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La conférence afro-asiatique de Bandoeng (1955) - Histoire

Publié le 17/01/2022

Extrait du document



La conférence afro-asiatique déplore la politique et les pratiques de ségrégation et de discrimination raciales qui forment la base du système politique et des rapports humains dans de vastes régions d'Afrique et dans d'autres parties du monde... Considérant la situation instable en Afrique du Nord et le refus permanent d'accorder aux peuples d'Afrique du Nord leur droit à disposer d'eux-mêmes, la conférence déclare appuyer les peuples d'Algérie, du Maroc et de la Tunisie à disposer d'eux-mêmes et à être indépendants, et elle presse le gouvernement français d'aboutir sans retard à une solution pacifique de cette question...
La conférence est d'accord :
1. Pour déclarer que le colonialisme, dans toutes ses manifestations, est un mal auquel il doit être mis fin rapidement; 2. Pour déclarer que la question des peuples soumis à l'assujettissement à l'étranger, à sa domination ou à son exploitation constitue une négation des droits fondamentaux de l'homme, est contraire à la charte des Nations unies et empêche de favoriser la paix et la coopération mondiales;
3. Pour appuyer la cause de la liberté et de l'indépendance de ces peuples;
4. Pour demander aux puissances intéressées qu'elles accordent la liberté et l'indépendance de ces peuples.


Extrait du communiqué final (24 avril 1955).


Vous ferez un commentaire de ce document, soit en le composant librement, soit en répondant aux questions suivantes destinées à guider votre réflexion :
1° Parmi la trentaine de nations présentes à Bandoeng, quelles sont les plus en vue par leur prestige ou celui de leurs dirigeants?
2° Quels sont les objectifs communs des nations de Bandoeng? Sur quels principes reposent-ils? Par quels moyens ces nations espèrent-elles les faire triompher?
3° La France est mise en cause en Afrique du Nord : la situation vous semble-t-elle identique, au printemps de 1955, pour l'Algérie d'une part, pour le Maroc et la Tunisie d'autre part?

« Ghana et le Liberia. 3 Les leaders.

Plusieurs chefs d'État ont dominé la conférence de Bandoeng : Nehru, Premier ministre de l'Unionindienne qui se veut résolument neutraliste (il vient de refuser une aide économique et militaire américaine) etanticolonialiste (la France lui a rétrocédé les cinq comptoirs qu'elle possédait, dont Pondichéry, Chandernagor...

etle Portugal conserve encore Goa); Nasser, le colonel progressiste qui a pris le pouvoir en Égypte en 1954, l'un desleaders de la Ligue arabe; Zhou Enlai, Premier ministre chinois dont l'habileté va permettre à la conférence des'accorder sur une plate-forme de principes généraux. II Les objectifs de la Conférence de Bandoeng et les moyens qu'elle propose 1 Les principes ont déjà été définis à la conférence de Colombo (1954) par les cinq pays qui ont convoqué ensuitecelle de Bandoeng et par un traité signé la même année par la Chine et l'Inde.

Il s'agit du respect des droits humainsfondamentaux, de l'intégrité territoriale de toutes les nations, de l'égalité de toutes les races et de toutes lesnations mêmes petites, de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, du règlement de tous lesconflits internationaux par des moyens pacifiques, de la coopération économique en faveur du Tiers monde.

Ce sontlà des principes modérés, acceptables par tous les pays participants, même par ceux qui sont liés à l'Occident. 2 Les objectifs sont simples : contraindre les pays colonisateurs à renoncer à leurs colonies, car le colonialisme est« une négation des droits fondamentaux de l'homme » et contraire à la Charte des Nations-Unies; promouvoir entreles nations des relations fondées non sur l'emploi de la force mais sur la reconnaissance de l'égalité; favoriser l'aideéconomique non intéressée des pays industriels au Tiers monde. 3 Les moyens.

On remarquera le ton très modéré du communiqué final.

C'est une déclaration de guerre aucolonialisme mais non aux États colonisateurs : ainsi la France est « pressée » « d'aboutir sans retard à une solutionpacifique » ...

La conférence « demande aux puissances intéressées qu'elles accordent la liberté et l'indépendance àces peuples ».

Il s'agit donc avant tout d'une pression morale.

Mais une caution est donnée aux peuples qui veulentconquérir leur indépendance et il est dit qu'on les « appuiera ». III La mise en cause de la France 1 Le cas de la France en 1955.

Contrairement au Royaume-Uni qui a su préserver ses intérêts économiques enconcédant à temps l'autonomie, puis l'indépendance à ses possessions asiatiques (qui sont ainsi restées membres duCommonwealth, sauf la Birmanie), la France a refusé le désengagement colonial, malgré les promesses faites par deGaulle (discours de Brazzaville et de Constantine).

En 1954, elle est battue à Diên Biên Phu et doit quitterl'Indochine au moment où la demande d'émancipation gagne le Maghreb.

Il est donc logique que la conférence deBandoeng l'accuse en priorité : la France est en mauvaise posture après son échec militaire et le moment est idéalpour faire pression afin qu'elle parte d'Afrique du Nord. 2 La situation en Tunisie et au Maroc.

Ce sont des protectorats, avec l'apparence d'un gouvernement autonome;des souverains traditionnels (bey de Tunis et sultan du Maroc) y incarnent la légitimité et le Résident général(français) y exerce la réalité du pouvoir.

Il y a peu de colons français dans ces deux pays et lorsque se créent desmouvements nationalistes (Néo Destour en Tunisie, Istiqlal au Maroc) multipliant, surtout après 1952, les grèves etles actes de terrorisme, la métropole, d'abord sur la défensive, change de politique à partir de 1954 (gouvernementMendès France).

Celui-ci reconnaît en 1954 l'autonomie interne de la Tunisie (des négociations la conduiront àl'indépendance en 1956), et, en 1955, son successeur Edgar Faure dénonce la crise marocaine en ramenant sur letrône le sultan Mohammed ben Youssef, exilé à Madagascar depuis 1953.

L'indépendance sera accordée égalementen 1956. 3 Le cas de l'Algérie est différent.

D'abord c'est un territoire français (trois départements) et on ne peut amputer leterritoire national sous peine de haute trahison.

Ensuite, sur neuf millions d'habitants, il y a plus d'un milliond'Européens de nationalité française : les « pieds noirs ».

Peut-on imaginer de les abandonner au pouvoir de leursadversaires? Enfin, la colonisation, contrairement à ce qui s'est passé en Tunisie et au Maroc, a détruit les cadresindigènes : il n'y a donc pas d'interlocuteurs avec qui négocier.

Les élites indigènes, peu nombreuses, sont à cepoint francisées que Fehrat Abbas, avant de devenir l'un des responsables de la rébellion, a pu dire que « la nationalgérienne n'existait pas ».

Aussi l'insurrection de novembre 1954 est-elle le seul moyen pour les nationalistes de sefaire entendre, car les élus de l'Assemblée algérienne (créée en 1947) sont des musulmans modérés, fidèles à laFrance.

Au moment où se réunit la conférence de Bandoeng, la révolte n'en est qu'à ses débuts et le gouvernementfrançais refuse de négocier avec le FLN (Front de Libération nationale).. »

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