siècle des lumières), mais seulement pour échapper à la condition d’esclave que les hommes réservaient encore aux femmes — sinon d’esclave, au

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« # Itudiezle personnage de la marquise de Merteuil 0 Le démiurge de l'action • La marquise de Merteuil est sans conteste le personnage principal du roman, mais elle est plus que cela encore, elle en est le démiurge : comme un double de l'auteur, elle «tire les ficelles» de l'histoire.

Elle est en effet à l'origine de l'intrigue qui fonde le roman, le projet de vengeance contre Gercourt par la corruption de Cécile grâce à Valmont.

Elle veut se venger de cet amant qui l'a autrefois trahie pour une autre, et elle ordonne à Valmont d'exécuter son plan car il était parti prenante dans l'humiliation subie, sa maîtresse d'alors l'ayant abandonné pour Gercourt.

Cette mésaventure commune avait d'ailleurs donné naissance à leur liaison.

Elle garde l'ini­ tiative de l'action tout au long du roman; face au refus de Valmont, elle entreprend elle-même de dévoyer Cécile en favorisant ses amours avec Danceny.

Peu à peu elle devient son amie, sa confidente, et se substitue à sa mère pour la pervertir par des conseils pernicieux.

Puis elle manipule Mme de Volanges en les envoyant toutes deux dans les griffes de Valmont, au château de Mme de Rosemonde.

Quand Cécile se refuse à Valmont, c'est vers la marquise que celui -ci se tourne pour faire revenir Cécile à la soumission.

Lorsque Mme de Volanges est prête à renoncer au mariage de sa fille avec Gercourt, touchée par l'amour de sa fille pour Danceny, c'est la marquise qui la convainc de ne pas céder à l'« enfantillage» de Cécile.

Elle s'insinue dans la romance entre Valmont et la présidente de Tourvel pour y met­ tre fin plus rapidement, d'abord en promettant au vicomte de redevenir sa maîtresse dès qu'il aura une preuve de la «chute» de la présidente, puis en lui envoyant un modèle de lettre de rupture à adresser à celle-ci.

C'est elle enfin qui a l'initiative de la catastrophe fmale du roman, pour se venger de Valmont qui a détourné Danceny du rendez-vous qu'elle lui avait donné : en révélant à Danceny le rôle joué par Valmont auprès de Cécile, elle pro­ voque le duel et la mort de Valmont.

Pourtant emportée par sa vanité, elle ne s'était pas appliquée à elle-même ses principes : «ne jamais écrire», et la vengeance posthume de Valmont la mène à sa mort sociale et à l'exil.

• Laclos, loin de se projeter dans ce personnage, s'abrite derrière la mar­ quise et en fait l'instrument de sa démonstration, sans avoir à prendre explicitement la parole sur la condamnation de la volonté de puissance et de la perversion qu'elle incarne.. »

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