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PHÈDRE de Racine (analyse)

Publié le 20/10/2018

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racine
c’est Euripide qui a peint le premier l’accablement physique, le voile et la coiffure trop pesants, les vœux détruits aussitôt que formés, l’appel pathétique à la vie paisible dans une prairie ombreuse ou à l'énergie joyeuse qui dompte les chevaux, puis la honte qui brusquement remonte et accable, la supplication de la nourrice et l’aveu soudain de l’amour criminel. C'est Euripide qui a évoqué le premier les tentatives désespérées de Phèdre pour chasser la pensée d’Hippolyte, pour apaiser les dieux irrités (II, v), la conscience que garde Phèdre de sa honte dans ses pires erreurs (III, iii). C’est Sénèque qui inspire maints détails et surtout les ruses qui mènent Phèdre à l’aveu (II, v) :
 
Oui, prince, je languis, je brûle pour Thésée.
 
Je l'aime, non point tel que l’ont vu les Enfers,
« Phèdre », tragédie antique. — Il n’y a pas de pièce plus moderne que Phèdre. Il n’y en a pas en même temps de plus antique. Le sujet a été, dans l’ensemble et dans les détails, presque entièrement emprunté à Euripide et à Sénèque.
Analyse. — Acte Ier. — Hippolyte avoue à son gouverneur qu’après avoir méprisé les femmes et l'amour, il s'est épris de la princesse Aricie. Au moment où il quitte la scène arrive Phèdre mourante. Pressée par sa nourrice Œnone d'avouer les causes de son mal, elle hésite et finit par révéler qu'elle aime Hippolyte, fils de son mari Thésée. Elle a tout fait pour tenter de l'oublier ; elle l'a persécuté pour l’éloigner de Trézène et d'elle, mais en vain. A ce moment, on vient lui annoncer la mort de Thésée, parti, dit-on, pour arracher Pirithoüs aux enfers.
Acte II. — Aricie avoue à sa confidente Ismène qu'elle aime Hippolyte. Hippolyte vient lui annoncer qu'il est prêt, puisque Thésée est mort, à la laisser régner sur Athènes et il avoue son amour. A ce moment, survient Phèdre qui supplie Hippolyte de ne pas persécuter le fils qu’elle a eu de Thésée. Poussée par sa passion, elle en arrive peu à pe« à lui déclarer qu'elle l'aime et que, d'ailleurs, elle va se tuer avec l’épée qu'elle lui arrache.
ACtE III. — Phèdre espère toujours toucher Hippolyte, mais on vient lui annoncer que Thésée n'est pas mort et revient. Horreur et épouvante de Phèdre. Œnone, pour prévenir la colère de Thésée, décide d'accuser Hippolyte d'avoir voulu faire violence à sa belle-mère. Phèdre la laisse faire.
Pour les contemporains de Racine, pas de doute. La pièce est émouvante parce qu’elle est le tableau d’une âme abandonnée aux passions et qui n’a pas pour triompher le secours de la grâce divine. Boileau plaignait dans Phèdre, « malgré soi perfide, incestueuse », une âme dont Dieu s’est détourné ; c’est lui qui porta la pièce à Arnault, et Arnault jugea que la peinture était bonne : « Il n’y a rien à reprendre au caractère de Phèdre, puisque, par ce caractère, il nous donne cette grande leçon que lorsqu’en punition de fautes précédentes, Dieu nous abandonne à nous-mêmes et à la perversité de notre cœur, il n’est point d’excès où nous ne puissions nous porter, même en les détestant. » Ce n’est pas « une fois, mais trente » que Voltaire a entendu « tenir ces propos », Enfin, c’est « l’affirmation même de Racine dans sa préface. « Ce crime est plutôt une punition des dieux qu’un mouvement de sa volonté» et les passions ne sont peintes « que pour montrer tout le désordre dont elles sont causes ».
 
Sans doute, la préface a été publiée deux mois et demi après la première représentation. La cabale qui disputa à Racine son succès, et qui fut acharnée, a pu précipiter une conversion qui le détachait du théâtre et du monde et le ramenait au bercail janséniste. Mais si Racine n’était pas tout à fait janséniste en composant Phèdre, il était assurément chrétien. Il est donc inutile de se demander si Phèdre est une pièce sur la grâce janséniste, car elle est, pour le moins, une pièce sur la grâce chrétienne. Pour tout chrétien, Dieu, en punition de fautes précédentes, pouvait nous abandonner à la perversité de notre âme et nous laisser rouler de crime en crime, même si nous les détestions. Sur ce point, jansénistes et non jansénistes ne différaient que s’il fallait mesurer la sévérité de Dieu ou ses indulgences. 


racine

« A.NAT,VSF.

DE L'« HIPPO LYTE • D 'EURlPIDK.

-Hippolyte s'est voué att culte d'Artémis, déesse d; la dmstdé.

Niais Aphrodite, déesse ds l'amour, veut l'en punir.

C'est ctle qrti inspire à Ph�drc une pass i on mor tette pour son beau-fi.ls.

Pour la sauver, la twurrice va révéler cet amour .Z Hippolyte.

Indignation d'Hippolyte.

Désespoir de Phèdre qui sc tue.

Thésu arrive et sc lamente ; mais il trotwe dans les mains de Phèdre des tablettes qui accnsent Hippotyte de l'avoir violenté e.

Colère de Thés ée qui demande à Neptune de faire pêri'l' Hippolyte.

On atmonce qu'il est tombé de son char ; on l' amè11c moura ttt.

Artémis parait dans les aù•s, rév�le l'innocence du feune homme et le console pet�dant qu'il meurt.

On voit les différences profondes.

Ce n'est pas Phèdre qui révèle à Hippolyte son amour.

Elle se tue avant que l'accusation calomnieuse ne fasse périr Hippolyte.

Surtout l'œuvre d'Enri· pide est la pièce d'Hip{'olyte et non de Phèdre.

C'est une tra· gédie moins de la passwn que de la chasteté.

Hippolyte s'est voué à un culte élevé au-dessus des médiocres passions humaines.

Point d'Aricie pour convertir à l'amour le chasseur et le dompteur de chevaux et le prêtre d'Artémis.

Hippolyte est puni d'ailleurs parce qu'il a méconnu cette juste mesure qui était, pourunepart, la moraledes Grecs ; il s'est rendu coupable d'orgueil, d'ilf3ptt;.

La pièce est une sorte de conflit curieux entre cette morale antique de l'Gf3ptc; et ce paganisme épuré qui conduit à la religion des mystères.

Seulement, presque tout ce qui n'est pas dans Euripide a été fourni à Racine par Sénèque.

Hippolyte y est encore une sorte de figure symbolique de la vie chaste et libre.

Mais c'est Phèdre qui se déclare à Hippolyte.

Hippolyte tire son épée pour la tuer, puis la jette à ses pieds.

Phèdre s'en sert pour accuser Hippo lyte d'avoir voulu la violenter.

C'est elle encore qui, après la mort d'Hippolyte, viendra avouer qu'il est inno­ cent, et se tuera.

Ains1 l'invention de Racine se borne : à l'amour d'Hi ppolyte et d'Aricie ; au personnage de la nourrice qui accuse Hippolyte, Phèdre n'étant que comp l ice ; à la fa me use nouvelle de la mort de Thésée qui rend moins odieuse la déclaration de Phèdre, et à quelques détails.

Hipp oly te ne songe plus, par exemple, à tuer sa belle-mère ; c'est Phèd re qui arrache l'épée pour se tuer.

Euripide et quelques autres ont suggéré à Rac ine, avec l'action de sa pièce, l'âme même de son héroïne.

Beaucoup des accents les plus émouvants de Phèdre sont des souvenirs de ses modèles.

Toute la grande scène de l'acte Jer, où Phèdre trahit l'égarement de son âme, suit presque pas à pas Euripide ;. »

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