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VERNE: Voyage au centre (Fiche de lecture)

Publié le 22/02/2012

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Jules Verne se donne le luxe d'utiliser toutes les ressources de la fiction pour apparaître tantôt comme « l'auteur de la jeunesse », tantôt comme le chantre de la clôture bourgeoise, ou au contraire comme le révélateur de la psychologie des profondeurs. Et de remettre en cause la fiction elle-même, de lui dénier toute finalité, toute signification autre que le pur plaisir d'écrire ou de lire : une forme parallèle, gratuite... Verne met en scène avec humour notre (et son) rêve d'explication totale, révèle son caractère fictif.
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« certaine manière nommer faisait apparaître : « Peut-être rencontrerons-nous quelques-uns de ces sauriens que lascience a su refaire...

» (p.

259), ce qui contribue à donner un caractère fatal au récit.Chapitre XXXIII : le combat des monstres.Chapitre XXXV : la tempête.Chapitres XXXVII à XXXIX : découverte de l'ossuaire gigantesque et apparition du « berger antédiluvien ».

Danstous, ces chapitres on retrouve les mêmes procédés stylistiques, les mêmes jeux typographiques (pp.

286-291) pourtraduire la violence de l'ouragan, et les anticipations (p.

314).Chapitres XL à XLIII : « ...

nous allons devenir le jouet des phénomènes de la terre.

» Ces derniers chapitres offrentla vision d'une véritable apocalypse, d'une lutte entre l'eau et le feu qui s'achève par une éruption volcanique dontles héros sortent indemnes mais entièrement dépouillés (cette « nudité » imposera une interprétation symbolique).Toute la prudence avec laquelle Verne enfermait l'imaginaire dans le strict cadre du scientisme est abolie.L'irréalisme foncier de la situation (naviguer sur un raz de marée puis sur un fleuve de lave) élargit soudain le récitaux dimensions du mythe, de l'archétype.Chapitre XLV : la conclusion réinscrit l'oeuvre dans une perspective d'appropriation ; le livre se clôt sur le bonheurbourgeois de la maison de la Königstrasse. Les personnages A une première lecture, les personnages paraissent proches de la marionnette, sans épaisseur psychologique réelle.Verne a pris soin d'insérer des pauses descriptives pour les présenter, de donner des références réalistes.

Il n'enreste pas moins vrai que ses héros sont figés dans deux ou trois comportements types qui ponctuent le récit commecertaines formules lexicalisées des contes.Lidenbrock est le type du savant original, qui vit uniquement sur le mode de la connaissance intellectuelle, avectous les clichés que suppose cette imagerie, physiquement et psychiquement : « nez aimanté, enjambementsmathématiques» (pp.

5-7) et bégaiement qui trahit son inaptitude au contact direct avec l'autre.

Durant tout levoyage son comportement ne se démentira jamais : la passion scientifique s'exprime par un entêtement que seulel'affection pour son neveu vient parfois corriger.Hans est encore moins actualisé ; Verne le présente comme libre de tout affect : « Dans ce monde sa philosophiene pouvait être ni étonnée ni troublée.

» Figure quasi muette et tutélaire qui résout toutes les difficultés matériellessans cesser de veiller sur Axel. Graüben et Marthe ne sont guère que des utilités. Axel est sans doute le personnage le plus riche, le plus ambigu.

Il est à la fois une présence et une absence.

Uneprésence constante : il est le narrateur de l'histoire, celui qui confère à l'écriture l'illusion de l'expérimentation.

Maisce discours du « je » ne saurait se confondre avec l'omniscience d'un narrateur «objectif », distinct despersonnages.

Tantôt nous voyons avec le regard du novice Axel qui vit l'aventure dans l'effroi et l'inconscience : «Le journal de bord notes quotidiennes écrites pour ainsi dire sous la dictée des événements, afin de donner un récitplus exact » (p.

256) est la marque même de la subjectivité du héros ; tantôt avec le regard d'Axel « mûri » par lesépreuves, narrateur qui en sait plus que le héros (bien qu'il soit ce héros), puisque le récit est écrit à posteriori.

Cedouble regard narratif permet soit de jouer la coïncidence action-narration, soit de paraître mettre en doutel'écriture.

Cette apparente distanciation a deux avantages ; elle semble préserver le caractère « scientifique » durécit et permet à Axel d'échapper au statut de personnage.

Car Axel est le grand absent du roman : s'il voit, nul nele voit.

Il n'est jamais décrit, jamais vu par d'autres yeux que les siens : l'écriture se fait masque. 3.

Le style de l'écrivain « Ce que je voudrais devenir avant tout, c'est un écrivain...

je cherche à devenir un styliste, mais sérieux ; c'estl'idée de toute ma vie » (lettre à Hetzel, du 25 avril 1864).Les mouvements de composition et les jeux narratifs que nous venons d'étudier prouvent un réel travail d'écriture.

Ilexiste indéniablement une poésie de la description : la caverne maritime (p.

233) en est un exemple avec lesalliances de mots (« murmure sonore »), la réactivation de métaphores lexicalisées (cf p.245, le jeu sur l'étymologiede « Méditerranée »), les assonances et allitérations qui créent des rimes intérieures (« rivages », « ondulations » ;« coquillages », « création »), voire la suspension du langage : le vide du texte a alors un effet de litote : « Lesmots de la langue humaine ne peuvent suffire...

» (p.

237).Le vocabulaire scientifique, les racines latines sont souvent goûtés pour leur exotisme sonore et associés à deshyperboles : « Des lycopodes hauts de .cent pieds [...], monstrueuses plantes grasses.

» On peut ajouter à cela legoût des néologismes que suscite ce nouveau monde : « nature terrestrielle » (p.

238).L'art du dialogue, d'autre part, permet de rompre les descriptions tout en soulignant les effets poétiques oudramatiques par des modalités de phrase (pp.

242, 318, 331). 4.

Les thèmes principaux. »

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