La mort de la duchesse Marie-Adélaïde de Bourgogne
Publié le 30/08/2013
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Il met également tous ses espoirs en sa chère Marie-Adélaïde, dont il est le premier à reconnaître les qualités et qu'il juge fort capable de seconder son époux au cours d'un règne qui semble s'annoncer troublé. Mais la santé de la dauphine commen¬ce à donner des inquiétudes. De complexion délicate, sujette à de fréquents malaises, elle fait pourtant face à toutes ses obligations. De plus, le conflit qui oppose sa Savoie natale à son pays d'adoption l'a épuisée nerveusement. Elle ne rêve que du traité de paix qui lui permettra d'oublier ce déchire¬ment et de la fête qu'elle don¬nera pour le célébrer.
«
Une fluxion et
la rougeole
Le 18 janvier 1712 , Louis XIV
gagne son château
de Marly .
La
dauphine l'y rejoint comme de
coutume , « avec une grande
fluxion sur le visage », note le
duc Louis de Saint-Simon dans
ses
M é moires .
Ses dents en
piteux état sont fréquemment à
l '
origine d'abcès qui provo
quent un œdème de la face, ce
qui ne l'empêche pas de tenir
salon pour le roi : « Elle y joua
en
déshabillé , tout embégui
née ».
Après une visite à celle
qu 'elle nomme « ma tante », la
marquise
de Maintenon , épou
se secrète du roi, elle doit sou-
« UN VIDE AFFREUX »
A la mort de la dauphine
Marie-Adélaïde , Louis XIV
est anéanti.
Il n'a pas même
la force d 'aller consoler son petit-fils sincèrement éploré.
Il rejoint son château de
Marly pour y cacher sa peine,
accompagné par la marquise de Maintenon, également
très éprouvée par la perte de
cette dauphine dont elle a veillé à l'éducation.
Dans
ses Mémoires, le duc de Saint-Simon rapporte combien cette disparition a
touché la Cour.
« Avec elle s'éclipsèrent joies, plaisirs,
amusements même, et toutes espèces de grâces ;
les ténèbres couvrirent toutes
les surfaces de la Cour ; elle l'animait tout entière,
elle en remplissait tous les
lieux à la fois, elle y occupait
tout, elle en pénétrait tout
l'intérieur.
Si la Cour subsista
après elle, ce ne fut que
pour languir.
Jamais
princesse ne fut si regrettée,
jamais il n'en fut si digne de
l'être, aussi les regrets n'en
ont-ils
pu passer, et
l'amertume involontaire et
secrète en est constamment
demeurée , avec un
vide
affreux qui n'a pu être
diminué.
a
per au lit tant elle se sent mal.
Deux jours
plus tard, l'abcès
diminue et la dauphine
reprend des forces .
Mais la
Cour est atteinte par
une épidémie de rougeole et
plusieurs cas de petite vérole .
Affaiblie, Marie-Adélaïde en
est la
proie rêvée .
Le 5 février ,
elle se sent fébrile et ne se c E lève pas de la journée .
Aprè s &t
une nuit de fièvre , elle semble ~
" aller mieux .
Las ! Le 7 février , .g
une douleur lancinante lui ~ 0 vrille la tempe.
« Cette sorte de ~
rage de douleur résis ta au '.'l
tabac en fumée et à mâcher , à B _g quantité d'opium et à deu x saï- Q.
gnées du bras », note Saint
Simon .
Les souffrances endu
rées par la dauphine sont pires
selon
elle que celles de ses
accouchements .
Quand
elle s se
calment , la malheureuse reste
épuisée
et au bord de l'incons
cience.
Le dauphin ne la quitte
pas , le roi se rend maintes fois
à son chevet, comme madame
de Maintenon et toute la famil-
le royale .
Tous éprouvent de
vives inquiétudes pour la vie
de leur princesse adorée.
Lors
que celle-ci se trouve couverte
de plaques rouges, les méde
cins du roi diagnostiquent une
forme
de rougeole particulière
ment foudroyante .
Une fièvre mortelle
Non content de recourir aux
praticiens habituellement à
son service, Louis XIV a fait
mander des chirurgiens par i
siens .
Mais les sept hommes
de l'art sont impuissants à
enrayer la forte fièvre
qui, à
partir du 9 février , monte de
plus en plus dangereusement .
Les
émétiques destinés à sou
lager la malade en la faisant
vomir et les saignées répétées
sont sans effet.
Le 11 février, la
dauphine paraît si ex ténuée
que le roi se résout à lui de
mander si elle désire recevoir
les sacrements.
Malgré
sa fai
blesse , elle s'étonne , s'en-
quiert de la gravité de son état.
Malgré le
ton des réponses,
qui se veut rassurant, elle de
mande à se confesser .
Elle
choisit un prêtre récollet étran
ger à la Cour, où abondent les
jésuites
de madame de Main
tenon, ce qui provoque quel
que émoi.
Mais son souhait est
exaucé : le père Noël , mandé
d'urgence , reste un long mo
ment à son chevet, puis elle
reçoit l'ex trême-onction et le
saint viatique apporté par
Louis XIV.
Une heure plus tard,
elle réclame elle-même les
prières des agonisant s.
Tandis que les pertes de cons
cience succèdent aux crises
violentes les heures d'une nuit
interminable, puis celles d'une
journée atroce s 'égrènent .
Dans la chambre envahie
par
des visiteurs accablés, la mori
bonde murmure comme pour
elle-même : « Princesse aujour
d'hui , demain rien , dans deu x
jours
oubliée .
» Mais elle se
trompe .
Le vendredi 12 février
au soir , elle rend son dernier
soupir à l'âge de vingt-six ans,
laissant un
époux et une famil
le éplorés .
Toute la Cour la
pleure sincèrement , regrettant
d '
avoir perdu là une reine se
lon son cœur .
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