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Indépendance grecque, guerre de l'

Publié le 13/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Indépendance grecque, guerre de l', révolution menée par les Grecs contre la mainmise turque entre 1821 et 1829, et qui a abouti à la création d’un État grec indépendant de l’Empire ottoman.

La guerre patriotique, puis l’obtention de l’indépendance du peuple grec, ont concouru à stimuler et renforcer les idéaux nationalistes dans l’Europe de la première moitié du xixe siècle.

2   ORIGINES DE L’ÉLAN NATIONALISTE GREC

À la fin du xviiie siècle, la domination ottomane entraîne au sein de la population grecque une lassitude à la fois religieuse (les chrétiens orthodoxes sont brimés par un État musulman) et sociale (interdiction faite aux Grecs d’acquérir des terres agricoles). Tendant progressivement vers la critique ouverte, ce premier abattement donne bientôt lieu à des révoltes, comme dans le Péloponnèse (1770) ou en Épire (1790-1803).

À ces vives contestations s’ajoute, à l’aube du xixe siècle, l’influence cardinale du mouvement philhellénique qui s’épanouit en Europe occidentale, relayé par les intellectuels et une riche diaspora grecque. De nombreuses sociétés secrètes essaiment sur les rives de la Méditerranée. Konstantinos Rhigas (dit Vélestinlis), le premier à avoir cherché à obtenir l’indépendance du pays, promeut une association de patriotes fondée à Vienne, l’Hétairie politique. Arrêté et exécuté en 1798 par les Turcs, il donne cependant naissance à un mouvement nationaliste rallié derrière son Chant de guerre (« Allons, enfants de la Grèce «) calqué sur la Marseillaise révolutionnaire. Après sa mort, le combat est repris par Adamantios Coraïs, instigateur d’une nouvelle association patriotique, la Hétairie des Philomuses (1812). En 1814 à Odessa est créée une troisième société secrète, l’Hétairie amicale, présidée par Alexandre Ypsilanti, Phanariote proche du tsar Alexandre Ier. L’Empereur russe soutient en effet cette action, souhaitant tirer profit de la fragilité de la « Sublime Porte « pour obtenir un accès direct aux Détroits — en 1774, il a déjà obtenu le droit de protection des Grecs vivant en territoire ottoman.

Ces sociétés secrètes prônent toutes la résurrection d’une « Grande Grèce «, fondée sur le modèle de l’Empire byzantin. Cet idéal fournit l’alibi mobilisateur qui donne naissance à un pugnace mouvement nationaliste grec.

3   L’AUDACE ET L’INDÉPENDANCE

En mars 1821, avec ses deux frères Démétrios et Nicolas, Alexandre Ypsilanti profite du désordre créé en Albanie par la rébellion d’Ali Pacha pour lancer la guerre d’Indépendance, à partir des principautés danubiennes et à la tête d’une armée financée par les riches négociants issus de la diaspora. La réticence des catholiques roumains (qui refusent de se soumettre au joug orthodoxe grec) et le caractère profondément désuni des différents mouvements nationalistes grecs ont raison de cette entreprise. Mais l’insurrection fait tache d’huile : le Péloponnèse dans son entier, puis Athènes et Thèbes se révoltent. Le 12 janvier 1822, un congrès réuni à Épidaure proclame l’indépendance grecque et élit un président du Conseil exécutif, Alexandros Mavrocordatos.

C’est alors que la répression ottomane se radicalise : la pendaison du patriarche de Constantinople, les massacres de Chios (avril 1822), puis le long siège de Missolonghi (1824-1826) en sont les plus funestes manifestations. De ces massacres émerge un martyrologe de la cause grecque qui exacerbe le philhellénisme des républicains européens et fait de la « question grecque « une affaire européenne. Goethe, Chateaubriand, lord Byron et d’autres intellectuels appuient la cause hellénique, relayés par la création de nombreuses sociétés philhelléniques disséminées à travers l’Europe.

Les années suivantes sont émaillées d’affrontements sanglants entre Grecs et Turcs. À partir de 1825, la marine de guerre dépêchée par le vice-roi d’Égypte, Méhémet Ali, fait tomber une à une les zones de rébellion : Navarin en 1825, Missolonghi en 1826 et Athènes en 1827. Par le traité de Londres (6 juillet 1827), les grandes puissances unissent leurs efforts pour empêcher l’anéantissement de la révolte grecque et s’engagent à créer un État grec autonome, néanmoins intégré à l’Empire ottoman. Puis, le 20 octobre 1827, la flotte de la Triple-Alliance détruit à Navarin celle du sultan. L’offensive européenne contraint l’Empire ottoman à signer le traité d’Andrinople le 14 septembre 1829. L’indépendance grecque y est reconnue « dans le cadre d’une vassalité envers l’Empire ottoman «, ce qu’officialise le traité de Londres du 3 février 1830. Mais la Grèce, selon le vœu de toutes les puissances, est faite faible. Ses frontières sont celles d’un « État croupion «, amputé de nombreuses îles égéennes et, vers le nord, de territoires convoités par la Russie. Ses premières capitales, Nauplie, Égire, sont des bourgs insignifiants.

Cependant, dès 1827, une Assemblée nationale grecque a promulgué une Constitution libérale et a nommé le comte Capo d’Istria, proche conseiller du tsar, à la tête du gouvernement provisoire grec. Après son assassinat, en 1831, il est remplacé par Othon Ier, le fils de Louis Ier de Bavière. Grâce à la convention de Londres de 1832 (qui permet à la Grèce d’accéder à une indépendance plénière), le Bavarois est couronné roi de Grèce en 1832 et inaugure une dynastie largement dominée par le poids des intérêts anglais.

4   UN MYTHE FONDATEUR

La guerre d’Indépendance grecque imprègne les consciences en profondeur et joue un rôle polarisateur pour les patriotes nationalistes et leurs défenseurs ressortissant de nations déjà constituées, telle la France. Outre qu’elle est révélatrice du fonctionnement de la diplomatie de l’après-congrès de Vienne, elle devient un modèle pour la plupart des luttes nationales du xixe siècle.

En effet, l’indépendance arrachée fonde une partie de la mythologie de l’Europe romantique et révolutionnaire. Le mythe a certes à pâtir de la réalité, mais les textes de Victor Hugo sur l’enfant grec désirant de « la poudre et des balles « (« l’Enfant grec «, 1823), les Scènes des massacres de Scio d’Eugène Delacroix (1824, musée du Louvre, Paris) ou encore la destinée symbolique de lord Byron allant mourir à Missolonghi témoignent du poids de l’aventure grecque au-delà de ses frontières. Certes, la représentation occidentale a souvent fait perdre de vue les logiques géopolitiques et sociales qui expliquent la nature et le déroulement de l’événement. Mais, pour ne prendre que l’exemple de la France, le poids du philhellénisme est l’un des principaux arguments qui structurent la volonté de s’engager pour le « droit des peuples « et / ou le « principe des nationalités « ; de même qu’il innerve la représentation du mythe révolutionnaire.

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