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LE Pôle asiatique de 1980 à 1989 : Histoire

Publié le 30/11/2018

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histoire

Mais peu après la publication du Japon qui peut dire non, écrit par le patron de Sony, Akio Morita, et par un politicien nationaliste, l’acquisition par l’empire du Soleil levant d’un pan entier de l'héritage culturel américain revêt aussi une profonde portée symbolique. Au même moment, le Japon restructure son réseau bancaire, avec notamment, le 29 août 1989, la fusion des banques Mitsui et Taiyo Kobe, qui propulse d’emblée le nouveau «super lourd» au deuxième rang mondial, juste derrière le champion Dai-Ichi Kangyo. Encore modeste dix ans plus tôt, la Bourse des changes de Tokyo, siège des six premières banques mondiales, connaît des transactions quotidiennes de près de 150 milliards de dollars. D’une guerre mondiale à l'autre, le xxc siècle avait vu le centre du pouvoir financier glisser de l'Europe aux États-Unis. À la fin des années quatre-vingt, celui-ci franchit un nouvel océan.

S'il arrive encore, dans les années quatre-vingt, que l’on parle d'Extrême-Orient, ce n’est guère que par habitude. L’européocentrisme sous-jacent de l’expression n'est plus de mise. Un «vent nouveau» balaie l’Asie, secouant la moiteur tropicale de ses terres à mousson, réchauffant ses durs hivers du Nord-Èst, portant ses produits aux quatre coins du monde... Mais s’ils se forcent ainsi plus que jamais l’attention du Nouveau Monde et de l’Ancien, les Asiatiques eux-mêmes se découvrent un visage qu’ils ne se connaissaient pas. Symboliquement, c’est à Séoul que Jean-Paul II organise, en octobre 1989, un congrès eucharistique mondial. Ne dit-on pas, dans les couloirs du Vatican, que l’Église d’Asie sera celle du «IIIe millénaire»? Façon de souligner la vitalité du catholicisme dans un continent en pleine mutation socio-culturelle, ou manière comme une autre de prendre la mesure, après les hommes d’affaires et les experts en relations internationales, du poids sans précédent de l’Asie dans le monde moderne...

 

Certes, il y a déjà longtemps que le Japon a conquis son titre de «troisième grand» que lui décernait dès 1969 le journaliste Robert Guillain. L’année suivante, l’«Expo 70» à Osaka — 64 millions de visiteurs en six mois — semblait couronner une expansion qui avait en fait commencé au lendemain même de la Seconde Guerre mondiale. Loin de se ralentir au cours des années quatre-vingt, cet essor se poursuit au contraire au-delà de toute prévision. À Washington, en Europe, au Japon même, les Occidentaux multiplient admonestations et mises en garde pour tenter d’endiguer le raz-de-marée nippon et d’ouvrir le Japon à la concurrence internationale. Un cinquième de la production économique mondiale prend désormais sa source à la «couture du monde», sur cette étroite guirlande tendue en marge de l'Asie, entre l’Orient et l’Occident. Territoire bien vite trop exigu pour ses entrepreneurs, dont les investissements à l’étranger se multiplient au point d’évoquer pour certains le spectre de l’expansionnisme nippon d'avant-guerre.

 

L’émerveillement cède peu à peu la place à l'alarme à mesure que l’Occident prend conscience de sa dépendance à l’égard du Japon. Pour les États-Unis, inquiets de leur propre déclin, les coups d’éclat des investisseurs japonais ressemblent de plus en plus à des coups d’État. Vingt-six milliards de francs: telle est la bagatelle déboursée en septembre 1989 par Sony, le géant nippon de l’électronique, pour le rachat de la société cinématographique Columbia. Une mise de fonds, la plus importante jamais réalisée par le Japon aux États-Unis, qui sonne le glas du pacte tacite selon lequel les Japonais se réservaient la «quincaillerie» (téléviseurs, industries) et abandonnaient le «logiciel» (films, programmes, services) aux Américains.

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« LE NOUVEAU POLE ASIATIQUE.

L'lnstitur d� rtchtrch� �chnologiqut tn micro-informariqut dt Hsinshu à Taiwan m l'un des fleurons des NP/ (nouveaux pays industrialis és).

© Arma11d Borlafll -Vu Mais peu après la publication du Japon qui peur dire non, écrit par le patron de Sony, Akio Morita, et par un politicien nationaliste, l'acqui­ sition par l'empire du Soleil levant d'un pan entier de l'héritage cultu­ rel américain revêt aussi une profonde portée symbolique.

Au même moment, le Japon restructure son réseau bancaire, avec notamment, le 29 août 1989, la fusion des banques Mitsui et Taiyo Kobe, qui propulse d'emblée le nouveau «super lourd» au deuxième rang mon­ dial, juste derrière le champion Dai-lchi Kangyo.

Encore modeste dix ans plus tôt, la Bourse des changes de Tokyo, siège des six premières banques mondiales, connaît des transactions quotidiennes de près de ISO miUiards de dollars.

D'une guerre mondiale à l'autre, le xx< �iècle avait vu le centre du pouvoir financier glisser de l'Europe aux Etats­ Unis.

À la fin des années quatre-vingt, celui-ci franchit un nouvel océan.

Ayant fait longtemps exception en Asie, le développement du Japon ne se contente pas d'entrer dans une phase nouvelle: il fait école.

Grâce en partie aux investissements et aux transferts tech­ nologiques en provenance du Japon, la Corée du Sud, Hongkong, Singapour et Taiwan conquièrent leur titre de nouveaux pays indus­ triali.sés (NPI).

Après l'accalmie du second choc pétrolier de 1979- 1980, les quatre «petits dragons,.

crachent du feu.

Dès 1986, la crois­ sance taïwanaise atteint 10,8%.

La même année, la balance commer­ ciale de la Corée du Sud, fortement endettée, devient excédentaire.

En 1987, Séoul enregistre une croissance record de 13 % et multiplie bientôt à son tour les investissements dans les pays en voie de déve­ loppement, et même en Europe, tandis que Taiwan dépêche à l'étran­ ger force missions d'achats destinées à atténuer l'impact de ses excé­ dents commerciaux avec les grands pays industrialisés.

Certes, l'ensemble de l'Asie est loin de vivre dans l'opu­ lence.

En Corée du Sud, à Hongkong, croissance et développement ont leurs revers et leurs laissés-pour-compte.

Famine et mortalité in­ fantile font rage au Viêt-nam et au Cambodge, épuisés par une guerre, la plus longue du siècle, dont la troisième phase a éclaté au seuil de la décennie.

Mais, précisément, la vague d'expansion commu­ niste qui secoue l'Indochine dans la seconde moitié des années soixante-dix et la timidité subséquente des investisseurs occidentaux dans la région n'ont fait que stimuler la solidarité des «dominOS» voisins.

En 1976, sous J'impulsion du Premier ministre de Singapour, Lee Kuan Yew, l'Assoc iation des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN), créée en 1967, connaît un second souffle, activant des échanges interasiatiques qui permettent à la Thai1ande, quelque douze ans plus tard, d'afficher un taux de croissance de 7 %.

Les quatre dragons auraient-ils fait des petits? C'est aussi largement en vertu de considérations d'ordre LE NOUVEAU PÔLE ASIATIQUE.

Nombrtlt:c som les laissés-pou r-com prf de la croissan('t' économique asiariqut.

Ci-dessus: un t'trfanr de Phtrom Penh.

© Piquemal -le Figaro -Gammu LE NOUVEAU PÔLE ASIATIQUE!.

En juin 1988.

conférenu de presse d'Akio Mori10 (ci-conrrr), PDG de Sony, symbole de la puissance écotromique japonaise.

© Reg/ain -Gamma économique que Je Yiêt-nam, exsangue, finit en 1989 par céder aux pressions internationales qui réclament le retrait total et définitif de ses troupes du Cambodge.

Mais nulle part la fièvre de croissance n'aura connu d'aussi formidable poussée qu'au sein même de la Chine communiste, éprouvée par l'expérience de la révolution culturelle ct par plusieurs décennies de maoïsme.

Deux fois d�chu, deux fois réha­ bilité, Teng Hsiao-ping (Deng Xiaoping) voit en 1978 la consécration de son retour au pouvoir.

Un an plus tard, le coup d'envoi de sa politique d'ouverture est officiellement donné.

Chapeau de cow-boy vissé sur le crâne, le futur fossoyeur du printemps de Pékin part dès janvier 1979 à la conquête 'des foules américaines.

Inaugurée par la réforme de l'agriculture, la «démao'L�ation" de la Chine se poursuit par celle de l'industrie et la redécouverte de pratiques et d'idéaux naguère corydamnés par les anciens compagnons d'armes du Grand Timonier.

Elimination des communes populaires issues du Grand Bond en avant, reconstitution du secteur privé, substitution du travail aux pièces, des contrats à durée déterminée et des licenciements à la «grande marmite de riz» collective, loi sur les faillites, prolifération des associations industrielles avec l'étranger, dont quelque 11 500 se­ ront autorisées entre 1979 et 1988 pour un montant total de huit milliards de dollars ...

«li est glorieux de s'enrichir,., proclamç, un siècle après Guizot, le nouveau maître de la Chine, bien décidé, en apparence, à substituer le «SOcialisme de l'abondance» à celui de la pauvreté.

I.:Occident exulte, et guigne à l'envi un marché de plus d'un milliard d'habitants.

La frustration, après les massacres de la place Tien An-men, en juin 1989, n'en sera que plus vive ...

Aux deux extrémités du spectre politique, l'essor industriel et commercial n'a en effet pas manqué d'engendrer de profondes mutations sociales, riches à leur tour de nouvelles revendications.

En Chine populaire, l'ouverture aux produits, mais aussi aux idées de l'Occident se combine à l'envoi de dizaines de milliers d'étudiants dans les grandes universités d'Europe, et surtout des États-Unis, pour favoriser la formation d'une génération d'intellectuels avides de ré­ formes politiques et de démocratisation.

Dès juin 1981, lors du 6< plénum, quelque six mois après Je procès à grand spectacle de la veuve de Mao et de ses coaccusés de la bande des Quatre, Teng Hsiao-ping (Deng Xiaoping) amorce la réévaluation du legs maoïste.

70 % de positif, 30 % de négatif: le bilan nuancé consigné dans les très offi­ cielles Résolurio/IS sur quelques queslio/IS concernallt l'histoire du parti traduit bien le double souci des dignitaires du régime de retrouver leur crédibilité en instruisant le procès du communisme dogmatique, sans toutefois risquer de saper les bases de leur propre pouvoir.

Peine perdue.

Alors même que le dégel économique entraîne la multiplica­ tion des conflits sociavx.

une spectaculaire :vague d'inflation et un. »

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