LE THÉÂTRE (fiche de révision)

« lazzi), a partir d'un systeme de personnages tres elabore, mais ne variant pas.

Arlequin, Pierre, Colombine, le Docteur, Pantalon, Tartaglia, le Capitaine occuperont la scene pendant pres de deux cents ans, avant que le genre ne decline au siecle des Lumieres.

La grossierete et la pauvrete des intrigues ont sans doute contribue a ce &din, mais la commedia dell'arte a pour elle la liberte du ton et finventivite des acteurs.

En France, le theatre de Ia Foire jouera sur le meme registre carnavalesque d'un envers du monde : le corps, ('excretion, la sexualite, la violence de rapports humains et l'animalite latente des comportements sont au fondement de ces scenes populaires, qui n'ont jamais conquis la dignite des genres academiques, mais que les grands seigneurs ne dedaignaient pas de faire representer en leurs châteaux. LE THEATRE BAROQUE Au xvir siecle renait veritablement le theatre occidental, avec le courant baroque qui impose la splendeur de ses illusions et ('ambition de ses caracteres. Le baroque, mouvement artistique marque par Nee du faux-semblant, trouve dans le theatre son lieu privilegie.

Des pieces comme La Tempete (1611) de Shakespeare (1564-1616), L'Illusion comique (1636) de Corneille (1606-1684), ou La vie est un songe (1635) de Calderon de Ia Barca LA FORME DES THEATRES L'amphitheidre a ('antique est en demi-cercle, avec des gradins s'elevant progressivement.

Les treteaux des foires sont de simples estrades, sans coulisses, installees en plein air.

Les theatres du xvr siecle etaient en bois (tel le Globe de Shakespeare), et it fallut attendre la fin du xvir siecle pour que Ion construise de veritables salles specialisees.

Le theatre a I'italienne, caracterise par un parterre plat surplombe par des balcons et des loges, domine tout au long du xviir siecle, avant que l'architecte Ledoux n'impose un retour aux gradins progressifs, plus democratiques (theatre de Besancon).

Les salles modernes exploiteront des lieux divers, la forme rectangulaire s'imposant souvent pour des raisons pratiques.

LE GRAND THEATRE DU MONDE Le Grand Theatre du monde (1649) de Calder& repond au theatre du Globe oh Shakespeare fait jouer ses de la cour.

Les pieces a machine et A ballets de ce meme Moliere suggerent bien que le monde classique continue a lorgner du cote baroque, du cote de I'extraordinaire et du spectaculaire, mais le theatre s'est assagi. LES METAMORPHOSES DU XVIII' pieces, pour designer dans le theatre un microcosme capable de representer le macrocosme.

Le theatre baroque et classique affirme ainsi son pouvoir : representer la terre entiere sur une simple scene de quelques metres carres - en fait, quelques pieds carres, car le metre nest alors pas encore invente.

Beaumarchais va introduire une rupture dans ce jeu : au debut des Noces de Figaro (1785), le futur marie mesure le sol de sa chambre, comme pour affirmer sa realite ou sa conformite au reel. Parallelement, le decor s'ouvre et se pourvoit de fenetres, par lesquelles les personnages peuvent saucer... Le theatre nest plus le monde, it est un espace realiste au sein du monde. (1600-1681) mettent ainsi en scene le redoublement des apparences, le spectateur finissant par se perdre dans ce jeu de reflets ou disparait la realite. Les personnages du theatre baroque, notamment ceux de Shakespeare, sont caracterises par une folie (Le Roi Lear, 1606) et une demesure criminelle (Richard Ill, 1592) qui font d'eux des maudits.

Le Dr Faust et Don Juan apparaissent a cette époque, le premier trouvant sa premiere grande illustration litteraire sous la plume de Marlowe (1588), le second cree par Tirso de Molina (L'Abuseur de Seville, 1625) : tous deux sont des truqueurs, des joueurs qui essaient de &former le reel afin de le plier a leurs &sirs.

Its trouvent dans le Hamlet shakespearien (La Tragique Histoire d'Hamlet, 1601) un repondant tragique, le célèbre monologue (« Etre ou ne pas etre...

») interrogeant Ia difficulte de vivre dans un monde prive de sens. L'EPOQUE CLASSIQUE Face aux debordements baroques, le theatre classique va s'affirmer comme un lieu de mesure, capable d'exalter la grandeur (Le Cid, 1637, de Corneille) ou la monstruosite, avec par exemple Britannicus (1669) ou Phedre (1677) de Racine, mais dans un ordre esthetique fort different de ('esprit baroque. Racine (1639-1699) impose sur la scene une elegance et un registre sans equivalents dans le theatre francais. Et Moliere retrouve la gaiete de Plaute sans deroger aux regles d'elegance Voltaire (1694- 1778) suit la voie ouverte par Racine et devient le tragique le plus célèbre de son époque, avec des pieces classiques (Zaire, 1732) glissant doucement vers ('affirmation d'une morale politique. II sera suivi en cela par I'Allemand Lessing (1729-1781), qui, avec Nathan le sage (1779), donne un theatre d'idees, pronant la grande valeur du siecle : la tolerance.

C'est en fait par le comique que le xviii' siecle theatral restera dans l'histoire : Lesage (1668- 1747) et son Turcaret (1709), Marivaux (1688- 1763) et son feu de ('amour et du hasard (1730), Beaumarchais (1732-1799) et son Figaro explorent les ressources scandaleuses du rire, qui permet de mettre en cause avec legerete et ironie une societe crispee sur ses valeurs et ses barrieres sociales.

En Italie, a la meme époque, Goldoni (1707- 1793) renouvelle le comique en substituant a la farce la comedic de mceurs.

Le drame bourgeois, auteurs comme Brecht (1898-1956) et, plus Lard, Antonin Artaud.

Le premier tente de creer un theatre politique visant a Iaprise de conscience du spectateur : le procede de la distanciation, favorise par un jeu d'acteurs deliberement faux, permet au spectateur de conserver sa liberte critique. Artaud (1896-1948), quant a lui, attend au contraire du theatre qu'il emporte son spectateur dans une fascination et une experience des limites (Le Theatre et son double, 1938).

C'est sur ses theories du «theatre de Ia cruaute» qu'est fon& en 1947 le Living theater : ('expression corporelle y joue notamment un grand role. Le theatre se politise au xxe siecle, meme quand it revient sur le canavas bien connu de mythes antiques, comme chez Giraudoux (1882-1944), THEA RE DE.

LA RENAISSANCE. injouable a l'epoque, le «theatre dans un fauteuil» de Musset (1810-1857), avec notamment Lorenzacdo (1834), apparalt finalement plus novateur que le drame romantique defendu par Hugo (1802-1885) : la Preface de Cromwell &once cependant des principes qui seront au fondement du theatre moderne, en insistant sur l'interet du monstrueux.

Le drame en habit noir invente par Dumas fils a la meme époque apparait en regard comme tres date. C'est du Nord qu'a la fin du xix' siecle viennent les auteurs les plus novateurs : Strindberg (1849-1912), Ibsen (1828- 1906) et Tchekhov (1860- 1904) explorent les recoins les plus sombres Sartre (1905- 1980), Canna (1913-1960) ou les epigones francais de Brecht.

Mais c'est peut-etre quand it tente d'exprimer l'absurdite de la condition humaine quit trouve veritablement son style propre. A ce titre, fecole du theatre de invente par Diderot, tente, sur un registre pathetique et serieux, de renouveler les «caracteres» classiques (le bourru bienfaisant, I'avare, etc.) au profit de personnages plus individuels et plus sensibles. REVOLUTIONS ROMANTIQUES l'absurde (Harold Pinter, 1930-) apparait comme la principale innovation poetique.

Sa richesse lui permet de passer de ('humour pur Le romantisme allemand redecouvre les vertus spectaculaires de l'histoire. Schiller (1759-1805), avec Marie Stuart (1800), reussit a sortir du carcan classique en retrouvant un esprit shakespearien.

Disparu tres jeune, Georg Biichner (1813-1837) donne avec La Mort de Danton (1834) et le drame inacheve de Woyzeck (1836) une eblouissante meditation sur l'histoire et le processus createur. En France, et meme s'il est litteralement de l'ame humaine et mettent en scene des themes modernes, dont la liberte des femmes (Ibsen, Maison de poupee, 1879). LA REVOLUTION DU JEU C'est de cette premiere tradition moderne que se reclameront des (lonesco, 1912-1994) a la meditation metaphysique la plus profonde (Beckett, 1906-1989) ou au desespoir le plus noir (Adamov, 1908-1970).. »