Le Laos de 1980 à 1989 : Histoire

Au début de la décennie, le Laos vit à l’heure de la solidarité entre pays de l'Indochine prosoviétique. Soutenu par les troupes vietnamiennes, le gouvernement de Vientiane poursuit sa lutte contre les partisans du roi Sri Savang Vatehana, en résidence surveillée depuis 1975, et dont les forces se regroupent en septembre 1980 derrière le Front uni de libération nationale du peuple lao. Les maquisards, dont la plupart appartiennent à l’ethnie des Méos, bénéficient quant à eux des subsides et de l'armement de la Chine et de la Thaïlande. Vientiane ne se fait pas faute de dénoncer à plusieurs reprises les infiltrations du royaume voisin, et en particulier l’occupation de villages frontaliers par l'armée thaïlandaise. La tension culmine en janvier-février 1988 lors d'affrontements à l'extrême nord de la frontière (Phitsannloke), qui prennent fin le 19 février par un cessez-le-feu. Mais ces incidents ne sauraient occulter les profondes affinités ethnoculturelles entre les deux pays (les Laos sont en effet dix fois plus nombreux en Thaïlande qu’au sein de la population laotienne), ni surtout la place prépondérante réservée à la Thaïlande dans l’effort de reconstruction économique entrepris par le gouvernement de Vientiane. L’exploitation du riche potentiel agricole et l’accélération de la collectivisation d’exploitations qui

mobilisent encore 85 % de la population active constituent le principal axe de développement: avec un produit national brut par habitant de 140 dollars par an, celui-ci reste en effet l'un des cinq pays les plus pauvres du monde. Dès 1984. la superficie des terres cultivées s’accroît officiellement de 2 %, grâce à l'extension du système d’irrigation (barrages et hydropompes). En 1985-1986, deux années de bonnes récoltes permettent d'atteindre pour la première fois l'autosuffisance rizicole, sinon alimentaire. Mais les campagnes restent profondément affligées par la malnutrition et le taux élevé de mortalité infantile.