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Histoire de l'histoire ! De Hérodote à Febvre

Publié le 16/06/2013

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histoire

• L'histoire se donne de nouveaux objets d'études. Ainsi, Marc Ferro a initié la réflexion sur le cinéma et l'histoire. Il utilise le cinéma comme instrument de connaissance de l'histoire des sociétés, considérant que cet art livre un témoignage au même titre que des sources traditionnelles (le Cinéma, une vision de l'histoire, 2003).

• Alain Corbin (né en 1936) marque sa discipline par son approche novatrice sur l'historicité des sens et des sensibilités, ce dont témoigne son travail sur l'odorat et l'imaginaire social (le Miasme et la jonquille, 1982). Ce même Corbin s'intéresse aux anonymes, avec son histoire d'un sabotier inconnu (le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, 1998). Dans la même veine, Jean-Louis Flandin (1931-2001 ) renouvelle l'histoire de la famille, de la sexualité et de l'alimentation (Familles - Parenté, maison, sexualité dans l'ancienne société, 1976).

histoire

« •C'est ainsi que des sciences annexes de l'histoire voient le jour.

La chronologie , notamment celle de la période julienne, acquiert ses lettres de noblesse avec l'historien et philologue Joseph -Juste Scaliger (1540- 1609 ).11 en va de même avec la paléo graphie, à laquelle est associé le nom de Bernard de Montfaucon {1655-1741 ), auteur de la Paléographie ~---~-~ grecque (1718) (& et /'Antiquité e~ expliquée (1719).

De son côté , le bollandiste -membre d'une société qui travaille à partir du XVII' siècle au recueil de l'histo ire de la vie des saints -Daniel Van Papenbroeck {1628-17 14) donne une impulsion remarquab le à la diplomatique , c'est-à-dire à l'étude de la structure des documents officiels en s 'intére ssant à leur classification, leur valeur, leur âge et leur authenticité.

Certains travaux de la période demeurent encore aujourd'h ui des référenc es.

C'est notamment le cas de l'analyse du Code théodosien à laquelle Jacques Godefroy {1587 -1652) consacre trente années de sa vie.

•Si l'érudition est bien la marque de fabrique d e l'histoi re entre le xv• et le XVII' siècle, celle-ci doit encore s'affirmer comme un moyen et non comme une fin Les historiens des XVIII' et x1x• siècles s'y emploieront.

XVlll'·XIX ' SIÈCLE: L'HISTOIRE S'AUTONOMISE l'hUDITION COMME MOYEN • Nécessaire au travail de l'historien, l'érudition ne se suffit pas à elle-même.

Davantage que la simp le mise en perspective des documents collectés et soumis à une analyse critique , l 'érudition doit être replacée dans une vision plus large du passé.

• !:historien britannique Edward Gibbon {1737- 1794 ) mène cette tâche à bien , comme l'atteste son Histoire de la décadence el de la chute de l'Empire romain {1776-1788) .

Il s'appuie notamment sur les travaux des érudi ts français de l'Académie des inscriptions .

Bien que son œuvre soit marquée par l'idéologie du droit nature l, Gibb on forme des hypothèses sur lesquelles les historiens d'aujourd'hui débattent encore .

·!:historien britannique ouvre la voie aux travaux de !'Allemand Leopold von Ranke {1795-1886) dont !' Histoire des peuples romans et germaniques entre 1494 et 1535 (1824) réalise une habile synt hèse entre le dépouillement du compte­ rendu précis des documents et l'énoncé des problématiques nées de celui-ci.

Ranke s'intéresse aussi à l 'histoire de la France et de la Grande-Bretagne aux XVI' et XVII ' siècles, deux pays auquel il consacre à chacun un ouvrage {1852- 1861, pour la France , et 1859 - 1869 pour la Grande-Bretagne ) en insistant sur la vigueur des courants intellectuels qui s'y sont développés .

Historien de premier ordre , Ranke est le créateur de l'école ----- -- historique allemande dont l'antiquisant Theodor Mommsen (1817- 1903) s'impose bientôt comme la figure emblématique.

L'HISTOIRE DES CIVIUSATIONS • Alors que l'histoire telle que la conçoivent Gibbon et Ranke est encore exclusivement politique ou religieuse, d'autres commence nt à entreprendre l'histoire globale d'une civilisation .

C'est l'objectif que poursuit Voltaire (1694-1778) avec son Siècle de Loui s X IV (1751) et son Essai sur les mœurs et l'esprit des nations (1756) .

• L e Bâlois Jacob Burckhardt (1818 - 1 897) s 'engage dans cette voie en s'intéressant particulièrement à l'histoire culturelle.

Sa magistrale Civilisatio n de la Renaissance en Italie {1860 ) reste la " Bible " des historiens et des historiens de l'art sur ce sujet.

• Parallèlement à l'histoire cultu r elle se déve loppe l'histoire économique , inaugurée dès 1843 par !'Allemand Wilhelm Roscher { 1817-1894) qui, avec ses collègues Bruno Hildebrand { 1812- 1878) et Karl Knies {1821-1898) , s 'attache à dégager une théorie historique de l'économie politique.

LA PENSÉE ET L'HISTOIRE • Plus largement les historiens commencent à considérer que tout ce qui est humain relève de la science sociale .

Il appartient aux historiens romantiques françai s, notamment à Adolphe Thier s {1797 -18n), Fran çois Guizot (1787-1874 ), Auguste Migne! (1796-1884) , Guillaume Barante (1782 -1866 ), Augustin Thierry (1795-1856) ou Jules Mkhelet (1798 -1874), aux côtés de l eurs collègues allemands et britanniques -parmi lesqu e ls Ranke et Gibbon- , de mettre en mouvement , à la lumière de l'expé rience des luttes politique s et sociales issues de la Révolution françai se, les concepts et les notions é laborées au siècle des Lumières et les méthode s é rudite s invent ées depuis la Renaissance .

• !:écriture de l 'histoire -la manière et le style -évolue aussi , portée notamment par le souffle de M ichelet.

•Ainsi, et bien qu'ils revendiquent une approc h e scientifique, des historien s français comme Hippo lyte Taine (1828 -1893 ), Ernest Renan (1823-1892) ou Fustel de Coulanges (1830 -1889 ) marquent les esprits par l'expos é de leur sensibi lit é litt éraire .

• Quels qu'ils soient, les historiens puisent leur inspiration dans les différentes philo sophies de l 'histoire , autremen t dit dans les grands courants de la pensée occidentale , du romantisme , du rationalisme, de l'empirisme libéral ou encore du marxisme.

!:évolutionnisme qui traverse l'œuvre des grands penseurs du x 1x • siècle comme Friedrich Hegel (1770-1831 ), August e Comt e (1798 -1857 ), Charles Darwin (1809-1882 ) ou Karl Marx (1818-1883) , imprime également sa marque sur la recherche historique.

•C'est en tant que produit de ces divers courants de la pensée occidentale que l'histoire moderne naît au x1x• siècle .

·Dans le même temp s, l'histoire devient une discipline qui s'enseigne à l'éco le et à l'unive rsité.

!:historien profes sionnel apparaît.

Les États , à l'instar de la Conv ention en France , organisent l a conservation des documents , des archives et subventionnent les recherches.

L'HISTOIRE AUJOURD'HUI lEs LIMITES OE L'HISTOIRE POSITIVlm • Entre la fin du x1x• siècle et les années 1920, l 'histoire paraît être victime de son propre succès .

Assurée dans ses méthode s, l'histoire des historiens -l'histoire universitaire -croit possible de s'émanciper des hypothèses et des interrogations surgissant des événements politiques et de la pensée philosophique .

Elle écarte comme non historique tout fait n 'ayant pas reçu la consécration du document écrit.

Ce faisant, cette histoire positiviste restreint son domaine à l'histoire politique et à l'histoire des seules personnalités ou événements susce ptibles de laisser des traces écrites .

Parallèlement l'histoire abandonne ses prétentions aux explications g lobales pour se limiter à des explications partielles .

• En dépit de ses protestations d 'object ivité, cette histoire positiviste n 'est pas indépendante des idéologie s, notamment libérales et nationalistes, qui sous-tendent les recherches du Français Charles Seigno bos (1854-1942 ) et de !'Allemand Heinrich von Treitschke (1834-1896 ), député nationaliste , parti san ouvert de Bismarck et du retour de l'Alsace à la Prusse et dont l'antisémitisme inspirera les nazis .

Il en est de même de son compatriote Wilhelm Mommsen {1892- 1966 ), sympathisa nt notoire des nazis qui perdit son emploi en 1945.

LA RÉACTION DES ANNALES • Dès la fin des années 1920 , contre le mirage de l'absolution positiviste et sous l'effet de l' ébranlement des certitudes au lendemain de la Grande Guerre, de la crise mondiale, du développement et de l'audience du marxisme , du mouvement ouvrier, de l 'irruption des masses dans l'histoire qui se fait se développe en France un mouvement d'histoire sociale globale .

Refusant de s 'intéresser a u x seuls événements politiques, cette histoire globale , tournée vers la longue durée, élargit le champ des sources habituelles : pour elle tout est document.

• Cette histoire globale , qui trouve dans le structuralisme un terreau fécond , est introduite par Lucien Febvre (1878-1956) et Marc Bloch (1886-1944 ).

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale , elle s'institutio nnali se grâce àFemand Braudel (1902 -1985) qui, avec Febvre, fonde en 1929 la revue des Annales d'histoire économique et sociale .

Parallèlement est créée l'École des hautes études en sciences sociales ( EHESS).

•Dans le cadre de l'histoir e globale , tout est objet d'histoire : l'économie , les mentalit és, la biologie ou la culture.

!:histoire est somm ée d 'intégrer les questions , les méthodes et les conclusions de nombreu ses autres disciplines .

Conduite à traiter des faits de masse, l'histoire développe des méthodes quantitatives .

L'ESSOUFFLEMENT DE L'HISTOIRE 'LOBAU •Un peu à l 'instar de ce qui s'était passé lors du triomphe du positivisme, le projet globalisant hégémonique dans les sciences socia les, finit par s'essouffler , victime de ses contradictions.

Telle scie nce humaine -linguistique, socio logie , psychana lyse, ethno logie - n'est-elle pas plus « explicative" que l'histoire ? !:étude évolutive des sociétés n 'est-elle pas plus scientifique que leur analyse historique? • Pour autant, ce courant de l'histoire g lobale est très fécond.

En témoigne notamment l 'histoire des mentalités collectives que Georges Duby (1919-1996 ) -le Dimanche de Bouvines (1973 ) - définit comme " une histoire de l'évolution de l'esprit humain , dont le cheminement est parallèle à l'évolution des coutumes , des techniques ou des collectivités "· • Cette histoire des mentalité s est illustrée par Philippe Ariès (1914 -1984 ) -auteur de /'Homme devant Io mort (1977 ) -, Jean Delumeau (né en 1923 ) -Io Peur en Occident (1978 ) -, Jacques le Goff (né en 1924 ) -Un long Moyen Age (2004) -, ainsi que le Britannique Keith Thomas (n é en 1933 ) ou !'Américaine Natalie Zeman Davis (née en 1928 ).

• !:histoire des mentalités ouvre la voie à la micro-histoire qui doit son essor aux travaux de l'italien Carlo Ginzburg (né en 1939 ) -le Fromage et les vers : l'univers d'un meunier frioulan du xv1• siècle (1976 ).

Dans cette même veine figure également le travail d 'Emmanuel Le Roy Ladurie (né en 1929) -Montai llou, village occitan de 1294 à 1324 (1975) .

Dan s ces deux derniers cas, un point de départ limit é éclaire des pans entiers du passé.

PLUS D'UNE DEMEURE DANS LA MAISON DE L'HISTORIEN •À côté de l'école des Annales , de l'histoire des mentalités ou de la micro-histoire , l'histoire événementielle fait son retour dans les années 1970, comme en témoigne le succès public de la biographie et l'essor de l'hi s toire immédiate où se mêlent histoire, journalisme et sociologie .

Ce mouvement initié au début des années 1960 par Jean Lacouture (né en 1921 ) se déve loppe sur le plan universitaire dans le cadre de l'Institut d 'histoire du temps présent sous la houlette de François Bédarida (1926-2001).

• Parmi les autres tendance s actuelles de l'histoire figure la nouvelle histoire politique qui, autour de René Rémond (1918 -2007), fait la synthèse des traditions de l'In sti tut d'études politique s et celles de !'École d'histoir e des relation s internationale s créée par Pierre Renouvin (1893-1974).

LES NOUVEAUX «OBJETS» DE L'HISTOIRE • !:histoire se donne de nouveau x objets d 'études .

Ainsi , Marc Ferro a initié la réflexion sur le cinéma et l'histo ire.

Il utilise le cinéma comme instrument de connaissance de l'histoire des sociétés, considérant que cet art livre un témoignage au même titre que des sources traditionnelles (le Cinéma , une vision de l'histoire , 2003) .

• Alain Corbin ( n é en 1936 ) marque sa discipline par son approche novatrice sur l'historicité des sens et des sensibilités , ce dont témoi g ne son travail sur l'odorat et l'imaginaire socia l (le Miasme et/a jonquille, 1982 ).

C e même Corbin s'intéresse aux anonymes, avec son histoire d'un sabotier inconnu (le Monde retrouvé de Louis-Fran çois Pinagot, 1998) .

Dan s la même veine, Jean-Loui s Flandin (1931-2001 ) renouvelle l 'histoire de la famille, de la sexualité et de l'alimentation (Familles - Parent é, maison , sexualité dons l'ancienne société, 1976) .

• D e son côté , Gérar d Noirie! (n é en 1950) apparaît comme un pionnier de l'histoire des flux migratoires .

Son ouvrage le Creuset français (1988 ), constitue la toute première histoire générale de l 'immigration en France .

• !:histoire sociale , qui irrigue les travaux de ces chercheurs français , aura été ouverte par Rolande Trempé et sa thès e consacrée aux mineurs de Carmaux d e 1848 à 1914 .

Résistante, elle s'est intéressée également à la place des femmes dans la lutte contre l'occupant nazi .

Les femmes (les Femmes ou les silences de /'his toire , 2001 ) et les mouvements ouvriers (les Ouvriers en grève , 1974 ) occupent également une place centrale dans les reche rche s de l'historienne française Michelle Perrot (née en 1928) .

• Enfin, parmi les nouveaux courants, il conv ient de mentionner la «business history » qui se met au service des entreprises afin de leur restituer leur passé .

Initié outre-Atlantique, ce courant essaime rapidement, notamment e n France -Histoire de la RATP de Michel Margairaz (1989 ) - ainsi qu'en Allemagne.

On le voit , la maison de l'historie n recèle plus d'une demeure.. »

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