Mme de Staël, De l'Allemagne

Mme de Staël, De l'Allemagne (1814)

Imprimé à Paris en 1810, saisi et détruit sur ordre de l’Empereur, qui y voit une trahison politique et littéraire, publié à Londres en 1813 et à Paris en 1814 (aussitôt après la chute de l’Empire), ce livre initie une génération française à l’Allemagne, son esprit et ses mœurs (Ire partie), sa littérature et ses arts (IIe partie), sa philosophie et sa morale (IIIe partie), sa religion et son mysticisme (IVe partie). Il exhale une admiration raisonnée pour la patrie du romantisme, naïve, sentimentale, pour son esthétique idéaliste, toute subjective, où l’imagination créatrice du génie prime les règles et la correction. Il fait l’objet de polémiques aiguës entre les critiques modérés, qui saluent son exceptionnelle documentation, et les classiques patriotes, scandalisés de voir une invasion culturelle suivre l’invasion militaire. Le jeunez poète Alexandre Soumet, futur auteur de la Divine Épopée (1840), poème religieux inspiré de Milton et de Klopstock, renchérit sur les thèses staëliennes dans son combat contre l’idéologie du xviiie siècle, dans son enthousiasme pour une poésie mystique, libérée des règles, nationale, pour une émancipation du génie individuel (les Scrupules littéraires de Mme la baronne de Staël. 1814).