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MOLIÈRE LES PRÉCIEUSES RIDICULES (analyse détaillée)

Publié le 19/10/2018

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En nous amusant, Molière voulait nous faire réfléchir à des erreurs qu’il tenait pour des sottises. Sa caricature devenait une comédie de mœurs.

 

Quelle en était la leçon ? Et quels étaient exactement les défauts que la pièce attaquait ? Elle dénonce un travers de pensée et un travers de style, une erreur du coeur et une erreur de langage. Les précieuses cherchent le fin du fin dans les sentiments et dans l'expression des sentiments. Elles veulent bien se marier, mais non de la façon commune et bourgeoise, à des jeunes gens que les parents présentent, qu’on agrée et qu’on épouse. Il leur faut des soupirants semblables aux héros de roman, qui sachent «pousser le doux, le tendre et le passionne » et fassent leur cour dans les formes, c’est-à-dire avec patience, humilité, dévotion ; il leur faut des aventures où les amants montrent leur héroïsme et leur constance. Il faut, par surcroît, qu’ils soient beaux esprits, qu’ils sachent tourner le madrigal et l’impromptu et juger les nouveautés littéraires. Enfin, pour parler sentiment ou littérature, elles veulent n’user que du « beau langage » ; il faut traduire des sentiments rares par des termes choisis et des images ingénieuses.

 

Ce sont là les précieuses de Molière. Mais, de quelles précieuses vraies étaient-elles le portrait ? Selon Moliere, ce sont les précieuses ridicules et non toutes les précieuses, ce sont des « pecques provinciales » ; et « les véritables précieuses auraient tort de se piquer lorsqu’on joue les ridicules qui les imitent mal ». Faut-il en croire Molière ?

 

Assurément les vraies précieuses, les précieuses des grands salons parisiens n'ont jamais parlé le langage de Cathos et de Madelon. On peut retrouver la plupart des images, métaphores, habitudes de style raillées par Molière dans des ouvrages de style précieux. Seulement on les trouve dispersées ; ou bien elles sont un amusement et non un langage sérieux ; ou bien elles prennent dans le texte exact un sens que la moquerie de Molière leur a ôté. La conversation de Cathos et de Madelon ne peut donc être que la sottise de provinciales dont le « timbre est fêlé ». Mais ce que pensent Cathos et Madelon de l’amour, du mariage et du bel esprit, d’excellentes précieuses l’ont proclamé très exactement. Non pas les premières précieuses, celles de l’Hôtel de Rambouillet (bien que Mme de Rambouillet, sa fille ou ses amies aient parfois parlé du sentiment comme les provinciales de Molière) ; Mme de Rambouillet s’était à peu près retirée du monde, et elle restera en bons termes avec Molière. Mais il

Les Précieuses ridicules sont une farce. — Quand Molière fit jouer les Précieuses ridicules, il n’avait encore écrit que des pièces d'intrigue (le Dépit amoureux, l'Étourdi) et des farces. Son premier succès à Paris, celui qui fit de lui non plus un acteur, excommunié et méprisable, mais un auteur célèbre, fut une farce. Une romancière du temps. Mlle Desjardins, nous en a laissé une analyse qui s’intitule : le Récit de la Farce des Précieuses. Et presque tous les caractères de la farce subsistaient dans la piece. Il y a des plaisanteries divertissantes, mais qui ne sont que la grosse gaieté traditionnelle des farces. Gor-gibus se plaint que ses nièces aient usé, pour leurs onguents, \"le lard d’une douzaine de cochons\" et maudit les \"sonnets et sonnettes\". Mascarille ne paie ses porteurs que sous menace de coups de bâton ; Jodelet fait tâter ses blessures et Mascarille, pour les montrer, porte la main à son haut-de-chausse. Il y avait surtout, pour les contemporains, les personnages conventionnels de la farce : Mascarille et Jodelet sont les noms et les costumes de tradition ; il est probable que Jodelet arrivait avec le visage enfariné et Mascarille (qui était Molière) avec le masque. Ils portaient, d'ailleurs, des vêtements qui, par l’ampleur des rubans, petite oie, canons ou perruque, étaient des facéties de carnaval. C'est donc par une farce de génie que Molière est entré dans la gloire. Il ne reniera jamais ses dons de farceur et la jovialité des bouffonneries populaires

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