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LA Guerre DES FRANÇAIS de 1940 à 1949 : Histoire

Publié le 08/12/2018

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histoire

La REVOLUTION NATIONALE

 

Le texte de loi qui attribue, le 10 juillet 1940. les pleins pouvoirs au maréchal Pétain lui assigne explicitement pour tâche d'élaborer une Constitution garante à l'avenir des droits du travail, de la famille et de la patrie. Ladite Constitution ne sera jamais promulguée, mais la devise «Travail, Famille, Patrie» résume assez bien l’idéologie de cet Etat français qui, dans les faits, va quatre années durant se substituer à la République et à son triptyque «Liberté, Égalité, Fraternité». En termes doctrinaux, le nouveau régime parle volontiers de «Révolution nationale», même si l'on sait aujourd’hui que la formule déplaisait au maréchal, méfiant à l'égard de toute «révolution», quelle qu'elle fût.

 

S’il est vrai que le nouveau régime reçoit le soutien personnel de maints hommes venus de la gauche, les sources de la Révolution nationale se situent à l’évidence à droite. Elles sont clairement, et officiellement, dans la ligne des traditions antilibérales et antidémocratiques du xixc siècle, renouvelées au début du xxe par la théorie néo-monarchiste de Charles Maurras. Sans être maurrassien au sens strict du terme — au contraire de plusieurs de ses proches, tels Henri Massis ou René Benjamin —, Pétain est depuis longtemps, comme beaucoup de dirigeants français, impressionné et influencé par cette forme de critique radicale des principes de 1789.

 

Dans la pratique, la devise Travail, Famille, Patrie se traduit par: Corporation. Ordre moral, Autorité. Ce dernier point détermine d'ailleurs tous les autres. On ne doit pas oublier, en effet, qu'indépen-damment de toute pression ou immixtion allemandes le régime de

Vichy est d'abord une dictature française. Ce caractère foncier se manifeste dans l'étendue exorbitante des pouvoirs conférés au maréchal («plus de pouvoirs que Louis XIV», a-t-on souvent dit, et la remarque est exacte), traduits sur le terrain, par-delà un discours provincialiste, par un surcroît d'autorité accordé au corps préfectoral, par la suppression de l'autonomie des collectivités locales (un nombre croissant de maires et de conseils municipaux est nommé par l'État), la mise en œuvre d'une active politique de répression policière et judiciaire. Installés durant la «drôle de guerre», les services de censure et de propagande fonctionnent désormais à plein régime.

 

«Française», la dictature vichyste permet l'application efficace de tout un programme d'exclusion à l'égard des boucs émissaires de l’extrême droite: juifs, francs-maçons, communistes... La Révolution nationale n'est pas «fasciste» dans la mesure où elle ne franchira jamais le pas totalitaire du parti ou du mouvement de jeunesse uniques. Il ne fait cependant pas de doute que ses structures autoritaires ont facilité le glissement final du régime vers une assimilation aux régimes fascistes voisins, processus déjà bien engagé lorsque survient la Libération.

 

Sur le plan économique, la Révolution nationale aspire à une double restauration: celle d'un système corporatiste, où les tensions sociales seraient gérées par des structures regroupant obligatoirement les agents économiques (interdiction des centrales syndicales, de la grève et du lock-out), celle d'une société d’essence rurale, où paysannerie et artisanat occuperaient le haut du pavé. Dans les faits, les contradictions idéologiques du régime autour de la nature exacte du corporatisme, les nécessités de l’économie de guerre, enfin la logique propre aux dictatures ont surtout fait de Vichy l’époque la plus dirigiste de l’histoire de France dans le domaine économique, notamment par le biais de comités d’organisation par branche confiés au patronat. Au reste, l'édifice corporatiste, couronné en 1941 par une Charte du travail, demeure largement inachevé à l'heure de la Libération, à l'exception du secteur agricole, choyé par le régime, qui se donne le temps de mettre en place un système complet de corporation paysanne.

 

Enfin, la Révolution nationale est un ordre moral, qui entend réagir contre la supposée décadence de l'ère démocratique. Dans une atmosphère de mea culpa collectif illustrée par la mise en accusation de quelques personnalités de la IIIe République (procès de Riom), elle met en place une ambitieuse politique de la jeunesse et de la famille, solennellement soutenue par l'Église de France. Par haine de l’«esprit primaire», laïque et démocrate, les écoles normales d'instituteurs sont fermées, les écoles privées subventio autour des valeurs nouvelles par une politique élitiste, communautaire et spiritualiste fortement inspirée du modèle scout (Chantiers de la jeunesse, Compagnons de France, Jeune France). Le retour de «la femme au foyer» est encouragé par diverses mesures incitatives (allocations) mais aussi dissuasives qui renforcent l'arsenal répressif contre les «fléaux sociaux», où l’on retrouve pêle-mêle l’alcoolisme, le divorce ou l’avortement (une des dernières femmes guillotinées en France le fut sous Vichy, le 30 juillet 1943, comme avorteuse).

 

On se gardera cependant de ne voir dans l'œuvre de Vichy que ses dimensions «réactionnaires». La carte, plus ou moins sincère, de la Révolution nationale est en effet jouée aussi par un ensemble de technocrates modernisateurs, convaincus qu’un régime autoritaire permettra d'accélérer l’organisation et la rationalisation des structures économiques et sociales. Plusieurs réformes de Vichy mises en œuvre avec cet objectif seront partiellement maintenues, plus ou moins démocratisées, par la République restaurée. Symétriquement, on discerne sans mal dans une partie de la politique culturelle de Vichy (retour à la nature, défense et illustration des arts et traditions populaires) le prolongement, involontaire et accompagné d'un discours inversé, des initiatives du Front populaire.

 

Au total, on peut avancer l'hypothèse que la Révolution nationale a laissé des traces là ou elle se coulait dans l’histoire plus longue des progrès de l’intervention étatique et de l'organisation économique et sociale. Là où elle s'est voulue «Réaction nationale», elle n'a été qu’une parenthèse, bientôt refermée. nnées, les humanités classiques renforcées. Mais on cherche aussi à mobiliser les jeunes

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« autour des valeurs nouvelles par une politique élitiste, communautaire et spiritualiste fortement inspirée du modèle scout (Chantiers de la jeunesse, Compagnons de France, Jeune France).

Le retour de «la femme au foyer» est encouragé par diverses mesures incitatives (allo­ cations) mais aussi dissuasives qui renforcent l'arsenal répressif contre les «fléaux sociaux», où l'on retrouve pêle-mêle l'alcoolisme, le di­ vorce ou l'avortement (une des dernières femmes guillotinées en France le fut sous Vichy, le 30 juillet 1943, comme avorteuse).

On se gardera cependant de ne voir dans l'œuvre de Vichy que ses dimensions «réactionnaires».

La carte, plus ou moins sincère, de la Révolution nationale est en effet jouée aussi par un ensemble de technocrates modernisateurs, convaincus qu'un régime autoritaire permettra d'accélérer l'organisation et la rationalisation des structures économiques et sociales.

Plusieurs réformes de Vichy mises en œuvre avec cet objectif seront partiellement maintenues, plus ou moins dé­ mocratisées, par la République restaurée.

Symétriquement, on dis­ cerne sans mal dans une partie de la politique culturelle de Vichy (retour à la nature, défense et illustration des arts et traditions popu­ laires) le prolongement, involontaire et accompagné d'un discours inversé, des initiatives du Front populaire.

Au total, on peut avancer l'hypothèse que la Révolution nationale a laissé des traces là ou elle se coulait dans l'histoire plus longue des progrès de l'intervention étatique et de l'organisation économique et sociale.

Là où elle s'est voulue " Réaction nationale•.

elle n'a été qu'une parenthèse, bientôt refermée.

LA COLLABORATION La signature de l'armistice constitue le premier acte de la collaboration française.

Décision officielle qui engage deux États, elle s'oppose à la capitulation, acte strictement militaire: cette importante différence fut au départ l'objet principal de l'opposition entre de Gaulle et Pétain.

De l'armistice découle une série de stipulations très contrai­ gnantes pour l'Etat français, allant du soutien involontaire à la ma­ chine de guerre allemande (livraison d'or, de monnaie, de matériel) jusqu 'à la participation éventuelle à la répression nazie (livraison de réfugiés antifascistes et de juifs).

Un pas décisif est cependant franchi le 30 octobre par le maréchal, lors d'une allocution radiodiffusée.

Tirant le bilan de son entrevue de Montoire avec Hitler six jours auparavant, il annonce solennellement qu'il. »

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