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L'Afrique

Publié le 26/02/2010

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Un continent bien défendu. ­ Prenez celle que vous voudrez de 1500 à 1815, l'Africa de Diego Ribeiro (1529), celle du chroniqueur de l'expédition de Magellan, Filippo Pigafetta (1521), les cartes de Sanson d'Abbeville, géographe ordinaire du Roy (1683), ou cent autres : partout vous trouverez un trait de côte exact ­ ou presque ­ et couvert de noms et puis tout l'intérieur bourré, pour des raisons de simple remplissage "artistique", des indications les plus fantaisistes : Hic sunt leones, etc. En fait, au début du XIXe siècle, on ne connaissait guère encore de l'Afrique que ses plages. La belle époque des vues de côtes et de la littérature d'instructions nautiques. Une Afrique de marins. Pas encore la vraie, difficile d'accès, pour bien des raisons : situation très périphérique, en "cul de sac" de l'Afrique tropicale dans un ancien monde dont l'épine dorsale s'aligne de Tartessos à la Chine par Cnosse, Memphis, Suse et l'Indus ­ caractère prodigieusement massif d'un bloc aux côtes dépourvues de toute articulation, de péninsule, de baie ou d'archipel ­ hostilité qu'on dirait presque systématique d'un littoral retranché derrière ses hauts fonds, ses grèves rectilignes, ses mangroves, les rouleaux de sa barre, l'écran de sa forêt et, quand il le faut, les rapides des cours inférieurs de ses fleuves ­ facade désertique à peine plus hospitalière à l'étranger que la maritime ­ obstacles physiologiques non moins efficaces quand la white man's grave méritait son nom et qu'en 1834 neuf seulement revenaient vivants sur les quarante-huit membres d'une expédition au Bas-Niger ­ enfin populations souvent de mauvaise humeur, tour à tour apeurées ou belliqueuses, même en dehors des cas, fréquents, de légitime défense, et non pas que les Africains aient été plus "sauvages" que d'autres, mais parce que, malgré les fortes influences extérieures qu'ils ont de siècles en siècles subies, ils vivaient très isolés, très "enkystés", très "marginaux" par rapport aux grands foyers de civilisation, orientaux et méditerranéens, sans jamais avoir appartenu aux grands systèmes politiques ou économiques eurasiatiques.

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« Une attaque qui marque le pas (1498-1788).

A l'aube du XVIe siècle voici la forteresse cernée sur toutes ses faces.Mais il reste à y pénétrer.

Pendant très longtemps, pendant des siècles, on se heurtait encore à un mur solide,franchi seulement en très peu de points et par des voyageurs qui ne pénétreront pas bien avant dans l'intérieur.C'est le glacis oriental qui est encore le moins solidement gardé.

Dès la fin du XVIe siècle, nous trouvons Pedro deCovilham à Sofala et en Ethiopie, puis dans ce dernier pays quelques décades plus tard, divers prêtres portugais(Fernandez, Pedro Paez…).

Plus au Sud, dans la région du Zambèze, encore des Portugais, et dans l'Ouest, AndrewBattel (Loango et Angola).

Au XVIIIe siècle, c'est encore par le Nord-Est (Krump, Niebuhr, Bruce), mais aussi le Sud,où s'est installée une colonisation européenne, que s'affirme le progrès des connaissances géographiques.

Peu dechose encore dans l'ensemble : le bloc africain demeure singulièrement compact, inentamé.

Ou peut-êtreinentamable ? L'assaut organisé (1788-1850).

Ce n'est pas l'avis de l'African Association, fondée le 19 juin 1788 et qui va donner àl'assaut un caractère désormais systématique.

L'ère s'ouvre enfin d'une explication scientifique qui va s'attaquerméthodiquement aux problèmes majeurs de la géographie africaine.

C'est-à-dire, avant tout, s'efforcer de débrouillerdans leurs grandes lignes les traits du réseau hydrographique.

On ne connaît encore que des embouchures et il n'y apas si longtemps que les cartes réunissaient Nil et Niger ; quant à ce dernier, on ignore dans quel sens il coule…Mais on va le savoir très vite car le 20 juillet 1796, Mungo Park découvre, à Ségou, "the long-sought-for, majesticNiger, glittering in the morning sun". Rien de bien nouveau par contre en Afrique centrale où le Brésilien Lacerda atteint cependant à la fin du XVIIIesiècle, par le Zambèze, les environs du lac Moéro.

Mais le Nord-Est reste activement visité (Cailliaud, Rüppel, lesfrères d'Abbadie, etc.). L'effort principal se porte manifestement sur l'Ouest.

Ici, les explorations vont se succéder maintenant sans arrêt.Hornemann, venu par le Fezzan et le Bornou, disparaît au Soudan, sans doute au pays nupé, vers 1800, et Ritchieet Lyon ne dépassent pas le Fezzan (1819) mais la première grande expédition envoyée de Tripoli au Soudan(Oudney, Clapperton, Denham, 1821-1825) atteint le Bornou, le Tchad, Kano et Sokoto, où Clapperton retourna,pour y mourir, par le Sud (1825-1827).

Puis les frères Lander, descendant le Niger de Busa (le point où s'était noyéMungo Park) à la mer élucideront enfin le mystère du grand fleuve occidental. Le 17 juillet 1825 Alexandre Gordon Laing quitte Tripoli pour… Tombouctou.

Tout simplement.

Il a trente et un ans etvient d'épouser Emma Warrington, fille du consul britannique, mariage civil, qui, faute d'ecclésiastique, n'est quefiançailles légalisées.

Le 26 janvier 1826 Laing est attaqué à l'arme blanche, dans le Sahara central, par les Touareg,et couvert de blessures : mâchoires brisées, oreille fendue, avec une terrible entaille a dreadful gash sur le cou, quifrôle la trachée artère.

Mais le 18 août il entre à Tombouctou et écrit à sa femme que l'heure de la réunion n'est "siDieu le veut plus maintenant très éloignée".

Quelques jours plus tard, un peu au nord de la ville, et sur le chemin duretour, il est massacré, on lui coupe la tête, ses bagages sont brûlés sur place, le cadavre abandonné auxvautours… Un exemple entre beaucoup d'autres de ce qu'était, alors, l'exploration.

Deux ans après René Caillié, àson tour, atteignait Tombouctou, mais, moins malchanceux, en revenait. La place emportée (1850-1880).

Malgré tant d'efforts courageux et souvent héroïques, les progrès demeurent lents.Puis le rythme de la découverte s'accélère.

Le dénouement approche.

Et l'on voit alors en une trentaine d'années,de Barth (1850) à Stanley (1877), s'écrouler par pans entiers les murailles de la vieille citadelle. Barth, Rohlfs, Nachtigal au Nord, Livingstone, Burton, Speke, Baker, Stanley dans la région des lacs, Livingstone etStanley encore avec von Wissmann, Grenfell, Cameron, Serpa Pinto dans le centre et le bassin du Congo,Schweinfurth sur le Haut-Nil, Brazza sur l'Ogooué.

Vers 1880, les grandes énigmes sont résolues : sources du Nil,lacs et montagnes de l'Afrique orientale, cours du Congo et du Zambèze.

Les traits principaux de la géographieafricaine sont fixés. Et dès lors, l'exploration va se précipiter.

Toute l'Europe y participe, l'Allemagne (Emin pacha, Flegel, Passarge,Meyer, Stuhlmann, Tapenbeck, Zintgraff, etc), l'Amérique (Chaillé-Long), l'Angleterre (Elton, Felkin, Hore, Johnston,les frères James, Macdonald, etc.), l'Autriche (Lenz, von Höhnel), la Belgique (van Gele, Trivier, etc.), la France(Binger, Crampel, Dybowski, Flatters, Foureau, Hostains et d'Ollone, Maistre, Mizon, Monteil, etc.), la Hongrie(Teleki), l'Italie (Antonelli, Bottego, Matteucco), la Russie (Junker). L'exploration proprement dite s'achève vers 1880, lorsque sa phase géographique et désintéressée est terminée.

Ils'agit dès lors de conquête, de rivalités politiques et, trop souvent, le fusil s'en mêle.

L'African scramble, comme ditsir Harry Johnston (alors consul d'Angleterre) bat son plein, le continent est bientôt dépecé et l'on voit apparaîtredans les atlas cette pittoresque polychromie où mille frontières de hasard, ignorant la nature et l'homme, délimitentdes taches de couleurs d'un dessin si souvent saugrenu.. »

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