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PROPERCE : Elégies

Publié le 27/03/2013

Extrait du document

Les deux thèmes fondamentaux de l'élégie romaine sont ceux de la paix et de l'amour, joints à l'exécration de l'ambition et du luxe, dénoncés comme causes de conflits et de guerre. « Paupertas « (refus de la richesse), « inertia « (refus de l'engagement politique et militaire),« infamia «(refus de la gloire et des honneurs) sont les mots clés du discours élégiaque. La grande affaire des élégiaques, c'est l'amour. Tout dans la vie doit lui être subordonné. Le succès mondain du premier livre de ses Élégies attira sur Properce (47-14 av. J.-C.) l'attention du cercle de Mécène: là, il se lia avec son cadet Ovide et connut Virgile.

« « Tu condamnes des pleurs qui montrent ma tristesse, I Quand on vient me ravir ma charmante maîtresse.

» ~ ----- -- EXTRAITS Prop erce, malgré le s ex hortation s de Mécène , ne désire pas se lancer dans la grande po és ie Mécène, toi qui es du sang royal d' Étrurie et simple chevalier, tu n'as qu'un désir, borner ta fortune : pourquoi donc veux-tu lancer ma Muse sur le vaste Océan ? Les larges voiles ne vont pas à mon esquif.

C'est une honte quand on ne peut le por­ ter de se mettre un fardeau sur la tête , puis , ployant sous le faix, de fléchir le genou et de tourner le dos.

Properce, « poète de l'amour », révère la pai x; il n'est tenté ni par les riches se s ni par le s combats L'Amour est un dieu de paix; amants, nous révérons la paix ; moi je soutiens contre ma maîtresse de durs combats.

Et pourtant mon cœur n'est point en proie à /'amour de l'or : je le hais ; ma soif ne s' étanche pas au creux d'une pierre précieuse ; je n'ai pas mille couples de bœufs en train de labourer la grasse Campanie ; je suis pauvre et ne profite pas de ta ruine, ô Corinthe, pour avoir de tes bronzes .

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) Tu n'emporteras rien de tes richesses sur les bords de l' Achéron ; tu seras nu, insensé, pour monter sur la barque infernale.

Vainqueurs et vaincus pareillement seront mêlés chez les ombres ; Marius et Jugurtha, consul et captif, je vous vois assis côte à côte.

Crésus de Lydie et /rus de Dulichium sont non loin l'un del' autre.

La meilleure des morts est celle qui vient au jour fixé par le Destin.

Properce apostrophe Gallu s qui tente de séduire Cynthie Jaloux que tu es.fais taire enfin tes pro­ pos importuns et laisse-nous continuer notre course ensemble.

Que veux-tu donc, insensé ? ressentir les mêmes fureurs que moi ? Infortuné, il te tarde de connaître les pires des maux ; malheureux, tu veux por­ ter tes pas dans des feux inconnus et boire tous les poisons de la Thessalie .

Non, elle ne ressemble pas à ces filles volages aux­ quelles on la compare : elle n' est pas tendre, quand on l'irrite .

Et , si par hasard elle ne repousse pas tes vœux , que d'en­ nuis , que de soucis pour toi ! tu y perdras ton sommeil , tu y perdras tes yeux : elle est unique pour enchaîner les cœurs rebelles.

Ah ! que de fois essuyant ses mépris tu t ' en viendras courant à ma porte : dans un sanglot t'échapperont des paroles de rage ;frissonnant et tremblant , les larmes dans les yeux et le deuil dans le cœur , la peur te marquera au front de son trait hi­ deux ; quand tu voudras te plaindre, les mots te fuiront et tu ne sauras plus ni qui tu es ni où tu es, malheureux! Texte établi et traduit par D .

Paganelli «Mâ nes d e Ca llimaq ue, ombr e de Phil étas, I Souffre~ que so us vos b ois je d irig e mes pas.

" NOTES DE L'ÉDITEUR « Sainte-Beuve, maître en toute chose et qui connaissait si bien les poètes latins, a dit de Properce qu'il est" le plus généreux des élégiaques" .

L'éloge est heureusement choisi ; il y a chez Properce de la grandeur dans les sentiments, une abondance d'idées et une variété d'inspiration, une énergie et une gravité qu'on n'est pas accoutumé de trouver dans les œuvres des poètes de l'amour.

A vrai dire, Properce a contre lui deux défauts qui nuisent à la pensée et au sentiment plus qu'à leur expression: cœur et esprit ne vont pas chez lui de pair ; ils ne battent pas à l'unisson ; de là une contradiction et un contraste, où le poète trouve aisément son compte mais qui fait que l'homme, l'amant , paraît manquer de spontanéité et d'ardeur .

Tandis que le cœur est faible et fébrile, l'esprit se montre vigoureux et calme ; on assiste presque à un dédoublement de l'individu et il semble que des deux personnages l'un regarde l'autre vivre ; il le juge, le critique et le paralyse.

Puis -et c'est le second défaut -Properce est un poète qui ignore ou dédaigne l'art des transitions: l'idée est donnée comme elle est vue, d'un trait, jusqu'au fond; elle se développe ensuite avec peine et de retouches en retouches elle perd de sa clarté jusqu'à devenir obscure.( ...

) L'intelligence du texte n'en est pas facilitée et la sincérité, la profondeur de la passion peuvent en être suspectées.

» Frédéric Plessis, La Poésie latine, Klincksieck, Paris, 1909.

1 portrait 2, 3, 4 dessins de Besnier gravés par Méaulle, Quantin, Paris, 1885 PR OPE R CE02. »

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