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Le Japon

Publié le 27/02/2008

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Sous les Tokugawa, les shogun  n'exerçaient pas à proprement parler leur domination sur tout le territoire du Japon. Ils possédaient un domaine équivalant théoriquement au quart à peu près des revenus seigneuriaux de tout le pays ; le reste du Japon était partagé en fiefs autonomes appartenant à des daimyo. Ceux-ci étaient soumis au shogun, depuis le début du XVIIe siècle : le plus étonnant est qu'ils n'aient jamais songé, jusqu'en 1868, à se rebeller contre le pouvoir de leur suzerain, issu des guerres féodales et affaibli au cours des temps.                Les daimyo tentèrent de perfectionner leur gouvernement, d'accroître les productions agricoles et artisanales de leurs fiefs. Dans les régions de l'Ouest, desservies par le grand marché d'Osaka, chacun d'entre eux était parvenu à augmenter ses revenus, parfois en monopolisant le commerce de certains produits particuliers à son fief. En revanche, les territoires situés dans les montagnes du Centre ou au Nord souffraient d'une stagnation économique. Le shogun maintenait l'équilibre dans cet Empire morcelé par sa suprématie qui n'était pas contestée.                Il est vrai que, depuis le XVIIIe siècle, la pression démographique empêchait la rationalisation de l'économie, dans toutes les régions sans exception. L'analyse de la situation était mal faite. Pour les dirigeants d'alors, la terre cultivée aurait dû être extensible d'autant que la population s'accroissait : une naissance représentait pour eux une paire de bras de plus au travail et à peine une bouche de plus à nourrir. Pourtant, les vassaux directs du shogun et les vavassaux des daimyo ne trouvaient plus d'offices pour caser leurs fils cadets.       
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« C'est ainsi que des daimyo KW059 furent amenés à conseiller au dernier shogun de se démettre de sa fonction, tout en espérant le mettre à la tête d'un gouvernement rénové auquel ils eussent participé eux-mêmes.

Le shogun démissionna effectivement, le 9 novembre 1867.

Ce gesten'empêcha pourtant pas le coup d'État du 3 janvier 1868, qui restaura l'ancienne monarchie par une déclaration impériale.

Il avait été préparé pardes officiers de bas rang de Satsuma et par de modestes nobles civils de Kyoto.

Ils étaient entrés en action dès qu'avait été acquise la complicitéde quelques personnalités de la haute noblesse de Kyoto, des officiers de Choshu, déclarés officiellement rebelles, et de certains officiers d'autresfiefs, surtout de Tosa, dans l'île de Shikoku, et de Saga dont Nagasaki se trouvait être une enclave appartenant au shogun.

Pour ces nouveaux réformateurs, l'empereur était le seul recours possible afin de mener à bien le changement de régime.

Le souverain qui allait êtreplus tard appelé Meiji P2128 avait succédé depuis un an à peine à son père et avait quinze ans.

La situation était propice au remaniement de la cour impériale.

Dans les journées qui ont suivi le coup d'État, un gouvernement fondé sur un système collégial fut installé.

Les postes principaux, quin'étaient pas dotés de pouvoirs effectifs, furent attribués à des membres de la famille impériale.

Le gouvernement lui-même devait être dirigé pardes daimyo KW059 avec la collaboration de leurs officiers.

Or, le shogun démissionnaire avait encore son armée intacte et continuait de rencontrer les représentants des puissances étrangères, qui segardaient de contester son pouvoir.

De leur côté, les daimyo KW059 n'avaient pas abandonné le projet d'un gouvernement fédéral.

Les officiers réformateurs manœuvrèrent donc pour provoquer la guerre civile.

Lorsque l'armée shogunale, excédée, déclencha les hostilités sur la routed'Osaka à Kyoto, le 27 janvier 1868, elle fut anéantie après deux jours de bataille, par les armées coalisées de Satsuma, de Choshu et de quelquesautres fiefs.

Saigo Takamori P309 , officier de Satsuma, mit sur pied rapidement une armée impériale et, de Kyoto, partit vers l'Est, à la conquête du domaine shogunal.

Le gouvernement d'Edo se rendit sans opposer de résistance et les fiefs du Nord, restés fidèles au shogun démissionnaire, furentsoumis à l'automne 1868.

Le fort de Hakodate, dernier bastion de l'opposition hostile au nouveau gouvernement, tomba le 27 juin 1869.

La premièreguerre civile était alors terminée.

Cependant, le gouvernement impérial s'organisait.

Le 3 septembre 1868, Edo devint capitale impériale sous le nom de Tokyo et il fut décidé que lenouveau règne s'appellerait Meiji P2128 , à compter du 23 octobre 1868.

La résidence impériale comme les services gouvernementaux furent transférés à Tokyo dans le courant de l'année suivante.

Le domaine de l'ancien shogun, ainsi que les fiefs qui avaient résisté à l'armée impériale, furent confisqués ou diminués ; les terres reprises parl'empereur furent divisées en départements.

Puis, le 25 juillet 1869, tous les fiefs furent transformés en circonscriptions administratives, leurdaimyo KW059 étant nommé préfet sur place.

Mais les officiers réformateurs se rendaient compte que la centralisation devait être complète.

En effet, le Japon, telqu'il était en 1869, comptait quinze départements, deux cent soixante-treize fiefs et neuf grandes villes.

Cemorcellement n'était pas seulement préjudiciable à l'administration, il compliquait aussi la perception des redevancesqu'il fallait transformer en impôts impériaux.

Les réformateurs obtinrent donc l'abolition des fiefs, qui fut proclamée le29 août 1871 : les départements, qui étaient à cette date au nombre de trois cent deux, furent ramenés, parregroupements, à soixante-douze avant la fin de la même année ; seuls Tokyo, Kyoto et Osaka conservaient leurstatut de grande ville.

Ces remaniements ne purent se faire sans vaincre la résistance de certains daimyo KW059 jaloux de leurs privilèges héréditaires.

Ils furent peu à peu éliminés du gouvernement central dirigé de fait par les officiers réformateurs.

L'armée impériale devait être recrutée par la conscriptiongénérale, à partir de 1873.

L'impôt foncier remplaçait les redevances seigneuriales.

Enfin, le nouveau gouvernement dut se rendre à l'évidence ausujet des relations avec les pays étrangers.

En effet, le mouvement xénophobe n'avait pas complètement désarmé en 1868 : beaucoup de daimyo KW059 , suivis dans ces vues par certains de leurs officiers, s'imaginaient qu'une fois unifié le Japon se dégagerait très rapidement de l'influence étrangère.

Les réformateurs furent vitepersuadés que l'absorption d'une part au moins de la civilisation occidentale était indispensable à la modernisation du pays qui, seule, luipermettrait de recouvrer sa totale souveraineté.

C'est ainsi que, de novembre 1871 à septembre 1873, une ambassade fut envoyée aux États-Unis eten Europe, afin d'inspecter ces pays en vue d'établir avec eux des relations propres à favoriser la modernisation du Japon.

Iwakura Tomomi P1828 (1825-1883) dirigeait la délégation : c'était un noble civil d'origine modeste, mais dont l'ascension avait été rapide après le coup d'État du 3 janvier1868, qu'il avait préparé avec les officiers réformateurs.

Le retour de l'ambassade au Japon fut marqué par un autre coup d'État dirigé contre lesofficiers restés attachés aux traditions féodales ou à un modèle fédéral de gouvernement.

Saigo, commandant de la garde impériale, en fut laprincipale victime, ainsi qu' Itagaki Taisuke P1824 de Tosa, futur fondateur du premier parti libéral japonais.

De 1873 à 1877, le gouvernement fut dirigé de fait par Okubo Toshimichi (1830-1878) de Satsuma, qui accentua le caractère centralisateur etautoritaire du nouveau régime, en tenant compte cependant des avis modérés de Kido Takayoshi P1923 (1833-1877) de Choshu, plus soucieux de faire vivre les traditions locales.

Cette période fut cependant marquée par la répression des révoltes des officiers qui ne se résignaient pas àrenoncer à l'autonomie des anciens fiefs.

Elle se termina par la guerre contre Satsuma, dont Saigo avait fait un “ royaume ”, comme on a pu dire,sans relations avec le nouveau régime.

Après l'assassinat d'Okubo, en 1878, le pouvoir devait passer à Ito Hirobumi P147 de Choshu, jusqu'à sa mort en 1909.

Lorsque la première constitution japonaise fut promulguée, en 1889, le gouvernement de Meiji P2128 fut définitivement installé.

Le coup d'envoi de la modernisation avait été donné quelque vingt années plus tôt.

Mais l'édification d'un État rénové n'allait pas sans mal.

Ilfallut dédommager les daimyo KW059 et les officiers qui avaient perdu leurs fiefs ; certains d'entre eux reçurent une rente confortable ; d'autres parvinrent à investir la leur dans des entreprises naissantes ; mais de petits samouraïs P146M1 furent réduits au chômage.

Par ailleurs, ces rentes allouées aux anciens nobles militaires étaient prélevées sur l'assiette de l'impôt foncier dont le taux, de ce fait, ne fut guère inférieur à celui desredevances seigneuriales : les paysans, déçus par le nouveau régime, se soulevèrent fréquemment, jusque dans les années 1880.. »

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