La naissance des fasci

Les premiers pas du fascisme italien sont hésitants. Ce mouvement, qui se veut une réponse à l'incapacité des partis traditionnels à trouver une issue à la crise économique et politique que traverse l'Italie de l'immédiate après-guerre, rassemble en effet des courants de pensée plutôt hétéroclites. Créé par Mussolini en mars 1919 à Milan, le fascisme intègre des associations de jeunes anciens combattants récemment démobilisés, de gauche, mais aussi d'extrême-droite, des arnarcho-syndicalistes, ainsi que le groupe des futuristes, ultra-nationaliste, antisocialiste, et belliciste. Ces hommes, souvent issus de la petite bourgeoisie, repris de justice, nostalgiques de l'ordre ancien, ont un seul dénominateur commun : leur rejet de la démocratie bourgeoise, qui, une fois la guerre terminée, n'a pas su leur faire une place dans la société. Reste que le fascisme, en 1919, est très ancré à gauche. Il prône notamment la fin de la spéculation boursière, l'impôt sur le capital, le partage des terres, la gestion des entreprises et des services publics par les travailleurs et les syndicats... Des fasci (faisceaux) voient le jour dans la plupart des grandes villes italiennes du nord. Mais le succès foudroyant qu'en attend Mussolini tarde à venir. En juillet 1920, ces faisceaux ne regroupent que 30 000 membres, et ne bénéficient pas encore des subsides du patronat qui a du mal à cerner leurs objectifs. Pourtant, le fascisme va finalement bénéficier des troubles sociaux qui secouent alors l'Italie : l'agitation révolutionnaire, d'une part, qui pousse le grand capital et les latifondiaires à se servir des faisceaux comme milice. La vague nationaliste, d'autre part, qui retombe après l'échec de d'Annunzio à Fiume, mais que Mussolini s'emploie à fédérer. Au début de l'automne 1920, le fascisme fait ainsi sa véritable entrée sur la scène politique.