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Culture ET ENTREPRISES de 1980 à 1989 : Histoire

Publié le 30/11/2018

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À l’approche de cette fin du xxe siècle où la technologie semble avoir vaincu toutes les résistances, le sacré bénéficie d’une envolée symptomatique qui s’illustre notamment par l’épiphanie triomphante du «culturel». Les activités artistiques ne sont plus conçues comme un secteur marginal dans la vie de la cité. Et le rapport contraignant entre la culture et l'économie n’entame pas ce que que l’on pourrait appeler l'arbitraire de la valeur attribuée à l'objet d’art; il devient même générateur de production...

Si dans les années soixante-dix, la démarche artistique consistait à s'émanciper de l'emprise affairiste en la dénonçant, dans les années quatre-vingt, créateurs et organisateurs ont si bien appris à maîtriser ces facteurs économiques et sociaux qu’ils en viennent à exploiter aujourd'hui la récupération mercantile, poussant à son extrême la logique irrationnelle de ce marché et empochant sans complexes leur dû...

 

FéTICHISATJON DE L'ART

 

La décennie soixante, caractérisée par l'optimisme critique et la foi dans le progrès, avait connu, dans la foulée du pop’art, la première fièvre commerciale artistique. Mais les années suivantes virent apparaître un chassé-croisé de minimalistes, conceptuels, photographes, néo-expressionnistes, décorateurs «patterning», autant de tendances subversives et peu spectaculaires qui infléchirent d'emblée l’enthousiasme des preneurs. Aussi les artistes furent-il souvent contraints de végéter au rythme de leurs invendus, sauvés parfois par une clientèle «branchée» pour qui la reconnaissance sociale passe par l’acquisition d'art contemporain.

 

Il faudra attendre 1986 pour qu’apparaisse une relation inédite entre créativité et commerce: «The Hot Four», groupe de peintres-entrepreneurs du nouveau marché — Ashley Bickerton, Peter Halley, Jeff Koons et Meyer Vaisman —, s’impose outre-Atlantique. En route pour la célébrité, ces jeunes artistes, souvent perçus comme des carriéristes opportunistes et sans scrupules, abolissent les frontières conventionnelles qui préexistaient entre créateur, agent, collectionneur, galeriste et critique. Cette attitude d’autopromotion aboutira à une surenchère d’expositions et de ventes new-yorkaises...

 

Ce regain spéculatif pour la création moderne reste néanmoins infime en regard des valeurs plébiscitées et sûres que représentent les maîtres impressionnistes. Le coup d’envoi de l’escalade des prix est donné chez Christie’s, à Londres, le 30 mars 1987: la nipponne Yasuda Insurance Cie y acquiert les Tournesols de Van Gogh pour la somme record de 24 750 000 livres anglaises — la hausse du yen à partir de mars 1985 explique alors l’intérêt tout récent des Japonais pour les ventes publiques occidentales. Quelques mois plus tard, tandis qu’on assiste avec le «lundi noir» aux records de baisse des indices boursiers (500 milliards de dollars sont engloutis à Wall Street dans la seule journée du 19 octobre), l’art est atteint d’une «surchauffe» peu prévisible, s’alignant sur le diamant et la joaillerie qui reprennent leur rôle historique de valeurs refuges. En période de crise, il devient préférable d'être «golden boy» chez Drouot-Montaigne que «yuppie» au palais Brongniart comme l’atteste la tenue arrogante du marché artistique international durant le mois de novembre 1987 : le 10, à New York, Christie’s adjuge pour 2 090 (XX) dollars le Jeune Homme à la fleur de Gauguin et pour 5 280 000 dollars Femme assise dans un parc de Renoir... Le lendemain, chez Sotheby’s, les Iris de Van Gogh deviennent en un coup de marteau « le tableau le plus cher du monde», soit 54 millions de dollars. Le 20 novembre, c'est à Paris que se déplace l'actualité. L'ouverture inaugurale de Drouot-Montaigne liée à la dispersion de la collection Georges-Re-nand connaît un succès financier retentissant à la mesure de la promotion médiatique déployée — catalogues et vidéos distribués dans le monde entier, opération portes ouvertes jusqu'à quatre heures du matin la veille de la vente; les commissaires-priseurs y totalisent une recette de près de 190 millions de francs pour 45 lots! Deux Modigliani se distinguent notamment: la Belle Romaine et la Femme à la cravate, cotées respectivement 41 et 35 millions de francs. Et les journées «gourmandes» se poursuivent chez Drouot-Montaigne: la succession Maurice Coutot, le généalogiste des peintres, comprenant un Braque de 8 500 000 francs et un Monet de 7 922 000 francs, atteint le seuil des 60 millions de francs. Enfin, ce mois des records se clôt à Londres chez Christie’s qui vend 7 480 000 livres les Blanchisseuses d’Edgar Degas.

 

Mais avec moins de fracas qu'à la Bourse, la prospérité gaillarde affichée depuis 1987 par le marché artistique se fragilise çà et là, présage d’une révision à la baisse, ne serait-ce que parce que les grands tableaux ne cessent de se raréfier! Un spécialiste de l'art moderne, Marc Blondeau, responsable d'un cabinet d’expertise-conseil, veut calmer le jeu : « Un léger fléchissement, qui serait presque souhaitable après la flambée que nous venons de connaître, permettrait aux vrais collectionneurs écartés depuis quelque temps par les spéculateurs de revenir sur le marché.»

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« � ------�-------------------------------- CULTURE ET ENTREPRISES.

L'exposirion Arbrorigènes d'Ernes/ P i g non , qui a lieu au Jardin des Plames à Paris en 1984, es/ sowenut par /'agenœ de publicilé Limas.

Ci- dess us: une seul plu re exposée.

© Lintas arrogante du marché artistique international durant le mois de no­ vembre 1987: le 10, à New York, Christie's adjuge pour 2 090 000 dol­ lars le Jeune Homme à la fleur de Gauguin et pour 5 280 000 dollars Femme assise dans un parc de Renoir ...

Le lendemain, chez Sotheby's, les Iris de Van Gogh deviennent en un coup de marteau. »

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