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Ravage de Barjavel

Publié le 31/03/2013

Extrait du document

Depuis Ravage, publié en 1943, Barjavel a écrit une vingtai ne de li vres. La Nuit des temps, Les Chemins de Katmandou, Tarendol, Les Dames à la licorne sont les plus connus de ses ouvrages. L'auteur a également collaboré aux dialogues d' une vingtaine de films, dont la célèbre série des Don Camillo.

« «Rescapés de l'enfer et du mal noir, la plupart nu s, tous squelettique s, à bout de force s, demi­ cadavres dans l 'attente de la mort.

» ~------- EXTRAITS Le progrès, qui permet de « voir la mort d'un œil plus doux ...

» Les progrès de la tec hnique avaient permis d'abandonner cette affreuse coutume qui consistait à enterrer les morts et à les aban­ donner à la pourriture.

Tout appartement confortable comprenait, outre la salle de bains, l'as­ similateur d'ordures, le chauffage urbain, les tapis absorbants, les plafonds lu­ mineux, et les murs inso­ nores , une pièce qu'on appelait le Conservatoire.

Elle était constituée par de doubles parois de verre entre lesquelles le vide avait été fait.

A l'intérieur de cette pièce régnait un froid de trente degrés.

Les fa­ milles y conservaient leurs morts , revêtus de leurs ha­ bits préférés , installés , de­ bout ou assi~ , dans des attitudes familières que le froid perpétuait.

Mais la nature reprend le dessus et fait mourir les morts ...

Malgré les doubles parois et le vide, le froid accumulé avait, petit à petit , quitté les chambres des ancêtres et abandonné à leur sort de pourritur e les morts, trésors des fa­ milles.

Leurs yeux avaient perdu leur brillant de glace; sur les globes troubles, les paupières clignaient de trav ers ; la peau des visages mollissait; les doi gts tendu s se refermaient.

L es articulation s profondes furent plus longues à jouer.

Réve illée à l'a ube par un bruit sinistre, une bourgeoise épouvantée cherchait vainement, dans le petit jour; la silhouette de grand-père qui se tenait depuis vingt ans debout près du piano , une tasse dans la main , un biscuit entre le pouce et l'index.

Elle le découvrait tombé sur son derrière près du tabouret, la tête pendante et les bras tordus.

La broderie quittait les mains flasques de grand-mère, qui se tassait dans son fauteuil, ouvrait une bouche noire.

L'épouvante s'empare des esprits Une multitude fuyait dans les rues, hurlait, fu yait vers le nord, fuyait devant l'enfer.

Il n'y avait plus de respect, plus d'amour; plus de famille.

Chacun courait pour sa peau.

Les boutiquiers avaient laissé l'argent dans les tiroirs , les mères abandonnaient les bébés dans les berceaux.

Tous ceux qui pou­ vaient courir couraient sous le vent qui ap­ portait des fumées et des odeurs de rôti.

Et des incendies s'allumaient partout.

Les fuyards avaient beau courir; se crever le cœ ur et les poumons , ils voyaient tout à coup, au-dessus de leurs têtes, dans une tor­ nade de fumée noire, passer une immense lueur rouge.

Elle les at­ tendait au carrefour.

Ils cherchaient des voies détournées, se heur­ taient partout au mur defeu, reculaient , cher­ chaient ailleurs, hur­ laient à Dieu.

Éditions Denoël, 1943 « Sa barbe et ses cheveux bouclés mettent une lumière d'or autour de son visage.

» NOTES DE L'ÉDITEUR A l'instar de La Nuit des temps , publiée en 1968, Ra vage est bâti en diorama sur trois plans : science-fictio n, histoire d'amour, conte philosophique , et « suscite autant d'interprétations que de lecteurs.

Chacun y découvre, fondamentale, essentielle , aussi bien son angoisse profonde que sa raison d 'exister.

On peut en discuter à l'infini, avec n'importe qui, n'importe quand: toutes les interprétations sont différentes .

» J.

Barde , «Plébiscite pour Barjavel »,Les Nouvelles littéraires n° 2164 , 13 mars 1969.

« Barjavel propose toujours une vision discontinue de l'histoire : alternance d'apocalypses et de genèses brisant la continuité du " gran d fleuve de la création", civili sations dispara issant sous les cendres d ' un incendie grandiose (Ravage), ou bien s'e nglo uti ssant au fond des mers (La Nuit des temps), tandis qu'une poignée de rescapés garde en main le flambeau de la vie et invente un monde nouveau .

» Dictionnaire des littératures de langu e fran çaise, Borda s, 1984 .

Ravag e, publié en 1943, inaugure la grande vogue de science -fiction en France .

Barjavel, héritier de Jule s Verne ? San s aucun doute.

«J'ai baigné ma sensibilité, mon imagination , mes désirs, tout mon mécanisme mental naissant dans les eaux de Jules Verne , et j'en suis sorti avec des ailes ...

» René Barjavel, « Sans lui notre siècle serait stupide »,Les Nouvelles littérair es n° 2012, 24 mars 1966.

1 Lapi-Violl et 2.

3, 4.

5 grav.

de Fernand Van Hamm.

L'Amba ssade du livre.

Pau.

1962 / B.N.

BARJAV EL 02. »

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