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VÉNUS D'iLLE (la), de Prosper Mérimée

Publié le 20/05/2019

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VÉNUS D'iLLE (la), nouvelle en prose de Prosper Mérimée (1837). Reconnue par l'écrivain comme son chef-d'œuvre, elle a depuis été saluée par la critique comme un des sommets du récit fantastique. Il est vrai qu'ici tout est dit sans jamais être affirmé : d'un bout à l'autre du texte, les signes se répondent — le gel, par exemple, dont la discrète présence circonscrit l'histoire de « l'idole » —, les mystères sémantiques s'enchaînent — l'inscription du socle (« cave amantem », le serment de la bague (« Sempr'ab ti ») — et aboutissent tous à la Vénus. Mais, dans cette nouvelle qui prend parfois des allures de « détective novel » — après tout l'intrigue se noue bien autour d'un meurtre sans meurtrier —, le rationnel est toujours évacué au profit d'interrogations informulées parce qu'indicibles : comment, en effet, parler de la statue autrement qu'en termes esthétiques à moins d'en faire un être objectivement surnaturel et de nier ainsi la vérité du récit du narrateur ? Comme dans Lokis, le propre du fantastique de Mérimée est de construire une fiction qui s'enracine profondément dans le quotidien tout en infiltrant des bribes de merveilleux dont l'existence n'est pas problématique en soi mais dont l'enchaînement se heurte à la cohérence et à la logique initiales.

« VÉNUS D'ILLE (la).

Nouvelle de Pros­ per Mérimée (1803- 187 0), publiée à Paris dans la Revue des Deux Mondes le 15 mai 1837, et en volume chez Magen et Camon en 1841.

«H istoire de revenants », dit Méri­ mée dans sa corresp ondance, cette no uvelle a une place à part dans son œuvre : « C'est, suivant moi, mon chef­ d' œuvr e.>> La grande érudition de l' auteur permet de lui supposer une multiplicité de sources, depuis les « in­ fo lios latins >> ou L'homme qui aime les menson ges de Lucien, comme il l'indi­ que lui-même, jusqu'à l'Histoire de Gré­ goire VII (1834 ) de Villem ain.

En fait, l' intrigue est issue d'une légende sou­ vent attestée, très ancienne, et assez connue à l'époque.

Mérimée utilisera également les souvenirs récents de son voyage dans le midi de la France (1834) po ur choisir le décor de son récit, bros­ ser quelques portraits et fixer les traits de sa statue, qui doit probablemen t à une Vénus observée à Vienne et remar­ quée pour son réalisme bien éloigné de l'impass ibilité grec que habituelle.

Mêla nt érudition et observation à son ex périence d'inspecteur des Monu­ ments historiques, Mérimée construit ainsi la plus célèbre de ses nouvelles fantastiq ues.

Att endu par M.

de Peyrehorade, le narrate ur appr end de son guide la découverte d'une statue ma léfique, don t l'érection a causé la blessure d'un ou vrier.

Bien reçu par son hôte, « anti quaire » disert et ima gina tif qui vient de faire un mé moir e sur la découverte de cette Vénus, il appr end en outre qu'il devra assister au maria ge d'A lpho nse, le fils de celu i-ci.

Avant de se mettre au lit, il voit avec amus ement un galo pin lancer une pierr e sur la statue puis gémir de l'avoir reçue en retour, par ricochet Le lendemain, il peut contempler la sta tue, « d'une merve illeuse beauté » ma is douée d'un e « express ion d'ironie infernale ».

M.

de Pey rehorade brode de façon fantaisis te sur l'inscrip tion ambiguë que porte la statue : cave amantem.

Lors du repas qui met fin à la jou mée, deux nou veaux personna ges apparaissent : Alphons e, jeune homme vulgaire intéressé par l'argent, et sa belle et douce fiancée, Mlle de Puygarrig.

Le lendemain, avant de se rendre à la noce, et pour venir en aide à son équipe de jeu de paume mise en dan ger par des Aragonais très adroits, Alphonse ôte son habit ainsi que la bague promise à sa fian cée -et à l'in térieur de laquelle est gravée la for mule : sempr' ab ti [to ujours avec toi] -qu'il met à l'annula ire de la sta tue.

Vainqueur , il affi che un mé pris triompha nt et I'Ar ago nais promet de se venger.

Lors du repas de noces, le fiancé, très troublé, demande au narrateur d'aller rechercher la bague qu'il n'a pu retirer du doigt étrangement re plié de la statue.

Mais l'haleine avinée d'Al phonse et la plui e battante font reno ncer l'hô te de sortir.

Ponctuée de brui ts de pas lourds, la nuit s'achè ve par une scène d'horreur : Alphonse, assassiné, semble avoir été broyé, et sa jeune épousée est deve nue folle.

Elle décl are que la sta tue, entrée dans la cham bre avant le ma rié, s'est couchée dans le lit et l'a enla cée de ses bras de bronze avant de dispara ître à l'aube.

Le joueur aragonais, d'abord soupçonné, est interrogé mais relâché avec des excuses.

Le narrateur s'en va ; il ap prendr a bien tôt la mort de M.

de Peyr ehorade, la fonte de la sta tue transf ormée en cloche et le gel des vignes depuis lors ...

Objet d'un triple regard, découverte mais en réalité touj ours enfouie sous son mystère, la statue de bronze est le centre du récit, noyau immobile et énigmatiq ue.

Face à elle se trouvent ceux qui ne savent pas voir (les Illois), celui qui croit savoir voir (M.

de Peyre­ horade), et celui qui sait voir mais s'y ref use (le narrateur) .

Le groupe des ha bitants de la petite ville, d'ailleurs diversifié, mais frappé par une même cécité, réunit d'une part les villa geois, guides ou ouvriers, entièrement soumis à des préo ccup ations matérielles ou. »

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