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Enders Armelle, Histoire de l'Afrique lusophone

Publié le 31/05/2013

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Enders Armelle, Histoire de l'Afrique lusophone Armelle Anders est maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l'Université de Paris-Sorbonne. Après un DEA d'études politiques, elle s'est tournée vers le Brésil, avec une thèse portant sur Pouvoirs et fédéralisme au Brésil, 1889-1930. Elle est l'auteur de nombreux articles et ouvrages sur le Brésil ; cette spécificité ne l'empêche pas de s'être intéressée à l'Afrique ; la colonisation portugaise fait office de dénominateur commun entre les deux régions. D'où par exemple son séminaire sur « Histoire, mémoire, usages du passé en Amérique latine et en Afrique subsaharienne depuis les années 1950 «. Avec la publication de son Histoire de l'Afrique lusophone en 1995, traduit deux ans plus tard en portugais, Armelle Enders dresse une histoire de l'Afrique sous domination portugaise des origines (XVe siècle) aux indépendances puis à nos jours, après la décolonisation. C'est un ouvrage de synthèse -donc les rares notes indiquant des références sont des citations ou références aux archives empruntées à d'autres auteurs, avec la mention « cité dans? «- et l'auteur le revendique comme tel, dès son « Avertissement « de début d'ouvrage. Cet avertissement témoigne d'une grande rigueur scientifique, notamment dans le choix des termes. Dès le début, il est posé la différence entre l'Afrique portugaise (« colonisée «) et l'Afrique lusophone (avec les PALOP : Pays Africains de Langue Officielle Portugaise), plus large sur le plan chronologique (après la décolonisation le portugais est resté langue officielle). Une semblable précision est apportée très vite sur le terme « Mozambique « ; le « pays « est désigné par le terme Mozambique, tandis que l'île éponyme garde son orthographe portugaise de Moçambique, habile stratagème qui permet de bien savoir de quoi il est question tout au long du propos. La bibliographie est le premier point qui doit attirer l'?il de l'historien ; elle est à la fois concise et riche, permettant de ne pas se disperser pour le lecteur qui veut approfondir tel ou tel point. On y trouve un certain nombre de grands noms : Georges Balandier, Fernand Braudel, Amílcar Cabral1, Michel Cahen et Malyn Newitt, Elikia M'Bokolo et bien sûr René Pélissier2. Sur un plan formel, il faut noter d'abord l'absence de fautes de français, qui témoignent d'une relecture efficace ; il y a bien quelques oublis dans la bibliographie (parfois la ville d'édition est absente, y compris pour des ouvrages de l'éditeur du livre?) mais cela n'altère pas la qualité de l'ouvrage3. La présence de cartes, qui plus est réalisées spécialement donc à la fois en français et bien à propos, apporte une plus-value indéniable, qui permet de localiser les faits. Sur un plan graphique, ces cartes ne sont pas parfaites4 mais il faut tenir compte de ce que l'ouvrage a été fait en un temps où les possibilités étaient plus limitées que de nos jours5 et elles restent très compréhensibles. Une seule carte comprend une erreur : à la page 80, une « Casamance « est placée en Angola alors que le texte évoque bien la vraie Casamance, au niveau de la Guinée portugaise et du Sénégal. Étant donné l'objectif de l'ouvrage, une chronologie en annexes, une liste des mots portugais employés et un index (par exemple des lieux) auraient pu être attendus. La table des matières ressemble plus à un sommaire peu détaillé de début d'ouvrage, qu'à une table des matières complète ; il aurait sans doute fallu y inclure un niveau de titres supplémentaires, qui permettrait de voir la progression de la réflexion plus aisément ; c'est d'autant plus dommage que les titres choisis sont généralement bien problématisés (« la " vietnamisation " des conflits «) et percutants (« les nouveaux habits de l'empire «), ce qui est un point très positif. Le plan pour lequel A. Enders a opté est chronologique et très pertinent. Le premier chapitre étudie la manière dont le Portugal prend pied en Afrique au XVe siècle. Le deuxième évoque la grandeur et le déclin de l'empire portugais en Afrique entre le XVIe et le XVIIIe siècles. Les deux chapitres qui suivent sont ceux qui occupent, et de loin, le plus de pages dans l'ouvrage ; intitulés « La construction du "Troisième Empire " (1822-1926) « et « L'Afrique de la dictature (1926-1974) «, ce sont ceux qui portent sur la période de la question du concours. C'est sur les deux chapitres que portera l'essentiel de cette fiche de lecture, même si ce qui est avant et après doit aussi être abordé. Le dernier chapitre porte sur la période allant des indépendances au début des années 1990. Il convient de souligner, à la lumière de découpages secondaires de l'ouvrage, que les dates des années 1850 et des années 1950 comme bornes chronologiques pour la question du concours coïncident bien avec la colonisation portugaise en Afrique : 1850 marque la fin de la traite avec une loi appliquée qui « l'assimile à un acte de piraterie « (p. 71) tandis que les guerres d'indépendance (au sens large) ne commencent qu'en 19616 donc la fin des années 1950 marque la fin de l'empire colonial « réellement « contrôlé. Dans le cadre de la perspective du concours, fondamentalement comparatiste, il est possible de lire ce livre en ayant en tête le cas de la colonisation italienne, avec des points communs multiples, mais aussi une ou deux différence(s) majeure(s)7. C'est en 1411 que commence l'aventure africaine pour le Portugal, avec la prise de Ceuta ; le Portugal s'empare en 1419 de Madère, après avoir échoué à prendre les Canaries. Henri le Navigateur, qui a été gestionnaire de Madère dans sa jeunesse, est une figure qui a pris un caractère mythique ; il est poussé par sa curiosité mais aussi par la volonté de trouver le Royaume du prêtre Jean et de contourner le monopole musulman sur le commerce avec l'Asie. Mais derrière le volontarisme affiché, la première colonisation portugaise est plus l'oeuvre des sujets que de la monarchie car le pays a des moyens financiers limités et une démographie insuffisante (750 000 habitants). On retrouve ici la problématique du « petit « pays colonisateur, qui n'a pas les moyens de sa politique, comme l'Italie bien plus tard. Le Portugal utilise le système du contrato, où le roi délègue les droits régaliens à des individus, moyennant finance. Les explorateurs longent la côte atlantique de l'Afrique, franchissant le cap Bojador en 1434, le cap de Bonne Espérance en 1488 et atteignant l'île de Mozambique en 1498, île dont Vasco de Gama fait le principal port dans la route qui mènent aux Indes. Le Portugal a basculé de la Méditerranée à l'Atlantique et établit une thalassocratie, avec des jalons, petits points de contrôle sur le continent ou sur des îles (plus faciles à défendre) ; le système des feitorias (factoreries) s'accompagne de forteresses (Mozambique en 1507). Au milieu du XVe siècle, l...
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« de l’empire »), ce qui est un point très positif.

Le plan pour lequel A.

Enders a opté est chronologique et très pertinent.

Le premier chapitre étudie la manière dont le Portugal prend pied en Afrique au XV e siècle.

Le deuxième évoque la grandeur et le déclin de l’empire portugais en Afrique entre le XVI e et le XVIII e siècles.

Les deux chapitres qui suivent sont ceux qui occupent, et de loin, le plus de pages dans l’ouvrage ; intitulés « La construction du “ Troisième Empire ” (1822-1926) » et « L’Afrique de la dictature (1926-1974) », ce sont ceux qui portent sur la période de la question du concours.

C’est sur les deux chapitres que portera l’essentiel de cette fiche de lecture, même si ce qui est avant et après doit aussi être abordé.

Le dernier chapitre porte sur la période allant des indépendances au début des années 1990.

Il convient de souligner, à la lumière de découpages secondaires de l’ouvrage, que les dates des années 1850 et des années 1950 comme bornes chronologiques pour la question du concours coïncident bien avec la colonisation portugaise en Afrique : 1850 marque la fin de la traite avec une loi appliquée qui « l’assimile à un acte de piraterie » (p.

71) tandis que les guerres d’indépendance (au sens large) ne commencent qu’en 1961 6 donc la fin des années 1950 marque la fin de l’empire colonial « réellement » contrôlé.

Dans le cadre de la perspective du concours, fondamentalement comparatiste, il est possible de lire ce livre en ayant en tête le cas de la colonisation italienne, avec des points communs multiples, mais aussi une ou deux différence(s) majeure(s) 7 .

C’est en 1411 que commence l’aventure africaine pour le Portugal, avec la prise de Ceuta ; le Portugal s’empare en 1419 de Madère, après avoir échoué à prendre les Canaries.

Henri le Navigateur, qui a été gestionnaire de Madère dans sa jeunesse, est une figure qui a pris un caractère mythique ; il est poussé par sa curiosité mais aussi par la volonté de trouver le Royaume du prêtre Jean et de contourner le monopole musulman sur le commerce avec l’Asie.

Mais derrière le volontarisme affiché, la première colonisation portugaise est plus l’oeuvre des sujets que de la monarchie car le pays a des moyens financiers limités et une démographie insuffisante (750 000 habitants).

On retrouve ici la problématique du « petit » pays colonisateur, qui n’a pas les moyens de sa politique, comme l’Italie bien plus tard .

Le Portugal utilise le système du contrato , où le roi délègue les droits régaliens à des individus, moyennant finance.

Les explorateurs longent la côte atlantique de l’Afrique, franchissant le cap Bojador en 1434, le cap de Bonne Espérance en 1488 et atteignant l’île de Mozambique en 1498, île dont Vasco de Gama fait le principal port dans la route qui mènent aux Indes.

Le Portugal a basculé de la Méditerranée à l’Atlantique et établit une thalassocratie, avec des jalons, petits points de contrôle sur le continent ou sur des îles (plus faciles à défendre) ; le système des feitorias (factoreries) s’accompagne de forteresses (Mozambique en 1507).

Au milieu du XV e siècle, le pape délègue aux Portugais des pouvoirs pour l’évangélisation.

Dès 1491, le Manikongo (Angola) est converti ; le premier évêque local remonte à 1518.

Le métissage commence déjà en Sénégambie, avec des lançados (aventuriers), des degregados (condamnés de droits communs et autres indésirables d’alors, y compris les Juifs), des forros (affranchis) ; la mise en valeur des terres s’inspire de la Reconquista avec des sesmarias (lots de terre) calqués sur les senhorios .

À la fin du XVIème siècle, l’Afrique comprend 100 000 à 150 000 Portugais et est bipolarisée : la côte ouest est tournée vers le Brésil qui aurait été découvert en 1500 et la côte est vers les Indes (elle dépend de Goa sur le plan administratif).

En 1592, un gouvernement général est créé à Luanda en Angola, deuxième colonie la plus riche après le Brésil ; mais jusqu’en 1717 le siège de l’évêché est à Bahia au Brésil.

L’extension de l’empire, les difficultés en Europe et la concurrence d’autres puissances dans l’Océan Atlantique et l’Indien (Français, VOC, West Indian Company) signent le déclin de ce premier empire.

L’empire colonial se développe à nouveau au XVIIème siècle vers l’intérieur (Zambèze) puis reflue à la fin du siècle ; au XVIIIème siècle, l’Angola est exploité pour 6 Il ne faut pas se limiter à ces dates dans le livre.

La sous-partie intitulée « 1961-1974 : dans l’impasse » parle d’une grève de 1959 en Guinée portugaise.

7 Les propos en italique sur ces comparaisons ne reflètent donc pas une idée d’A.

Enders mais une comparaison de son propos avec le cours sur la colonisation italienne donnée par J-D.

Durand en 2012 à l’Université Lyon III.. »

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