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L'ART DE L'AMÉRIQUE AVANT LA CONQUÊTE

Publié le 25/11/2011

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En Amérique du Nord, c'est dans la région dite des Grandes Plaines, à l'ouest du Mississipi, et sur le littoral du nord-ouest, que les contacts avec les Européens, qui devaient entratner tant de bouleversements dans la vie traditionnelle des Indiens, eurent lieu le plus tardivement. Jusque-là, les petites sociétés indigènes de chasseurs-cueilleurs avaient évolué librement, et sans qu'existe jamais une centralisation politique qui aurait limité l'autonomie des différentes tribus. Grâce à cela, chaquetculture avait pu se développer librement et indépendamment. Ce particularisme se retrouve d'ailleurs dans les expressions artistiques des différentes régions. Vers 1830, le peintre Catlin, parcourant son chevalet sur l'épaule les pistes des Pieds-Noirs et des Sioux. ou s'établissant dans les villages Mandan ou Hidatsa, se trouva encore en face de sociétés traditionnelles qui avaient conservé leur genre de vie acquis au cours des siècles. Les contacts avec les Européens au XIXe siècle avaient été extrêmement réduits, mais les tribus avaient adopté et associé à leur culture le cheval qui devint rapidement un des éléments essentiels de la vie économique et sociale.

« centrale et d'Amérique du sud, tandis que l'on déniait aux peuples qui n'avaient pas atteint un tel sommet.

sans même parler des tribus d'Amérique du nord, des forêts tropicales ou de l'extrême-sud, la moindre origi­ nalité et surtout la moindre ancienneté.

Pourtant il avait fallu des millénaires pour que se forgent lente­ ment les éléments constitutifs de ce.s cultures, dont les empires aztèque et inca furent peut-être les plus hau­ tes, mais aussi les ultimes expressions.

Qu'y avait-il donc eu avant les monuments presti­ gieux, avant les temples, avant les grandes cités ? Pen­ dant longtemps, on ne proposa rien d'autre que ces fantaisies pseudo-scientifiques que nous avons citées.

Le peuplement de l'Amérique, d'accord avec les écrits bibliques, ne pouvait en tout cas remonter au-delà de trois ou quatre milliers d'années.

A la fin du XVIIIe siècle, le détroit ·de Béring fut découvert et franchi.

Cette confirmation que l' Améri­ que et l'Asie sont, dans l'extrême-nord , relativement toutes proches l'une de l'autre, suggéra peu à peu le détroit de Béring comme voie de pénétration possible.

Après que l'on eOt découvert en Europe la notion d'c homme préhistorique ,, on accorda à l'homme américain une antiquité de quelques millénaires sup­ plémentaires, pas plus de dix en tout cas.

Puis, au dé­ but de ce siècle, des trouvailles de vestiges de l'indus­ trie humaine, datés de dix ou quinze mille ans, en dif­ férents points des Etats-Unis, firent reculer cette li­ mite.

A la lumière des découvertes les plus récentes et de nos connaissances actuelles sur la chronologie des grandes glaciations de l'ère Quaternaire, c'est sans doute plus de 50 000 ans avant notre ère que des petits groupes venus de Sibérie orientale franchirent le dé­ troit qui était alors un isthme large de plus de 1 000 km.

Il y a 40 000 ans, ils étaient à Lewisville, au Texas ; il y a 20 000 ans à Tiapacoya, au Mexique , et même à Ayacucho dans les Andes du Pérou ; il y a 10 000 ans enfin , ils sont parvenus à l'extrême-pointe du continent américain, en Patagonie et jusqu'en Terre de Feu.

Puis les migrations se succèdent, des groupes nou­ veaux franchissent le détroit émergé, repoussant les • premiers occupants vers le sud.

Enfin, lorsqu'à l'épo­ que Postglaciaire, la lente remontée des eaux océani­ ques coupe le pont de Béring, d'autres voies sont em ­ pruntées, car l'homme a maintenant quelques moyens de navigation .

les derniers arrivés sont les Eskimos, qui seront contraints de demeurer dans les solitudes glacées de l'extrême-nord.

Ces premiers Américains, que nous définissons par la forme de leurs pointes de jet en pierre taillée - c'est ainsi que l'on distingue un type de « Sandia », de « Clovis », de « Folsom », du nom des sites où elles furent découvertes- étaient des chasseurs terrestres.

Ils poursuivaient de grandes espèces de gibier au­ jourd 'hui disparues en Amérique : le mastodonte, le cheval (une espèce américaine disparue il y a environ 9 000 ans, et non pas le cheval européen qu'introdui­ ront les Espagnols) , dès grands cervidés et camélidés, ceux-ci proches du lama actuel des Andes, des pares­ seux géants.

Les seuls témoignages que nous avons des hommes sont quelques restes de campements, ou quel- ques grottes où ils ont abandonné leurs outils et leurs armes de pierre, et les reliefs de leurs repas.

Parfois aussi, ils laissèrent sur les parois des grottes ou des abris des scènes peintes où figurent chasseurs et gibier.

Sur tout le continent américain, les sites à peintures rupestres sont nombreux : en Argentine, en Patagonie, au Brésil, au Pérou, des parois rocheuses portent, ·par­ fois sur des dizaines de mètres de long, des représenta­ tions d'animaux , d'êtres humains plus ou moins sché­ matiques , de mains imprimées en négatif qui rappel­ lent quelque peu celles des grottes paléolithiques des Pyrénées.

Il est souvent impossible d'assigner une date â ces œuvres, dans la mesure où elles ne sont pas asso­ ciées à un gisement préhistorique daté.

Néanmoins on en connalt quelques exemples, comme celui de Toque­ pala dans le sud du Pérou, qui remontent â près de 10 000 ans.

Ces œuvres des paléo-Indiens n'ont certes pas la splendeur des peintures pariétales des grottes de Dordogne ou d'Espagne ; elles n'en ont ni la taille, ni la richesse de coloris, ni la sOreté de trait.

Certaines d'entre elles, par leur schématisme et le dynamisme des scènes, évoqueraient plutôt, sans qu'il faille voir là plus qu'une comparaison d'ordre stylistique, l'art du Levant espagnol ou celui d'Afrique du Nord.

Ce sont là peut-être les premières, et presque les seules mani­ festations artistiques de ce premier homme américain.

Mais ne peut-on aussi parler d'œuvre d'art devant la perfection de technique et de forme d'une fine pointe à cannelure , ou devant le délicat travail d'un harpon d'os? Avec le réchauffement progressif du climat â la suite du retrait des grands glaciers, et la disparition des grandes espèces de gibier, le panorama change.

les bandes de chasseurs beaucoup plus importantes occu­ pent maintenant tout le continent.

Aux ressources de la chasse s'ajoutent, le long des côtes, celles de la pêche et de la collecte des coquillages , tandis que, dans quelques régions aux conditions climatiques privi­ légiées, des hommes apprennent peu à peu à utiliser puis à cultiver eux-mêmes des espèces végétales.

L'agriculture, qui apparaît vers le Se millénaire avant notre ère, va obliger l'homme à se sédentariser, mais aussi l'affranchir d'une contrainte incessante, celle de la quête quotidienne d'une nourriture souvent précaire.

Dans ces régions favorisées -le sud des Etats-Unis et le Mexique, les Andes centrales- les populations édifient des villages de plus en plus importants, élèvent les premiers édifices cérémoniels ; les classes sociales apparaissent et les artisans se spécialisent.

La culture du maïs, qui débute dans les deux régions à peu près aux mêmes dates (durant le 3e millénaire avant notre ère), et qui est sans doute le résultat de longs tâtonne­ ments, inaugure une ère nouvelle, souvent appelée « ar­ chaïque t, « pré-classique », ou « formative ».

Dès lors, il devient impossible de retracer dans un tableau d'ensemble l'évolution générale des cultures américaines.

Lorsqu'apparart l'agriculture du maïs, qui coïncide souvent avec les débuts de la poterie, chaque région, chaque aire culturelle va peu à peu acquérir sa personnalité et évoluer selon un rythme propre.

L'influence de l'environnement sera primordiale; l'ari­ dité du sud de l'Amérique du nord, l'altitUde des ré­ gions andines, l'exubérance de la végétation amazo-· nienne, vont agir de façon déterminante sur l'évolution. »

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