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LA Colonne et l’état La «PAROLE DE PIERRE» de 1930 à 1939 : Histoire

Publié le 17/12/2018

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LA Colonne et l’état La «PAROLE DE PIERRE»

 

Au chaos des avant-gardes, au cosmopolitisme des utopistes, Adolf Hitler, dès son arrivée au pouvoir, oppose sa propre conception de l’architecture: «Le principe fondamental du nouveau style est défini par le principe d’héroïsme de la conception du monde national-socialiste. Simplicité et droiture dans la pensée exigent une expression architecturale droite et simple.» C’est la «parole de pierre». L’expression, les moyens et les formes du classicisme antique s'imposent d'emblée. De cette matrice un ordre nouveau va naître: il sera monumental.

 

En 1937, le Bauhaus de Gropius (principal mouvement allemand d’avant-garde artistique) est fermé. Au même moment, Albert Speer, jeune architecte talentueux, est nommé inspecteur général des Bâtiments et de la Rénovation de la capitale du Reich. L’artiste va s’entourer de collaborateurs et jouira d’une concentration prodigieuse de pouvoirs culturel, technique et politique. Son action sera cependant subordonnée au succès de sa mission culturelle titanesque. En la matière, le Führer demeure seul juge.

Le complexe de pharaon

 

«Au milieu d’un bois sacré, dans les siècles futurs, les hommes considéreront encore les monuments du IIIe Reich avec admiration, étonnement et respect» (Adolf Hitler). À l’évidente fragilité d’un pouvoir fondé sur une seule personne, l’architecture va offrir à Hitler l’illusion de la pérennité. Le régime nazi, qui a une autorité durable, doit, sous peine d’atteinte grave à son prestige, se représenter par un symbole architectural monumental, c’est-à-dire mémorable et stable. Aussi Hitler va-t-il prêter une attention toute particulière aux matériaux utilisés; le marbre et le granit auront naturellement sa préférence.

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« LA COLONNE ET L'ÉTAT.

LA COLONNE ET t.:ÉTAT.

L'esplanade Zeppelin de Nuremberg est destinée à accueillir les grandes cérémonies du régime.

© Slltldewscher Ver/ag LA COLONNE ET t.:ÉTAT.

La nourel/e chancellerie du Reich est inaugurée et1 jtmvrer 1939.

Ci-dessous: le bureau d'Adolf Hitler dom la superficie est de 400 m!.

© UII\IPÏII Dans les rèves du Führer, Berlin incarnera la toute·puissance du /If Reich.

Ci-contre: la maque lie du projet de rénovation, conçue en /937 par J'architecte Albert Spur, à panir de croquis dessinés par Hitltr en 1925.

© Ullstein LE COMPLEXE DE PHARAON «Au milieu d'un bois sacré, dans les siècles futurs, les hommes considéreront encore les monuments du III' Reich avec ad­ miration, étonnement et respect» (Adolf Hitler).

À l'évidente fragilité d'un pouvo ir fondé sur une seule personne, l'architecture va offrir à Hitler l'illusion de la pérenn ité.

Le régime nazi, qui a une autorité durable, doit, sous peine d'attei nte grave à son prestige, se représen­ ter par un symbole architectural monumental, c'est-à-dire mémorable et sta b le .

Aussi Hitl er va-t-il prêter une attention toute particulière a u x matériaux utilisés; le marbre et le granit auront naturellement sa p réf ére nce .

Dans un intérêt politi qu e plus immédiat, l'architecture clas­ sique, soucieuse d'ha rmoni e, va offrir au ré gim e nazi une face policé e ct respectable, permettant ainsi de convaincre les observateurs les plus sc epti ques des intentions civilisatrices du système national-socia­ liste.

PROJETS ET RÉALISATIONS Rarement dans l'histoire, la construction de monuments destinés à glo rifi er des victoires a été anticipé e de la sorte.

Dès les ann ées vingt, Hitler, dont la jeunesse a été marquée par l'échec d'une ca.rri ère art is ti q ue, projette dans des premières esquisses d'architec­ ture la visio n de son triomphe futur.

Une fois parvenu au pouvoir, le rêve d'un empire mondial se ma téria li se dans les plans et projets réalisés par ses architectes.

Dessins et maquettes vont être en eux­ mêmes des obje ts de propagande.

Pour le Fü hre r, l'architecture est ainsi une sorte de con firmation anti cipé e du réalisme de ses buts politiques.

Le plus important de ces proj et s est incontestablement le nouveau plan de Berlin.

Le 30 janvier 1937, Hitler in fo rm e le.

Reich­ stag de ses projets de modernisation de la capitale allemande.

A partir de cette date, Berlin est pensée comme le centre symbolique d'une Europe in clu ant la Russie, une Europe totalement soumise, centra li­ sée et mo bili sée .

Cette nouvelle capitale du Reich doit être compar ab le , se­ lon les vœux de Hitler, à l'ancienne Égypte, à Babylon e et à Rome.

Vunité métropo lita in e doit être assurée par un axe principal Nord­ S ud .

Cet axe, sans aucun doute destiné à être la vitrine d'a ppar at et des exploits du Reich, s'étendrait su r cin q kilomè_tres.

Défilé monu­ mental de toutes les institutions et agences de l'Etat, du gouverne­ ment, des industries et du parti .

Au nord, la grande place, apogée triomphale de l'axe, épicentre idéologique et géographique du Reich, serait dominée par la masse colossale de la grande halle.

Celle-ci, destinée à accueillir quelque 180 000 personnes, aurait un diamètre de 46 mètres, dépassant ainsi ceux des coupoles du Pant héo n ct de la basilique Saint-Pierre, et serait ceinturée de cent piliers de marbre blanc.

Au sud, l'arc de triomphe, dessiné par Hitler dès 1925, qui doit être le symbole des nombreuses victoi res r em por tées dans des guer res f on da trice s du no uve l E mp ire .

Ainsi rêve Hitler: «On con duir a à tra vers la capita le du Reich les tro upe s d e Ki rg hiz es afi n q u'ils p uiss en t rem pli r leur im ag i­ nation de la pu issa nce et de la grandeur de la ville.» Et parallèlement à la restructuration de la capitale, en coo rdin a tion avec l'invasion militaire de l'Est, on élabore les plans d'une occupation allemande pe rma nen te des territoires occupés.

En effet, on imag in e qu'après la d éfait e de leurs armées les monuments civils et religieux des peuples vaincus seront systématiquement détruits.

Un grand nombre de villes types de 20 000 habitan ts seront édifiées, reliées entre elles par tout un réseau d'autoroutes et de chemins de fer.

Au centre de ce réseau: Berlin.

L:ampleur du projet d'ensemble de réno va tion architectu­ rale et les contraintes nouvelles imposées par la guerre ne permettront q ue de rares réalisations.

Deux d'entre elles, œuvres d'Albert Speer, sont partic ul iè rem ent révélatrices: l'esp lanade Zeppe li n à Nuremberg est réalisée en 1935.

EUe est destinée à accu eilli r les grandes manifes­ tations du régime.

Dans un éd ifi ce au plan de construction rigoureux et figé, la communion est parfaite avec le défilé ordonné et austère des colonnes militaires.

La nouvelle chancellerie est achevée, comme l'a­ vait exigé Hitler, pour la réception du corps diploma�que en janvier 1939, grâce à qu elq ue huit mille artisans et ouvriers.

A la veille de la guerre, la nouvelle chancellerie est l'archétype de la polit iqu e d'inti­ midation suivie par le Führer.

La démesure l'e m port e: à l'extérieur, d'immenses façades à colonnades; à l'int éri eur , quatre cent vingt pièces se succèdent pour former une promenade arc hi te ct urale monu­ me ntal e.

IsoLEMENT ET CRÉPUSCULE Après les premières années de guerre, le phénomène d'i­ so lem en t s'accentue et se ressent dans les œuvres d'Albert Speer et de ses colla bo rateu rs.

Le sty le architectural, d'abord reftet des co nquê tes , console bientôt des premières défaites pour sombrer enfin dans une em ph ase préte ntieuse .

Un culte néo- ro m an tiq ue et crépus­ culai re s'emp lo ie dorénavant à méditer sur l'essentiel: l'héroïsme du Casque d'acier et le culte des morts.

Une vision tragique et macabre do mi ne jusqu'à la fin.

Ainsi, le proje t de l'arc de triomphe dévié de sa fonction initiale devait à terme voir gravés dans son gr anit les noms des 1 800 000 morts de la Première Guerre mondiale, telle une im­ mense nécro p ol e.. »

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