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La guerre d'indépendance grecque

Publié le 26/06/2013

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Depuis la prise de Constantinople par les Turcs en 1453 et la chute de l'Empire byzantin, la Grèce est une province ottomane. Pendant près de trois siècles, cette présence est plutôt bien acceptée par le monde hellénique, qui bénéficie d'une certaine autonomie politique et d'une grande tolérance à l'égard de la religion orthodoxe . Les riches bourgeois grecs installés dans le quartier du Phanar d'Istanbul (d'où leur nom de phanariotes) jouent même un rôle important au sein de l'empire : ils contrôlent une partie du commerce et sont parfois associés au gouvernement du sultan.

« 1Y101t.

DEIJIOOIX.

HUGO n W AUDES ••• C'est peu dire que le soulèvement du peuple grec contre les Ollomans a exercé une trouble fascinalion sur le mouvement du romanlisme européen.

Poll' cette~ rongée par la mélanaJlie et l'ennui, en bulle aux normes et aux COllll'el1IÎOll de son temps, la~ acharnée et jusqu'au-boutiste des Hellènes devant des forœs bien supérieures incarne cette soif de liberté.

d'exallalion et de révolle qu'elle n'a de cesse d'assouvir.

L'image du patriote grec luttant envers et contre tout renvoie à celle du héros romantique, pour lequel la passion prime sur la raison.

Face à leurs gouvernements réilclionnaiies et calculateurs , nombre d'artistes et d'llllelleduels participent ainsi à la fondation des~ philhellènes et.

de surcroft, n'hésitent pas à mettre leur talent au service de la cause afin de mobiliser l'opinion.

Un des exemples les plus fameux est celui du peintre Eugène Delacroix, qui illuslre en 1824 l'horreur de la répression ottomane dans sa célèbre toile Scènes des massacres de Scio, au rell!ntissement inlemalional.

Le même thème est évoqué par Victor Hugo dans son recueil de poésies Les Orientales, publié en 1829 : 1 Les Turcs ont passé là.

Tout est ruine et deuil / Olio, l'le des vins, n'est plus qu'oo sombre écueil ...

• (L'Enfant.) Mais la figure la plus emblématique de l'engagement des romantiques demeure incontestablement celle de l'iDustre poète anglais lord Byron, qui en 1824 se rend en Grèce pour participer à la défense de Missolonghi assiégée par les Turcs.

Vlclirne de fièvres, il y décède peu après.

Sa mort a un retentissement international el contribue à la prise de conscience occidentale du sort du peuple grec.

ou encore le général français Charles Fabvier, qui prendra une part prépondérante à la défense d'Athènes assiégée en 11126.

L'IMMOBIUSME OE LA SAINŒ•AuwlCE La sympathie de l'opinion publique pour la révolte hellène contraste avec les réticences des gouvernements européens .

Depuis 1815, les affaires européennes sont régies par l'ordre réactionnaire de la Sainte-Alliance (Russie, Prusse, Autriche, France et Grande-Bretagne) et la diplomatie prudente de Metternich .

Celle-ci s'est donné pour but de préserver l'équilibre européen né au lendemain de la chute de l'empire napoléonien et de se prémunir contre toute entreprise libérale ou révolutionnaire.

Dans cette optique, les gouvernements ne se montrent guère disposés à soutenir une révolte qui, circonstance aggravante, s'est placée idéologiquement dans la filiation de la Révolution française.

,__-----------.,......------------1 Certes, l'Empire ottoman déclinant le vice-roi d'Égypte Méhémet-Ali, qui dispose d'une armée moderne .

En échange de son intervention, il lui promet la Crète et la Morée O'actuel Péloponnèse), berceau de la rébellion .

En 1825, le corps expéditionnaire égyptien, fort de 16 000 hommes et de 60 navires de guerre, débarque après avoir noyé dans le sang la révolte en Crète .

Il est commandé par Ibrahim Pacha, le propre fils du vice-roi.

Malgré leur courage, les Grecs sont débordés.

Missolonghi , siège du gouvernement révolutionnaire, est reprise, puis, en 1827 , Athènes tombe à son tour .

A cette date, plus de 200 000 Grecs ont déjà péri dans le combat pour l'indépendance .

l'EUROPE n LA• QUESnON D'OllENT •• ENlllE SYMPATHIE n IÉICENCES LE MOUVEMENT PHILHELLÈNE En Europe, les milieux libéraux se sont très tôt mobilisés pour la cause des patriotes grecs, perçue comme la lutte d'émancipation nationale de la « petite Grèce » contre le « géant ottoman ».

Dès sa fondation, !'Hétairie a trouvé de nombreux appuis sur le continent En 1822, l'annonce des terribles massacres de Chio dédenche une vague d'indignation sans précédent au sein de l'opinion publique édairée .

Nombre d'intellectuels, pétris de culture grecque dassique, décident de se mobiliser pour soutenir l'héroïque résistance, de Hugo à Pouchkine en passant par Goethe.

Des comités philhellènes se créent ainsi dans toutes les grandes capitales européennes, mais aussi aux États-Unis .

Ils s'attachent à récolter des fonds et des armes en faveur des indépendantistes et font pression auprès des gouvernements pour obtenir une intervention militaire.

A Paris, outre Hugo, le comité réunit des figures aussi prestigieuses et diverses que Lamartine, Delacroix, Berlioz et Chateaubriand .

Ce vaste mouvement ne se contente pas d'un soutien indirect et déborde bientôt le seul milieu des artistes .

Préfigurant les Brigades internationales de la guerre d'Espagne de 1936, des volontaires de tous pays décident d'aller combattre les armes à la main contre les Turcs .

Encadrés par leurs propres officiers, souvent des militaires de carrière aguerris, des contingents se forment ainsi et s'embarquent en direction de la Grèce .

Devant l'inaction des pays européens, cette aide informelle mais efficace sera d'un grand secours pour des insurgés en passe d'être débordés .

Nombre d'étrangers s'illustreront tout au long des durs combats pour l'indépendance et deviendront des héros aux yeux du peuple grec : le capitaine de marine anglais • ,Q Hastin~, le général ·1S,,,;;J11 écossais Gordon attise les convoitises .

Les prétentions des Russes sur les Balkans inquiètent lAutriche, leurs visées sur les Détroits indisposent l'Angleterre, maitresse de la Méditerranée.

La France , elle, est favorable à l'émancipation de l'Égypte.

En un mot.

l'équilibre géopolitique de l'Europe et de la Méditerranée relègue le cas de la Grèce au second plan.

MÉllATION DIPLOMATIQUE Cependant.

la détermination des patriotes grecs, les massacres perpétrés par les Turcs, la sympathie grandissante de la fraction éclairée des opinions publiques, l'action des comités philhellènes et l'intervention de contingents étrangers contraignent les chancelleries européennes à entrer dans le jeu et à offrir leur médiation .

En juillet 1827 , après bien des atermoiements, la Grande-Bretagne, la France et la Russie publient le protocole de Londres, qui préconise «l'autonomie de la Grèce dans le cadre de la suzeraineté turque • .

De manière prévisible, la Sublime Porte oppose une fin de non-recevoir .

1~1m.t11 UN TOURNANT : LA llATAIW DE NAVAllN Devant le refus de tout compromis, les trois puissances signataires du protocole de Londres décident d'envoyer une flotte de guerre patrouiller au large de la Grèce .

Il s'agit non pas de combattre, mais simplement de faire pression sur le sultan pour favoriser un règlement du conflit Mais, le 20 octobre 1827, dans la rade du port de Navarin, l'escadre tripartite détruit la flotte turco­ égyptienne sans dédaration de guerre préalable.

les circonstances du déclenchement des hostilités demeurent mystérieuses.

le commandant de la flotte française, l'amiral de Rigny, qui ne fait pas mystère de sa sympathie pour les insurgés, prétextera un coup de canon tiré par un navire turc .

Provocation ou faute, la bataille navale de Navarin fait entrer la guerre d'indépendance grecque dans une phase nouvelle .

Les trois alliés présentent certes leurs excuses aux Ottomans.

Mais, dans les faits, les voilà désormais engagés militairement dans le conflit, d'autant que le sultan, en dépit de la destruction de sa flotte, refuse toujours toute solution négociée.

L'INŒRNATIONAUSATION DU CONFUT La France est la première à intervenir.

En août 1828, un corps expéditionnaire commandé par le général Maison débarque en Morée .

Aidé par les rebelles grecs, il prend rapidement le dessus sur l'armée d'lbrahim Pacha et le contraint à retourner en Égypte .

Dans le même temps, la Russie, profitant des déboires turcs, passe à l'offensive à partir de l'Arménie et du Danube.

La guerre tourne rapidement à l'avantage du tsar.

En août 1829, la ville d' Andrinople est prise : les Russes sont aux portes d1stanbul.

LE TBAnt D'ANDRINOPLE Sa capitale menacée, M•b-"' 11 n 'a d'autre alternative que de négocier .

les pourparlers aboutissent au traité d' Andrinople, le 14 septembre 1829, qui accorde une très large autonom i e à la Grèce dans le cadre fixé par le protocole de Londres de 1827 .

l~fü89N• LE TBAnt DE LONDRES Dans les faits , le traité d'Andrinople ouvre la voie à l'indépendance de la Grèce à plus ou moins court terme .

Celle-ci intervient le 3 février 1830 avec la signature du traité de Londres entre la France, la Grande­ Bretagne et la Russie, qui prodame la souveraineté d'un État hellène sous la protection des trois puissances alliées .

la Turquie la reconnaitra officiellement lors du traité de Constantinople de 1832.

Cette indépendance est cependant incomplète .

les frontières du nouvel État sont réduites, excluant de nombreuses provinces : la Thessalie, !'Épire, la Macédoine, la Thrace ou la Crète .

De fait, la majorité des Grecs continuent à vivre dans l'Empire ottoman .

DES LENDEMAINS QUI DtCHANHNT loannis Kapot/istritls (Jean Capo d1stria) prend la tête de l'État Ancien ministre des Affaires étrangères du tsar Alexandre I", ce natif de Corfou est une figure emblématique de la révolution grecque .

En 1827 , l'Assemblée nationale réunie à Tezerin l'a nommé à la tête du gouvernement provisoire dans l'espoir que sa légitimité mette un terme définitif aux conflits internes à la résistance .

Mais sa gestion autocratique du pouvoir ravive les tensions .

En 1831, il est assassiné par un de ses rivaux .

Sa mort plonge le pays dans une profonde instabilité politique, qui le mène au bord d'une nouvelle guerre civile .

UN PAYS SOUS INFLUENCE ÉTRANGÈRE la crise est résolue par les Européens .

Sans se soucier de l'avis du peuple, dont elle ne fait pas grand cas, la Sainte-Alliance impose son propre candidat.

le prince ' allemand Otton de Bavière, à peine âgé de 17 ans.

Il est intronisé à Nauplie en août 1832 sous le nom d'Otton I".

Cette nomination permet aux puissances protectrices d'exercer leur influence sur la politique intérieure du pays, entravant de facto sa souveraineté chèrement acquise .

la guerre d'indépendance s'achève sur un goût amer pour les Grecs .

Portée au départ par des idéaux républicains et libéraux, la révolution conduit finalement à l'instauration d'une monarchie absolue ayant à sa tête un souverain étranger.

L' • HOMME MALADE DE l'EUROPE• La perte de la Grèce marque jusqu'à sa désagrégation finale au lendemain de la Première Guerre mondiale.

la Sublime l'orle verra ses pœsesQons dans les Balkans, sur le pourtour médilerranéen el en mer Noire accéder à l'indépendance ou entrer dans l'octJite des éals européenS.

C'est la lente agonie de œt empire el sa dépendance financière la première grande étape du processus de~ de l'Empire ottoman.

Vlclime de sa propre faiblesse; des mouvements d'émancipation nationale el des ambitions expansionnistes des puissances~ il va devenir l'•homme malade de l'Europe•, selon la célèbre expression forgée par le diplomate russe Alexandre Gorchakov en 1878.

Tout au long du œ siècle et à l'égard des capitaux étrangers qui eipliquent ce qualificalif d'c homme malade• pour le désigner.. »

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