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VILLES TENTACULAIRES (les) d'Émile Verhaeren

Publié le 22/05/2019

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VILLES TENTACULAIRES (les), recueil de poèmes d'Émile Verhaeren (1895). Composé pour faire contraste aux Campagnes hallucinées (1893) et aux Villages illusoires (1895), ce livre forme avec ces deux derniers les premiers recueils consacrés par le poète à l'évocation de l'ère nouvelle surgie avec la révolution industrielle. La formidable expansion de la ville moderne, ses foules et ses usines sont décrites avec un lyrisme visionnaire, porté par une foi dans l'avenir tout comme dans la puissance du travail humain. Cette poésie épique, aux accents expressionnistes, se caractérise par une prolifération de métaphores exacerbées et par une rythmique fortement marquée que soutient un vaste système de récurrences sonores et de leitmotivs.

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« LES USINES - Émile VERHAEREN, Villes tentaculaires Automatiques et minutieux, Des ouvriers silencieux Règlent le mouvement D'universel tictacquement Qui fermente de fièvre et de folie Et déchiquette, avec des dents d'entêtement, La parole humaine abolie. Plus loin : un vacarme tonnant de chocs Monte de l'ombre et s'érige par blocs; Et, tout à coup, cassant l'élan des violences, Des murs de bruit semblent tomber Et se taire, dans une mare de silence, Tandis que les appels exacerbés Des sifflets crus et des signaux Hurlent toujours vers les fanaux, Dressent leurs feux sauvages, En buissons d'or, vers les nuages. Et tout autour, ainsi qu'une ceinture, Là-bas, de nocturnes architectures, Voici les docks, les ports, les ponts, lès phares Et les gares folles de tintamarres; Et plus lointains encor des toits d'autres usines Et des cuves et des forges et des cuisines Formidables de naphte et de résines Dont les meutes de feu et de lueurs grandies Mordent parfois le ciel, à coups d'abois et d'incendies. Émile VERHAEREN, Villes tentaculaires, 1895 En étudiant les mots, les sons, les rythmes et la structure du poème, vous montrerez comment Verhaeren transposeen une puissante vision épique la réalité, alors nouvelle, des cités industrielles. DÉVELOPPEMENT PROPOSÉ Introduction Les deux poètes belges d'expression française les plus connus de la fin du XIXe siècle et du début du xxe furentÉmile Verhaeren et Maurice Maeterlinck.

Né près d'Anvers en 1855, Verhaeren chanta d'abord ses plaines natales etla truculence des Flamandes, puis sa poésie prit un ton sombre et passionné qui reflétait ses angoisses et la crise morale qui le déchirait, dans les Soirs, Débâcles, Flambeaux noirs.

Mais bientôt une inspiration tout à fait nouvelle apparaissait, à partir du recueil des Campagnes hallucinées, de 1893 : le poète s'y révèle hanté par les transformations du monde moderne; il décrit la misère des champs dévastés par la famine et la maladie, la montéedu machinisme, les cités « myriadaires ».

Dans les Villes tentaculaires qui leur font suite, en 1895, on peut déceler une unité véritable si on lit l'ensemble du recueil.

Les villes se transforment, rassemblent en elles toutes lesmaladies, les souffrances et les folies; les richesses et les vices se côtoient dans les quartiers rouillés, la Bourse, lesbazars, et les rues meurtrières.

Mais il existe aussi des chambres claires et des laboratoires où se prépare l'avenir eton peut espérer le triomphe final de la justice et de la pitié, beauté d'une harmonie totale, véritable âme de la ville. Le poème que nous avons à expliquer, quant à lui, est consacré aux souffrances des citadins dans l'enfer desusines, et non à leurs espérances futures.

Mais la réalité des cités industrielles, la vie des hommes et le branle-basdes machines y sont ici sublimés en une véritable vision épique par la magie des mots, des sons et des rythmes etpar la structure même du poème. Les mots Les poètes de l'école symboliste aimaient les mots rares ou insolites, qui créent autour d'eux un halo de brumeou de mystère.

Il y en a moins dans les Villes tentaculaires que dans les premiers recueils de Verhaeren, mais on peut relever : « la parole abolie.., les nocturnes architectures...-les toits plus lointains encor, les meutes de feu et de lueurs grandies...

» Ces mots, en vérité, se trouvent dispersés dans un vocabulaire très varié : mots concrets définissant des objets précis, qui ne seraient pas déplacés dans un roman réaliste : sifflets, signaux,fanaux, feux, docks, ports, ponts, phares, gare, cuves, forges, naphte, résines...; dont certains prennent une 1.. »

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