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Extraits du discours du général George Marshall prononcé à l'université de Harvard le 5 juin 1947 (histoire)

Publié le 17/01/2022

Extrait du document



« ... Dans de nombreux pays, la confiance en la monnaie nationale a été brisée. La destruction des structures commerciales de l'Europe a été complète pendant la guerre.
La reprise a été sérieusement retardée par le fait que deux ans après la fin des hostilités un règlement de paix n'a pas pu être obtenu avec l'Allemagne et l'Autriche.
Même s'il y avait une solution rapide à ces problèmes délicats, la remise en ordre de la structure économique européenne demandera à coup sûr un délai plus long et un effort plus grand que prévu.
La vérité, c'est que les besoins de l'Europe en produits alimentaires et autres produits essentiels — essentiellement de l'Amérique — au cours des trois ou quatre années à venir dépassent à ce point sa capacité de paiement, qu'elle a besoin d'une aide supplémentaire importante si on veut lui éviter de graves troubles économiques, sociaux et politiques.
En dehors des effets démoralisants sur le monde en général et des risques de troubles résultant du désespoir des peuples en cause, les conséquences sur l'économie américaine seront claires pour tous. Il est logique que les États-Unis fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour favoriser le retour du monde à une santé économique normale sans laquelle il ne peut y avoir ni stabilité politique, ni paix assurée. Notre politique n'est dirigée contre aucun pays, ni doctrine, mais contre la faim, la pauvreté, le désespoir et le chaos. Son but devrait être le rétablissement d'une économie mondiale saine de façon à permettre le retour à des conditions politiques et sociales dans lesquelles peuvent exister des institutions libres ... Tout gouvernement qui consent à nous aider dans la tâche de renaissance trouvera, j'en suis sûr, une coopération complète de la part du gouvernement américain. Tout gouvernement qui manoeuvre pour arrêter la renaissance d'autres pays ne peut attendre d'aide de notre part. De plus, les gouvernements, partis politiques ou groupements qui cherchent à perpétuer la misère humaine pour en profiter politiquement
ou autrement, rencontreront l'opposition des Etats-Unis.
... Il ne serait ni convenable ni efficace de notre part de mettre en application unilatéralement un programme destiné à remettre l'Europe sur ses pieds, économiquement. C'est l'affaire des Européens. L'initiative, à mon avis, doit en venir d'Europe. Le rôle de notre pays devrait consister à aider les Européens à élaborer un tel programme, et ensuite à l'appliquer, dans la mesure où nous pourrons le faire. Le programme devrait être agréé par la majorité, sinon la totalité, des nations européennes.
Avec des précautions, et l'acceptation, de la part de notre peuple, des vastes responsabilités que l'histoire nous a déléguées, les difficultés que j'ai rappelées peuvent et doivent être surmontées. «


d'après H.S. Commager, Documents of American History, New York, 1949


QUESTIONS

1° Quel est le contexte du discours de G. Marshall?
2° Quelles sont les raisons invoquées par Marshall et les objectifs recherchés? A quels pays s'adresse-t-il et que leur propose-t-il?
3° Comment les propositions de Marshall furent-elles accueillies et quelles furent les conséquences internationales de ce discours?
4° Quels pays bénéficièrent du plan Marshall? Comment fonctionna-t-il? Quel bilan peut-on en dresser?
  

« villes et les voies de communication ont beaucoup souffert des bombardements.

L'activité économique estdésorganisée faute de matières premières, de capacité d'achat et de techniciens compétents.

Les surfacesagricoles sont réduites, les rendements ont baissé et la pénurie alimentaire entraîne un sévère rationnement et unepoussée inflationniste.

Si l'Europe veut se redresser, elle doit importer massivement mais elle n'en a pas les moyens.L'hiver 1946, très rigoureux, accentue la pénurie de charbon et de produits alimentaires. 2 Le contexte social.

L'aggravation de la situation économique entraîne la montée de l'agitation sociale dès le débutde 1947.

Les grèves se succèdent.

Le nombre des chômeurs augmente (2 millions en Italie, plus d'un million enAngleterre).

Les partis de gauche volent de succès en succès (26 % des suffrages au PCF, 19 % au PCI).

Lescommunistes entrent au gouvernement en France et en Italie. 3 Le contexte international.

Partout, le communisme progresse.

L'Armée rouge occupe toute l'Europe de l'Est et yimpose des régimes communistes.

Les communistes résistants se sont imposés en Yougoslavie et en Albanie etcombattent en Grèce pour conquérir le pouvoir.

Alors, le président Truman définit la doctrine de l'endiguement(containment), qui consiste à soutenir financièrement les pays voulant résister au communisme : la Turquie, l'Iran, laGrèce.

Dans ce contexte de guerre froide, les ministres communistes quittent, en mai 1947, les gouvernementsfrançais et italien. II Les objectifs du plan Marshall 1 C'est l'application de la doctrine Truman d'endiguement aux pays industrialisés d'Europe.

Son but est double :— réduire la misère et le mécontentement qui risquent de jeter les pays d'Europe dans les bras des communistes,— remonter les économies européennes pour qu'elles continuent par leurs achats, à être des partenaireséconomiques pour les USA. 2 L'offre s'adresse à tous les pays d'Europe y compris l'URSS (mais Marshall se doute bien qu'elle refusera).

Il s'agitd'une aide massive, sous forme de dons et de prêts, une aide globale, organisée et assortie de conditions.

LesEuropéens devront prendre l'initiative d'élaborer leur programme. III L'accueil fait aux propositions Marshall 1 Les gouvernementaux d'Europe occidentale l'acceptent à la conférence de Paris (juin-juillet 1947).

Seize paysacceptent la proposition Marshall, évaluent leurs besoins pour la période 1948-1952 à 22 milliards de dollars,demandent aux États-Unis d'en financer 19 (somme qui sera ramenée à 12) et fondent l'OECE (OrganisationEuropéenne de Coopération Économique) en avril 1948. 2 L'URSS refuse le plan Marshall de façon violente et le présente comme un moyen utilisé par les USA pour établirleur domination économique et politique sur l'Europe, encercler l'URSS en attendant de mener contre elle une guerrede conquête.

Elle interdit aux démocraties populaires de l'accepter et la Tchécoslovaquie (le coup de Prague n'a pasencore eu lieu) qui avait accepté l'invitation franco-britannique de se rendre à la conférence de Paris, prévue pourle 12 juillet, revient sur sa décision pour ne pas porter « atteinte aux rapports amicaux qui existent entre elle etl'Union soviétique ».

L'attitude des Soviétiques s'explique, car leur acceptation les aurait obligés à lever le « rideaude fer » et à partager leur influence sur l'Europe de l'Est.

Mais leur riposte va plus loin : en octobre 1947, ils créentle Kominform, dont le but est de renforcer leur contrôle sur les PC d'Europe orientale, de France et d'Italie.

Le mondeest désormais coupé en deux camps irréconciliables (doctrine, Jdanov). IV Le fonctionnement du plan Marshall 1 Les pays de l'OECE sont le Royaume-Uni, la France et la RFA, l'Italie, la Grèce, les Pays-Bas, l'Autriche, laBelgique, le Luxembourg, la Turquie, la Norvège, le Danemark, l'Islande, la Suède, le Portugal et l'Irlande.2 Les mécanismes du plan Marshall.

Chaque pays présentait ses demandes et les fournitures (blé, autres denréesalimentaires, produits pétroliers, minerais, coton, produits sidérurgiques...) étaient acheminées vers l'Europe,vendues aux entreprises par chaque gouvernement; les fonds collectés servant à constituer un « fonds decontrepartie » destiné à moderniser les mines, lesmoyens de transport et à créer des sources énergétiques.3 Le bilan est nettement positif.

Les grands pays de l'Europe de l'ouest (Royaume-Uni, France, RFA, Italie) ont étérelevés en quelques années : ils ont reçu à eux quatre plus de la moitié de l'aide US.

Les États-Unis n'ont pas connude crise de surproduction comme après 1919 et des circuits commerciaux et financiers se sont créés par-dessusl'Atlantique.

La misère de l'après-guerre a peu à peu disparu et les cartes de rationnement ont été supprimées.

Surle plan social, le mécontentement a été réduit et la vie politique s'est normalisée.

Mais les partis communistes ont. »

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