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RABELAIS: Gargantua (Fiche de lecture)

Publié le 20/11/2010

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«Alors, dit Gargantua, pour commencer, il ne faudra pas construire de murailles alentour, car toutes les autres abbayes sont sauvagement murées. [...] Et parce que dans tous les couvents de ce monde, tout est figé, limité et réglé par des horaires, on décréta qu'il n'y aurait là ni horloge ni cadran, mais toutes les occupations seraient distribuées au gré des occasions et des circonstances. Gargantua disait que la plus sûre perte de temps qu'il connût c'était de compter les heures (qu'en retire-t-on de bon ?) et que la plus grande sottise du monde c'était de se gouverner au son d'une cloche et non selon les règles du bon sens et de l'intelligence.«
(Ch. 52)

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« grammaire latine et de morale sont lus pendant «treize ans, six mois et deux semaines», d'autres traités demandent «dix-huit ans et onze mois» ! L'écritoire et le bréviaire sont symboliquement d'un poids insupportable, même pour un géant: «Il portait habituellementune grosse écritoire, pesant plus de sept mille quintaux, dont l'étui était aussi grand et gros que les piliersde Saint-Martin d'Ainay ; l'encrier qui jaugeait un tonneau y était pendu par de grosses chaînes de fer.» (Ch.

14) «Après avoir déjeuné bien comme il faut, il allait à l'église et on lui apportait dans un grand panierun gros bréviaire emmitouflé, pesant tant en graisse qu'en fermoirs et parchemins, onze quintaux sixlivres, à peu de chose près.» (Ch.

21) Gargantua sort de cette éducation fastidieuse l'esprit confus et le corps appesanti.

L'enseignement humanistede Ponocrates remet de l'ordre dans ce temps sans règle et sans horaire, mais il est lui-même caricaturé, tantsa volonté encyclopédique paraît ambitieuse à l'excès : Gargantua se réveille à quatre heures du matin ; plusde loisir, il faut «consacrer au contraire tout son temps aux lettres et aux études libérales» (ch.

23).

Savolonté de cohérence va aussi trop loin, jusqu'à l'absurdité, comme la lecture des pages «les plus obscures etdifficiles des Ecritures quand Gargantua se trouve «aux lieux secrets» pour «excréter le produit des digestionsnaturelles» (ch.

23). Mais la nouveauté de cet enseignement tient surtout à la place réservée à l'exercice physique.

Du temps deses anciens précepteurs, Gargantua ne faisait que se vautrer sur son lit: désormais, il apprend l'art équestreavec l'écuyer Gymnaste, va à la chasse, s'exerce à la lutte, manie toutes les armes, fait de la natation.

Làencore, l'exagération est de mise : «Il nageait en eau profonde, à l'endroit, à l'envers, sur le côté, de tous les membres, ou seulement despieds ; avec une main en l'air, portant un livre, il traversait toute la Seine sans le mouiller, en traînant sonmanteau avec les dents comme faisait Jules César.» (Ch.

23) Si la méthode est nouvelle, la finalité de cet enseignement reste cependant marquée par l'héritage féodal : il s'agitde former un bon chevalier, habile au combat, et non pas seulement un prince humaniste enfermé dans sabibliothèque.

L'éducation de Ponocrates fait donc la synthèse entre plusieurs traditions, la tradition humaniste quirend lettré et savant, la tradition médiévale qui réalise l'apprentissage du chevalier, sans éviter les exagérations del'une ni de l'autre. LE TEMPS DU DÉPART Gargantua quitte la maison paternelle pour étudier à Paris (ch.

15).11 traverse la Beauce avec sa jumentgigantesque qui, à force de secouer sa queue pour chasser les mouches, abat tous les arbres de la forêt (ch.16).

À son arrivée dans la capitale, Gargantua paie sa bienvenue aux Parisiens en les inondant de son urine eten s'emparant des cloches de Notre-Dame pour les suspendre au cou de sa jument (ch.

17).

Envoyé au devantdu géant pour le convaincre de restituer les cloches, Janotus de Bragmardo, théologien, prononce uneharangue qui parodie les raisonnements des théologiens de la Sorbonne dans un latin de cuisine où il estquestion de «cloche clochable clochant dans un clocher» (ch.

18-20).

Les compagnons de Gargantuas'esclaffent et les cloches sont rendues, comme Gargantua avait l'intention de le faire avant même laharangue. 4. LA GUERRE PICROCHOLINE La guerre, qui alterne avec des banquets «pantagruéliques», occupe une grande partie du roman, du chapitre25 au chapitre 51.

Un incident mineur, une querelle entre des fabricants de fouace (sorte de brioche) et desbergers, s'embrase et dégénère (ch.

25).

Pour venger ses fouaciers, le roi Picrochole envahit et saccage leterritoire de Grandgousier (ch.

26).

À cette occasion s'illustre le moine Frère Jean des Entommeures.

Celui-ciorganise une résistance farouche contre l'envahisseur qui s'approche de l'abbaye de Seuillé, car il préfère laviolence du combat à la prière inactive (ch.

27) : «Aux uns, il écrabouillait la cervelle, à d'autres, il brisait bras et jambes, à d'autres, il démettait les vertèbresdu cou, à d'autres, il disloquait les reins, effondrait le nez, pochait les yeux, fendait les mâchoires, enfonçaitles dents dans la gueule, défonçait les omoplates, meurtrissait les jambes, déboîtait les fémurs, émiettait les osdes membres.» (Ch.

27) Cette guerre se fait l'écho des réflexions politiques du XVIe siècle sur le bon souverain, liées à la rivalité entreles deux plus grands souverains de l'époque, François I er et Charles Quint, pour la domination de l'Europe.

Trois types de souverains occupent en effet le devant de la scène dans la guerre picrocholine. 5.. »

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