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MODIFICATION (La) de Michel Butor (résumé)

Publié le 12/11/2018

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MODIFICATION (La)

Michel Butor. Roman, 1057.

 

Une description minutieuse et délibérément insignifiante nous présente longuement Léon Delmont. Nous apprenons que cet homme s’apprête à ramener définitivement de Rome sa maîtresse, afin de vivre avec elle à Paris. Mais voici qu’au terme de ce long prologue, dans le train qui le mène de Paris à Rome, le doute s’empare de Léon. Cécile, dont le charme est indissolublement lié à Rome, une fois à Paris ne cessera-t-elle pas d’être le génie des lieux qu’elle a été jusqu’à présent? Petit à petit Léon renonce donc à Cécile, d’une manière que nous sentons définitive et décide que ce sera avec Henriette, sa femme, qu’il reviendra à Rome... Ainsi, l’intrigue se défait avant d’être nouée et tout s’abîme dans une sorte de confusion qui révèle l’inaptitude du héros à organiser le monde et à lui donner un sens: Cécile et Henriette se fondent et se dispersent dans ce hors-temps, hors-espace du voyage, et le héros lui-même, constamment interpellé par une seconde personne du pluriel insolite et impersonnelle, perd ses contours et manifeste ainsi l’effondrement du personnage romanesque en tant que tel.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Le temps d'un voyage Paris-Rome Cadre parisien d'une firme italienne, Léon Delmont prend un jour le train pour Rome, à l'insu de son épouse, avec le projet derejoindre sa jeune et dynamique maîtresse, Cécile, et de lui offrir de venir vivre désormais à Paris avec lui quand il aura rompu avecsa femme Henriette qu'il juge acariâtre et méprisante.

Depuis qu'il a rencontré cette jeune célibataire indépendante, au cours d'un deses nombreux voyages professionnels à Rome, la Ville éternelle symbolise la jeunesse et le bonheur pour le dilettante cultivé qu'il est,alors que la grisaille de Paris est indissolublement liée à l'échec de son mariage.

Durant le pénible trajet qui offre à son regard un balletde voyageurs à qui il attribue des vies imaginaires, il revit en rêve des moments importants de son passé qui l'inquiètentprogressivement sur l'opportunité de sa démarche.

La fatigue du voyage et de l'âge le plonge, la nuit venue, dans des cauchemars quilui révèlent l'irréversibilité de sa vie.

Il comprend que Cécile, détachée du cadre romain, perdra toute sa magie, et il troque son projetinitial contre celui d'écrire le roman de son échec. Une rigoureuse construction littéraire Ce roman complexe et rigoureusement structuré en trois parties de trois chapitres chacune est sans doute la plus lue et la plus lisibledes productions du Nouveau Roman.

Il révèle une maîtrise brillante dans l'utilisation de techniques provocatrices telles que l'implicationimpérative du lecteur par l'utilisation de la deuxième personne (vous), l'éclatement d'une vie en un puzzle exactement reconstituable etsurtout l'imbrication de trois niveaux de réalité vécus par le personnage : le monde matériel du train, les péripéties de sa vie, lessignifications symboliques attachées aux personnages épisodiques, aux objets, aux cauchemars.Les harmoniques en sont si nombreuses qu'on ne peut qu'en relever les points principaux : thème de la femme liée à son encadrementurbain, opposition subjective de deux capitales et surtout obsession de la dégradation imperceptible mais irréversible opérée par letemps, celui d'un jour comme celui d'une vie.

1 • LE CONTEXTE Dans les années 50, sensibles aux critiques de Sartre à l'égard du roman traditionnel — considéré comme paresseusement fidèle à lasimple narration, prétentieusement féru d'engagement idéologique, vaniteusement créateur de personnages et organisateur d'intrigues—, des romanciers, entre autres Michel Butor, conçoivent ce qu'il est convenu d'appeler le Nouveau Roman Désormais le romanciern'est ni un conteur, ni un professeur ou un prophète, ni un dieu omniscient.

C'est un chercheur, qui entend créer des formes nouvelles,s'intéresser non seulement aux êtres, mais aux choses perçues par eux, réussir à plonger dans la fluidité d'une conscience. 2 • LE TEXTE Léon Delmont (« vous ») prend à Paris le train de Rome pour y retrouver sa maîtresse, Cécile.

Il projette de la ramener à Paris et dequitter sa femme, Henriette.

Mais l'anticipation du bonheur le cède peu à peu aux réticences, aux inquiétudes, aux souvenirsdécourageants.

Au terme du voyage, il a changé d'avis : il rentrera à Paris, sans même avoir vu Cécile, et retrouvera Henriette.

Resteà savoir pourquoi : le mieux sera d'écrire un livre...

celui-ci ? 3 • LES THÈMES MAJEURS • Le jeu avec les archétypes romanesquesY a-t-il ici une intrigue ? Oui : le thème traditionnel de l'adultère...

et non : en fin de compte, la modification du projet initial exclut toute« modification » de l'existence antérieure, il ne se passe rien, sinon dans la conscience de Delmont, par qui tout est conçu, perçu, rêvé.Un personnage ? Oui : Delmont a un caractère, c'est un homme posé, complexe, partagé entre le démon de midi et le conformisme...et non : pendant la plus grande partie du voyage, il est agité par des pensées plus qu'il ne pense ; il est mû, plutôt qu'ému, par ce qu'ilvoit.

Un engagement ? Oui : Delmont, se sentant aliéné, sur le plan professionnel en particulier, s'engage dans un doute salubre...

etnon : à part l'abandon de Cécile, aucune décision n'est prise. • Un monde en mouvementLe voyage implique déjà un mouvement du paysage.

Le monologue intérieur est le mouvement d'une conscience.

Les imagesobsédantes de l'eau, matière mouvante, ont pu aussi faire parler d'un « roman vert et bleu ».

Le regard, toujours mieile, permet uneplongée dans les moments du passé, récents ou moins récents. 4 • L'ÉCRITURE • Le vouvoiementLe vous remplace le il ou le je du roman traditionnel.

Ce vous interpelle le personnage à qui l'on (ou qui) raconte son histoire, commesi, pauvre fantoche à demi conscient, il ne la maîtrisait pas, et le lecteur lui-même, qui, invité à s'interroger, se sent visé.

Le je, rare,marque l'approche de la cohérence, de la stabilité. • L'emploi des tempsLe narrateur refuse d'employer le passé simple, temps du récit, d'un monde construit et signifiant.

Seuls subsistent, avec le présent etle futur (qui marquent l'immédiateté et le souvenir), le passé composé, proche du présent, et aussi l'imparfait et le plus-que-parfait,tous temps d'un monde incertain ou frémissant. Une oeuvre métaphoriqueLa métaphore, toujours signifiante, traduit la volonté du narrateur, et sans doute de l'auteur, de jouer avec les mots dans l'attented'effets parfois imprévisibles ; souvent elle renvoie à l'acte d'écrire lui-même, c'est-à-dire à l'obsession d'un personnage-narrateurincapable d'un autre type d'action.. »

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