Argentine de 1980 à 1989 : Histoire
Publié le 01/12/2018
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La guerre des Malouines
Désireuse de trouver un dérivatif au mécontentement populaire dû à une situation économique très difficile, la junte se lance en avril 1982 à la reconquête des îles Malouines. Cet archipel de l’Atlantique Sud, occupé depuis un siècle et demi par les Britanniques (qui l’ont rebaptisé Falklands), n'a cessé d'être revendiqué par l'Argentine. Les militaires envoient le 2 avril leurs troupes à l'assaut du port de Stanley où la petite garnison britannique est faite prisonnière. Les généraux argentins, qui comptaient sur la neutralité des Etats-Unis, voient ces derniers se rallier à leur alliée britannique. Une ultime tentative de médiation est confiée au secrétaire général de l’ONU, Javier Pérez de Cuellar, mais il est trop tard. L’expédition britannique, sous le commandement de l'amiral John Woodward, a déjà atteint les côtes de l'archipel. D'emblée, les Argentins sc trouvent en position de faiblesse. Leur flotte est de qualité bien inférieure à celle des Britanniques. Quant aux bases de l'aviation argentine, elle sont trop éloignées de l’archipel. De plus. l'Argentine est très isolée sur le plan diplomatique. Si l'Organisation des Etats américains (OEA) lui accorde son soutien de principe, elle refuse d'engager des sanctions. Seuls le Venezuela, le Panama, la Bolivie, qui pour des raisons différentes entretiennent des relations conflictuelles avec la Grande-Bretagne ou les États-Unis, apportent leur soutien inconditionnel aux Argentins, qui reçoivent également l'appui de l’Union soviétique. De son côté, la Grande-Bretagne bénéficie de la passivité et de la condamnation de principe de ses partenaires européens, qui adoptent des sanctions économiques à l'encontre de Buenos Aires. Les États-Unis lui concèdent un important appui logistique. La victoire des Britanniques, après 74 jours de durs combats, contraint le général Luciano Menéndez, chef de l'état-major. à accepter, le 14 juin 1982, la reddition. Défaite militaire, la guerre des Malouines est également une grande défaite politique, puisqu'elle va entraîner la chute du régime et une prise de conscience dans l'ensemble du continent latino-américain.
Washington est en effet accusé d'avoir bafoué les principes fondateurs de l'Organisation des États américains.
La chute de la dictature
Quelques jours après la défaite, le général Leopoldo Fortunato Galtieri, à la tctc de la junte depuis novembre 1981, est évincé du pouvoir par son propre clan. La propagande nationaliste n’a pu cacher à la population les erreurs stratégiques, les abus et l’incapacité de certains chefs militaires. Des novembre 1982. le Premier ministre José Maria Dagnino Pastore est remplacé par Jorge Webbe, un libéral, qui annonce la tenue d'élections générales pour le 30 octobre 1983 et s’engage à remettre le pouvoir aux mains de civils en janvier 1984. Malgré les réticences à l’égard des partis discrédités par leur compromission avec le régime dictatorial, le consensus l'emporte contre les militaires. Le candidat de l’Union civique radicale (UCR), Raul Alfonsin, obtient une large victoire devant le candidat péroniste du Mouvement national justicialiste. Italo Luder. Le rétablissement des libertés fondamentales après des années d'arbitraire confère à cette victoire une allure de printemps culturel. L'inculpation des membres des juntes militaires qui se sont succédé au pouvoir depuis huit ans pour violation des droits de l’homme et atteinte à la Constitution atteste la volonté du président d'en finir avec la dictature. Outre l’assainissement des finances, le contrôle de l’inflation et la relance de la production, le président Alfonsin se fixe pour objectif de conquérir les deux grands fiefs péronistes, l’armée et la CGT (Confédération General del Trabajo) conçue comme un instrument du pouvoir justicialiste pour mieux contrôler le monde ouvrier. Mais son projet de loi, qui doit démocratiser la direction de la CGT et briser le monopole détenu par celle-ci, se heurte à l'opposition du Sénat, dominé par les péronistes. Il parvient toutefois à renouveler la direction de l'état-major et à placer les industries d'armement et les services de renseignements sous son contrôle.

«
/4
mai 1989.
Victoire électorale
du candit/at péroniste
Carlos Menem
contre le préside/Il sorram
Raul Alfonsin.
© Carrion • Sygma exigences
du FMI -d'un plan de
rigueur, le plan austral (du nom de la
nouvelle monnaie).
Mais le blocage
des prix ct des salaires, dans l'espoir de
juguler la spirale inflationniste et de
retrouver la confiance des milieux
financiers, n'a pas l'effet escompté.
En
effet, si le taux d'inflation enregistre
momentanément une baisse, le déficit
budgétaire.
engendré notamment par
le remboursement des intérêts de la
dette publique, ne cesse de croître.
Le
projet d' Alfonsin de réd u.ire les
effectifs de l'administration et des
entreprises nationalisées se heurte à
l'opposition de la CGT.
Quant à la
dette extérieure.
elle atteint des
proportions jamais égalées.
Dans cette atmosphère
de crise, entretenue par
l'attitude de la hiérarchie ecclésiastique
ct les dirigeants de la CGT, l'agitation
militaire est de plus en plus sensible.
Les menaces de dissidence avec le
pouvoir en place sont réelles.
Le 4
octobre 1985, l'agitation militaire et les
attentats répétés de l'extrême droite
contraignent Alfonsfn à décréter l'état
de siège.
À la mutinerie déclenchée le
16 avril 1987 par le régiment
d'infanterie aéroportée de C6rdoba,
afin d'obtenir une amnistie pour tous
les militaires poursuivis pour violation
des droits de l'homme ainsi que la
démission du chef d'état-major,
Alfonsfn, fort de J'appui de la
population, réagit par la fermeté.
Mais
les mutins refusent de réintégrer leurs
quartiers et, devant le risque d'une
guerre civile (J'armée se refusant
à intervenir), Alfonsin fait adopter une
loi qui exempte de poursuites
judiciaires les officiers en dessous du
grade de colonel.
Les concessions au
clan militaire et l'échec du plan austral
- dû au maintien de taux d'intérêts
élevés pour financer Je déficit
budgétaire et à l'attitude des agents
économiques qui, au lieu d'investir,
ont continué à spéculer et à réaliser
leurs opérations en dollars, relançant
ainsi la spirale inflationniste -
expliquent la défaite des radicaux aux
élections pour Je renouvellement
partiel de la Chambre des députés et des
gouverneurs en septembre 1987, au
profit du parti justicialiste et de la
droite conservatrice libérale regroupée
sous le nom d'UCD (Union du centre
démocratique), qui obtiennent 41,5%
des suffrages et 17 des 22 sièges de
gouverneurs.
Dès lors, Alfonsin,
abandonnant ses projets de réformes,
s'efforce de re-conquérir le pouvoir.
Mais en vain.
Les élections du 14 mai
1989 donnent la victoire au candidat du
parti justicialiste, Carlos Saul Menem.
Après quinze ans d'absence au
pouvoir, Je péronisme est de retour en
Argentine.
Avec cinq mois d'avance
sur Je terme prévu par la Constitution,
Carlos Menem accède à la présidence
le 8 juillet.
Le nouveau président porte
au rang des priorités le redressement
économique du pays, pari d'autant plus
difficile qu'il s'était élevé avec la CGT
contre le plan d'austérité de son
prédécesseur..
»
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