LA MISE EN VALEUR DE L'ESPACE SIBÉRIEN : LA LEÇON DE BRATSK

« Le complexe de Bratsk n'est pas le seul de ce type en Sibérie.

Plus à l'Ouest, celui de Krasnoiarsk est comparable,avec un barrage sur l'Iénisséi dont la puissance installée dépasse maintenant celle de Bratsk.

On pense aussi àcette autre « frontière froide » qu'est le Nord canadien.

Dans un milieu naturel tout à fait différent, on peut faire lerapprochement avec certaines réalisations gigantesques de pays en voie de développement, comme par exemple lebarrage d'Itaipu, au sud du Brésil, dont les premiers groupes ont été mis en service en 1985.

Là encore, on trouveun complexe industriel dans lequel l'usine d'aluminium tiendra un rôle essentiel. Question 3 Les caractéristiques d'une ville pionnière socialiste 1.

- La ville de Bratsk est présentée comme « un exemple significatif de la ruée vers l'Est ».

La volonté d'en faire unmodèle du système et de la société socialistes que vante la propagande est évidente.

Il est fait mention despanneaux «à la gloire des fondateurs du communisme et des pionniers », et de ceux « couverts de portraits » des «meilleurs ouvriers » de la firme.

Il y a également des « fresques (qui) illustrent...

la valeur et le courage dessidérurgistes ».

Ces panneaux d'honneur sont très fréquents en U.R.S.S., et font partie de l'émulation ^socialiste,dans le but d'accroître la productivité.

Ici, ils prennent une valeur particulière, en raison des conditions difficiles detravail et d'existence.

A-t-on fait appel aux volontaires seulement motivés par leurs convictions politiques?L'exemple de Komsomolsk, la ville bâtie en Sibérie extrême-Orientale par les volontaires des jeunesses communistesprouve que cela est possible.

Il y a aussi les incitations matérielles (salaires plus élevés, conditions avantageusespour la retraite) et, comme le suggère le premier paragraphe du texte, le recours au travail forcé : ceux qui sontvenus « plus ou moins volontairement » peuvent être assimilés aux « condamnés » de l'époque tsariste. 2.

- De toute façon, la ville a grandi très vite : créée il y a trente ans, elle compte maintenant 250 000 habitants.Ce chiffre montre la volonté des urbanistes de faire vivre de grandes agglomérations suffisamment attractives pourcompenser la dureté des conditions d'existence.

Le sont-elles vraiment? Le texte souligne l'aspect « monotone » desimmeubles « tous identiques », des quartiers qui « se suivent uniformément » et portent tous le même nom.Impression de monotonie sans doute accentuée par les dimensions des « larges avenues ».

Bratsk est le type deces villes conçues en fonction de l'industrie, avec sa zone industrielle, ses « énormes quartiers» où travaillent desmilliers de personnes (11 500 dans l'usine d'aluminium).

Tout y est effectivement « gigantesque ». 3.

- La ville va-t-elle continuer à s'étendre? On peut le penser, avec l'achèvement du nouveau transsibérien, en direction du Pacifique.

Le trafic ferroviairedevrait développer ses activités.

Mais l'expérience a aussi montré que les habitants sont souvent tentés deretourner vers les régions plus hospitalières de l'Ouest. L'industrialisation amène aussi une atteinte à l'environnement naturel dont commencent à se préoccuper lesSoviétiques.

Le lac Baïkal, relativement proche, n'est-il pas la plus importante réserve d'eau douce du monde? Lesmenaces de pollution sont réelles. Conclusion La fierté devant les réalisations industrielles de Bratsk, exprimée par les nombreux panneaux dans la ville ou devantles usines, paraît tout à fait légitime.

Les résultats obtenus, que traduisent les chiffres, ne manquent pas d'êtreimpressionnants, si l'on considère les obstacles qu'il a fallu surmonter.

La constitution d'une région industriellemarque une étape dans la conquête de l'Est sibérien.

Mais on peut se demander si les objectifs stratégiques nel'emportent pas sur les préoccupations économiques : une partie de la fabrication de l'usine d'aluminium n'est-ellepas « destinée à l'armée »?. »