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Le Moyen-Orient (Histoire)

Publié le 22/02/2012

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La Première Guerre mondiale s'est achevée sur une démonstration nouvelle de la pérennité du système "copartageant". Victorieuses des empires centraux, l'Angleterre et la France se partagent, non sans peine d'ailleurs, les dépouilles de l'Empire ottoman. Sans doute y met-on les formes. La typologie du système colonial, dont le vocabulaire reflétait déjà la diversité des circonstances dans lesquelles s'étaient noués des rapports de dépendance s'enrichit d'un nouveau terme : au régime de protectorat, qui caractérise la position de l'Angleterre en Égypte, s'ajoute celui des mandats. L'article 22 du Pacte de la Société des Nations dit en effet : "Certaines communautés qui appartenaient autrefois à l'Empire ottoman ont atteint un degré de développement tel que leur existence comme nation indépendante peut être reconnue provisoirement à la condition que les conseils et l'aide d'un mandataire guident une administration jusqu'au moment où elles seront capables de se conduire seules." Voici donc l'Angleterre et la France, puissances mandataires, promues au niveau de "conseillers" chargées, par leurs propres soins, de la responsabilité de guider des pays aussi divers que l'Irak, la Transjordanie, la Palestine, le Liban et la Syrie vers l'indépendance.
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« s'affirme, celle que donne, en plus de l'unité religieuse, la conscience d'être exploité par l'impérialisme, l'ennemicommun. De ce fait, l'histoire du Moyen-Orient pendant ces années sera celle d'une région en ébullition.

Le nationalisme arabequi s'était affirmé au cours de la guerre de 1914-1918 et dans l'immédiat après-guerre par la résistance opposée à ladomination turque, ce nationalisme arabe sur lequel T.E.

Lawrence a bâti l'espoir bientôt légende de l'alliancefraternelle des combattants britanniques et arabes, devient colère devant l'effondrement de l'entreprise commune,qui est taxé de trahison.

Fayçal Ier, accueilli triomphalement à Damas, devra en être chassé par la force des armes.Quelques années plus tard, la révolte du Djebel Druse prendra la dimension d'un soulèvement national.

C'est en vainque les Hauts Commissaires envoyés successivement par la France pour gérer les territoires sous mandat essaientune gamme de solutions allant de la formule unitaire d'un Weygand au statut organique de Ponsot.

C'est en vainqu'on élabore des projets de constitutions et d'accords impliquant la reconnaissance à terme d'un État souverainsyro-libanais, d'une confédération d'États, d'un État libanais et d'un État syrien.

Aucune proposition ne peut fairel'unanimité ni même recueillir la majorité.

Dans cette région, sommet du Croissant fertile, qui fut toujours un lieu derencontre, où s'affirme à la fois la diversité des héritages historiques et des comportements, et la conscience, à lafois fugitive et tenace, d'une communauté de destin, les Français resteront un corps étranger.

Comme tous lesprotecteurs, ils voudraient se faire aimer et parfois même se font des amis.

Mais même si on les respecte parcequ'on les craint, même si on les admire à travers leur civilisation, même si on se sert d'eux pour protéger des intérêtsparticuliers, on n'en désire pas moins qu'ils s'en aillent et cela chacun le fait sentir à sa façon : par le discours, parle geste, par les armes mêmes.

Ce dialogue de cultures ne peut être poursuivi que par des partenaires dépouillés del'ambition de dominer l'autre politiquement. L'Angleterre ne sera guère plus heureuse dans sa politique qui recule pas à pas, cédant du terrain à chaque crisemais sans jamais se dégager assez nettement pour éviter de se laisser accrocher à nouveau.

En 1922, l'octroi del'indépendance à l'Égypte est assorti de réserves concernant essentiellement la sécurité des communications del'Empire et qui vont fournir au Wafd de Zoghoul Pacha des moyens nouveaux de stimuler le nationalisme égyptien :quatorze années de négociations, entrecoupées d'escarmouches politiques et de mouvements populaires révélateursdes sentiments profonds des Égyptiens, déboucheront, en 1936, devant la menace du nouvel impérialisme italien, aurepli des troupes britanniques sur Suez, à l'acceptation par les Anglais d'un condominium sur le Soudan et rupturesymbolique avec le passé à l'abolition, décidée l'année suivante, des capitulations. A l'est de Suez, les Anglais auront tout autant de peine à maintenir leurs positions.

Ils assisteront impuissants àl'ascension foudroyante d'Abdul Aziz Ibn Séoud et à la défaite de leur protégé Hussein, chef des Hachémites.

Aucœur de la péninsule arabique se constitue ainsi un État indépendant, l'Arabie Saoudite, que l'Angleterre reconnaîten 1927.

Des frontières sont alors tracées avec la Transjordanie détachée arbitrairement (la politique n'est-elle passouvent une succession d'arbitrages résultant des rapports de forces ?) du mandat palestinien.

Abdallah IbnHussein, fils de Hussein, saura comment gouverner ce royaume, indépendant sans doute et possédant sapersonnalité propre grâce au rayonnement d'un grand prince, mais trop dépendant financièrement etéconomiquement de l'Angleterre pour que sa viabilité ne soit constamment remise en question par les Palestiniens etles Arabes de l'extérieur. On fixera également les frontières de l'Irak, constitué en royaume en 1921 et qui, à travers des négociationscontinuelles stimulées par une volonté d'indépendance authentique et passionnément démontrée, arrachera à lapuissance mandataire non seulement un règlement avantageux du conflit de Mossoul, mais la reconnaissance dustatut d'indépendance.

L'Angleterre, certes, sait monnayer ses concessions par la création de l'Irak Petroleum et parla conclusion d'une alliance lui assurant le contrôle militaire de la région.

Mais en Irak comme en Égypte, lemouvement de retraite n'en est pas moins sensible. En Palestine, la situation est plus complexe encore.

Les promesses contradictoires faites aux Arabes et aux juifs ontcréé la confusion.

C'est en vain que la puissance mandataire s'efforcera de concilier les aspirations des juifs,auxquels la déclaration Balfour d'un foyer national juif a ouvert la route conduisant à la formation d'un État, et cellesdes Arabes qui entendent rester seuls maîtres d'une région qu'ils occupent depuis des siècles et dont ils ont chasséles chrétiens croisés qui avaient prétendu créer un royaume chrétien franc à Jérusalem.

C'est en vain que desmodérés des deux camps envisageront l'idée d'un État palestinien binational.

Les passions sont trop aiguës, l'histoirede l'entre-deux-guerres sera tristement marquée par une lutte permanente, coupée par des éruptions de violence,entre la puissance mandataire, les Arabes et les militants du sionisme. Lorsque éclate, en 1939, le nouveau conflit mondial, les jours de la domination britannique et française sontcomptés.

La lutte contre l'Allemagne national-socialiste leur donnera quelques années, difficiles, de répit.

Mais elleexposera cruellement leurs divisions et leurs faiblesses et fournira des raisons nouvelles d'espérer et de lutter auxpeuples qui, dans l'ensemble du Proche-Orient, rejettent la domination européenne.. »

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