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Théophile Gautier : Le Roman de la momie

Publié le 09/09/2014

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La Beauté résulte en fait de la superposition de ces deux perfections, idéales et complémentaires : « Ra'hel était l'idéal isradite comme Tahoser était l'idéal égyptien « (p. 192).

La beauté masculine, elle, de la même manière, oppose deux hommes de types très différents, tant sur le plan physique que sur le plan moral : Pharaon est beau, de la beauté virile, froide, impassible et sculpturale des rois d'essence divine (il est ainsi qualifié de « demi-dieu «, p. 119) : il emprunte en fait l'essentiel de ses traits à Ramsès II... Au contraire, la beauté de Poêri, au regard vague empreint de douceur nonchalante, offre tous les charmes d'une féminité discrète.

Sur le plan romanesque, l'idéal esthétique jaillit donc de la rencontre éphémère des contraires, de leurs combinaisons et de leurs oppositions, qui alimentent la narration.

PLAN 2 — « LÀ TOUT N'EST QU'ORDRE ET BEAUTÉ, LUXE, CALME ET VOLUPTÉ «

Les Fleurs du mal ou Le Roman de la momie, les mêmes « fleurs maladives « invitent au même voyage. Dans le roman de Gautier, la description fixe le décor en magnifiant la splen­deur orientale avec le même désir de ressusciter un paradis perdu.

L'idéal esthétique de Gautier recoupe bien tout d'abord (cf plan 1) l'imagination charnelle dont Baudelaire se fait le chantre dans Les Fleurs du mal

Cependant, c'est l'atmosphère qui, avant tout, affirme la vocation du texte à célébrer la volupté. Le style même s'en fait l'écho, en insistant sur le luxe régnant à Thèbes, magnifié par de longues phrases ciselées, chargées d'adjectifs. Les circonvo­lutions de la phrase restituent la richesse de la civilisation égyptienne, bien marquée notamment lors de la description

du mobilier, pp. 86-87 : matières précieuses, couleurs chaudes et nobles, formes controuvées déterminent bien la forme même de la phrase.

Ce luxe chargé des marques de la souveraineté et de la puissance, transmis par l'ampleur et la.majesté du style, confine enfin au calme voluptueux par l'appel aux sens ; Gautier compose un monde lascif et enivrant, où le temps s'écoule au ralenti, où les danses gracieuses des esclaves nues et les vins lourds enchantent l'esprit et la chair : qu'on se reporte notam­ment à la fin du chapitre V, lorsque Tahoser exaltée se sent envahie par la sensualité et le désir nés de la rencontre de Poëri.

Ainsi, Gautier noue l'intrigue de façon à faire de son récit l'affirmation d'un itinéraire sensuel, mais éphémère et voué à l'échec, comme si la perfection marmoréenne de l'oeuvre était seule à même d'en fixer l'accomplissement.

PLAN 3 — DES AMOURS CONTRARIÉES

Ainsi, l'essor d'une passion démesurée, romantique par essence, contribue à ériger l'amour en objet inaccessible et, dans une certaine mesure, en un leurre soumis à des lois mys­térieuses et inexplicables.

Au cours du prologue, Lord Evendale, captivé par la « belle morte «, rétrospectivement amoureux de Tahoser, n'est-il pas avant tout amoureux de l'amour, à la manière du héros d' Arria Marcella (cf pp. 78 et 250) ?

Pharaon, lui, adulé et vénéré par les plus belles femmes de l'Égypte, aime Tahoser qui repousse ses avances, fuit sa puissance supra-humaine et n'accepte de l'épouser que par la force.

Tahoser pour sa part a connu le désir par la rencontre de Poëri, mais celui-ci s'est voué à une jeune fille appartenant comme lui à la race élue (cf chap. VIII, le désespoir d'amour de Tahoser, et chap. IX, la découverte des amours clandestines de Poëri).

Poëri et Ra'hel, enfin, s'aiment d'un amour profond et

sincère, mais leur union vouée à la clandestinité et à l'échec paraît sans issue.

 

À la manière des tragédies de Racine, le récit dispose les personnages principaux en fonction de leurs sentiments ambigus et douloureux, qui les déchirent d'autant plus pro­fondément qu'ils seraient censés les unir.

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« révèle une quête de l'éternité et confère ses fondements à la fiction.

"L'Égypte ne peut rien faire que dëternel » (p.

46).

EXPLORATION 1.

Cette première approche doit permettre de sensibiliser les élèves au thème du voyage, inscrit dans la tradition littéraire depuis la Renaissance.

On pourra notamment évoquer l'exemple de Du Bellay et de Montaigne avec l'Italie, et réper­ torier les principales destinations qui attirent les écrivains, ces lieux d'élection chargés d'histoire : - l'Italie : Rome et ses antiquités, les ruines de Pompéi (cf Gautier : Arria Marcella 1 , etc.) ; - la Grèce, avec !'Acropole d'Athènes, le théâtre de Delphes et les ruines d'Épidaure ; - l'Égypte, marquée par l'importance de son fleuve nour­ ricier et de ses mystérieuses pyramides, dont la dimension historique a été ravivée lors des campagnes de Napoléon.

Bref, autant de « fragments d'éternité» empreints d'exotisme s'adressant à des écrivains-voyageurs hantés par le rêve oriental : l'Orient nervalien, l'Afrique de Rimbaud, l'île Bourbon chez Baudelaire, l'Égypte de Gautier, etc.

2.

Chez Gautier, la découverte livresque a largement pré­ cédé le voyage de 1869.

En effet, il a puisé dans la bibliothèque de son ami Ernest Feydeau la riche matière nécessaire à la recomposition de la civilisation égyptienne (cf dédicace, p.

25, ainsi que les documents des pp.

113 et 136).

Vie sociale, politique et culturelle, Gautier nous brosse un tableau précis de la vie quotidienne à Thèbes, dont nous pouvons relever les principaux éléments : - architectures urbaine et domestique (organisation de la ville d'Oph, chap.

I, p.

81, agencement du palais de pharaon, 1.

Arria Marcella, «Classiques d'aujourd'hui», n" 13 645.. »

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