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Phèdre, Racine (résumé & analyse)

Publié le 28/11/2018

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Phèdre
 
L’éclatant succès de la dernière tragédie profane de Racine, en dépit de la cabale des Mancini et après tant de tragédies consacrées au même sujet, mais également la richesse de sa postérité, de Manon au Saül de Gide, ont fait de cette œuvre une sorte de monument tragique exemplaire. En l’écrivant, Racine s’inspirait certes de l'Hippolyte porte-couronne d’Euripide; mais il se souvenait aussi de Sénèque, où l’héroïne déclarait directement son amour à son beau-fils. Il connaissait enfin les Hippolyte de Robert Garnier (1573), de Gilbert (1645) et de Bidar (1675), ainsi que la Mort de Chrispe de Tristan l’Hermite (1644), qui avait transposé le sujet dans une œuvre à prétexte historique. Racine a tout à la fois redonné à son sujet sa violence primitive, en présentant Phèdre comme épouse de Thésée et non comme sa fiancée, et ajouté une dimension de tendresse au modèle euripidéen par l’introduction du personnage d’Aricie, dont l’idée lui avait été fournie par un passage du livre VII de l'Enéide.
 
Synopsis. — Sans nouvelles de son père Thésée. Hippolyte s'apprête à quitter Trézène pour aller à sa recherche, et aussi pour fuir la jeune Aricie. seule survivante des Pal-lantides, brarche de la famille de Thésée que le roi d'Athènes a fait massacrer. Phèdre, épouse de Thésée, avoue à Œnone, sa nourrice, son amour pour Hippolyte son beau-fils. On apprend alors la mort de Thésée, demeuré aux Enfers, où il était allé, avec son ami Pirithoüs, disputer son épouse à Neptune. Phèdre pourrait s'allier avec Hippolyte, héritier de Trézène, pour conserver Athènes à son fils contre les possibles prétentions d'Aricie (acte I). Aricie a
 
répondu en secret à l'amour d'Hippolyte. Ce prince, de son côté, songe à lui offrir l'Attique, à exiler Phèdre et son fils en Crète et à ne garder pour lui que Trézène. Phèdre, en voulant ne parler à Hippolyte qu'en faveur de son fils, lui avoue son amour. On apprend cependant qu'Athènes s’est prononcée en faveur de ce fils (acte II). On annonce le retour de Thésée. Il paraît lui-même, étant parvenu à s'échapper, non des Enfers, mais des prisons du roi d'Épire. Le trouble de Phèdre et celui d'Hippolyte à son abord, l'« offense » mystérieuse évoquée par l'un et l'autre éveillent en lui une douloureuse curiosité (acte III).


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« RACINE : Phèdre (Résumé et analyse) 1.

L'oeuvre et l'auteur dans leurs contextes Depuis l'étude de R.

Picard sur La Carrière de Racine, on comprend de mieux en mieux l'importance de la trajectoirelittéraire et de la trajectoire sociale de Racine comme conditions déterminant sa production théâtrale. 1.

Le théâtre comme « art moyen » classiqueContrairement à une idée largement répandue, le théâtre, y compris tragique, n'est pas le genre le plus noble dansla poétique de l'époque dite « classique ».

Dans l'ordre théorique de dignité, la poésie héroïque et surtout épiqueétait considérée comme supérieure.

Mais le théâtre était le genre où se réalisaient les plus larges succès : latragédie est une forme alors en voie de consécration.

D'où la position de Racine : il respecte les règles, mais sansles fétichiser, et se préoccupe des effets à produire sur son public ; il propose une pièce à l'esthétique « ouverte »,susceptible de plaire au public mondain de l'époque, sans en faire un acte militant pour telle ou telle doctrineesthétique ou religieuse.

D'où, aussi, la distance qu'il prend à l'égard de l'écriture dramatique lorsque, au lendemainde Phèdre, il accède à des dignités plus élevées que celle de dramaturge.Le théâtre des années 1670 fait une large place au spectaculaire, à l'analyse psychologique, et enfin aux effets delangage.

La tragédie supposant un spectacle assez sobre, c'est sur le travail du langage que porte l'effort principalde Racine.

Le public cultivé de l'époque était assez familier de la mythologie grecque, mais sans en avoir uneconnaissance précise et savante : les abondantes références à la « fable » antique que contient Phèdre offrentainsi des évocations qui créent une « aura » poétique et des événements et rendent possible la mise en imagesmythiques d'un drame passionnel qui, par lui-même, est somme toute assez conventionnel. 2.

Être et paraîtreLe contexte social de la création de Phèdre est celui de la pleine puissance du régime louis-quatorzien.

La Cour n'apas encore pris le pli des rituels de Versailles (elle ne s'y installe à demeure que six ans plus tard), mais elle a déjàadopté un mode de fonctionnement contraignant.

Le « paraître » y est devenu aussi important que l'« être ».

Onpeut se reporter à l'ouvrage classique de P.

Bénichou, Morales du Grand Siècle, pour situer ce contexte moral.L'idéal social de l'honnête homme, comme celui du courtisan, le porte à se défier des mouvements passionnels quiperturbent l'ordre établi.

Plutôt que des échos autobiographiques, Phèdre contient des effets de cette « ambiance »morale. 2.

L'oeuvre : architecture, mouvements, personnages Structure et mouvement Si la structure d'ensemble de Phèdre est simple, obéit aux principes d'unité, et produit un effet général de symétrie,la donnée esthétique fondamentale est dans le mouvement de la pièce, qui suscite et oriente l'émotion, et quifonde, donc, la' possibilité de catharsis.

A cet égard, il faut souligner que cette tragédie s'ordonne selon uncrescendo régulier et ininterrompu.

Alors que nombre d'autres tragédies de l'époque ménagent des moments demoindre tension, durant lesquels une issue sans tragique semble possible au spectateur, celle-ci ne contient pas detemps de répit.

Les effets d'ironie tragique jouent ici à plein.

Les deux duos amoureux d'Hippolyte et Aricie (II, 2 etV, 1) envisagent un avenir plus heureux ; mais lorsqu'ils se déroulent, la machine infernale est déjà en marche :Phèdre a révélé sa passion (I, 3), puis a laissé Thésée condamner Hippolyte (acte IV).

La tension tragique est doncparticulièrement forte : c'est une des recherches esthétiques par lesquelles Racine s'est distingué et imposé commeun maître du genre tragique. Les personnages Le personnage de Phèdre a fasciné beaucoup de lecteurs, d'interprètes féminines et de critiques.

Il est trop souventenvisagé comme une personne autonome : le défaut de l'« illusion réaliste », si fréquent dans la lecture littéraire,devient particulièrement grave dans son cas.

Il est donc préférable d'orienter une lecture critique vers la perceptiondes personnages comme éléments textuels et constructions esthétiques.On peut noter que les effets de symétrie et de contraste sont sensibles dans la répartition des personnages :l'amoureuse passionnée mais lucide (Aricie) correspond et s'oppose à l'amoureuse « furieuse » (Phèdre), le « bon »confident (Théramène) à la mauvaise confidente (OEnone), enfin et surtout le héros jeune et pur (Hippolyte) auhéros vieillissant et ambigu (Thésée).

Aussi, les personnages apparaissent bien comme les moyens d'un jeu deforces.La distribution actancielle des protagonistes est simple.

Plus complexe est la répartition des forces extra-humaines.Phèdre apparaît comme une tragédie de l'hérédité : les « fureurs » de Pasiphaé se prolongent dans celles de Phèdre,. »

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