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Le Tribun du Peuple ou Le défenseur des droits de l'homme.

Publié le 23/10/2012

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Le Tribun du Peuple ou Le défenseur des droits de l'homme. Par Gracchus Babeuf Le but de la société est le bonheur commun Droits de l'Homme, (de 93), art. Ier Un mot pressant aux Patriotes Amis ! je ne devais point vous parler aujourd'hui. J'interromps un travail de plus longue haleine pour vous adresser à la hâte quelques paroles bine urgentes. Ecoutez-les : elles vous intéressent infiniment. La vérité triomphe. Tous les oppresseurs pâlissent. Les yeux du Peuple sont dessillés par ses amis. L'armée voit clair aussi. Le torrent de l'énergie ne peut plus être arrêté par aucune digue. Nos dominateurs ont vu tout cela, et ils viennent de changer de batteries pour éviter la chûte dont l'attente nous console et fait leur désespoir. Depuis dix à douze jours, ils ont jugé que la persécution et les outrages envers les meilleurs citoyens n'étoit plus une arme efficace dans leurs mains. Ils y ont substitué l'astuce et les dégoûtantes cajoleries. Les loups furieux se sont transformés en renards souples et prévenans. Ne vous y trompez pas. Ce sont toujours des animaux carnassiers ; ils n'ont point changé de nature, et n'en changeront jamais. Ils vous font aujourd'hui patte de velours ; demain ils vous dévoreront. Voici sur quoi je dois vous prémunir : Les émissaires des Tallien, des Legendre, des Barras, et ces honnêtes-gens eux-mêmes se trémoussent et sont en grand travail pour tâcher de vous faire tomber dans le plus abominable des pièges. Ils profitent de vos dispositions contre tous les coupables artisans de vos malheurs parmi lesquels ils ont figuré au premier rang ; ils ont l'impudeur de feindre que ce n'a plus été eux, ou du moins qu'ils se séparent aujourd'hui de la troupe des persécuteurs qui n'alla que sous leurs ordres et d'après leurs inspirations ; ils osent vous faire entendre qu'ils sont prêts maintenant à se constituer les vengeurs des forfaits qu'ils ont commis et fait commettre. Il faut vous démontrer où leurs vues tendent, quel profond nouvel abîme ils creusent sous vos pieds ; mais avant il est nécessaire de vous donner la marche de leurs intrigues. Aux Féru et ci-devant compagnie, ils ont accolé de nouveaux coquins, dont nous pourrions faire ici la liste entière ; mais nous nous contenterons aujourd'hui d'en signaler deux, dont les actes ont été plus ostensibles. Richard et Soulé (ce dernier se dit hommes de lettres) sont en possession, depuis quelques jours, de travailler les grouppes aux Tuileries. Ils s'acquittent admirablement de la mission qu'ils ont d'exciter à un point extrême l'effervescence du Peuple. Ils y disent, à qui veut les entendre, que les deux conseils sont, sans exception, composés de scélérats ; que Barras et Carnot sont d'excellens républicains qui doivent faire cesser les maux du peuple et sauver la patrie ; que c'est pour cela qu'il existe un infâme complot pour les assassiner ; qu'en conséquence, il faut se rallier à eux et à leurs amis, s'armer sans délai et faire sonner le tocsin. A ces faits nous avons à ajouter les circonstances suivantes : Un vrai démocrate, que l'émissaire Richard avoit entrepris ces jours derniers sur la terrasse des Tuileries, pour lui inculper ces collusoires idées, en recevoit des objections sur la précipitation étrange que l'on sembloit vouloir mettre dans une affaire aussi importante. Ils furent, dans l'entrefaite, rencontrés par Legendre, à qui Richard demanda des nouvelles sur les affaires du tems. Le boucher de Prairial répondit qu'il ne concevoit pas comment les patriotes pouvoient suivre l'impulsion du Tribun du Peuple, qui sembloit s'acharner de préférence contre les meilleurs républicains, tels que Barras et Carnot ; qu'il ne ...

« osent vous faire entendre qu'ils sont prêts maintenant à se constituer les vengeurs des forfaits qu'ils ont commis et fait commettre.

Il faut vous démontrer où leurs vues tendent, quel profond nouvel abîme ils creusent sous vos pieds ; mais avant il est nécessaire de vous donner la marche de leurs intrigues. Aux Féru et ci-devant compagnie, ils ont accolé de nouveaux coquins, dont nous pourrions faire ici la liste entière ; mais nous nous contenterons aujourd'hui d'en signaler deux, dont les actes ont été plus ostensibles. Richard et Soulé (ce dernier se dit hommes de lettres) sont en possession, depuis quelques jours, de travailler les grouppes aux Tuileries.

Ils s'acquittent admirablement de la mission qu'ils ont d'exciter à un point extrême l'effervescence du Peuple.

Ils y disent, à qui veut les entendre, que les deux conseils sont, sans exception, composés de scélérats ; que Barras et Carnot sont d'excellens républicains qui doivent faire cesser les maux du peuple et sauver la patrie ; que c'est pour cela qu'il existe un infâme complot pour les assassiner ; qu'en conséquence, il faut se rallier à eux et à leurs amis, s'armer sans délai et faire sonner le tocsin. A ces faits nous avons à ajouter les circonstances suivantes : Un vrai démocrate, que l'émissaire Richard avoit entrepris ces jours derniers sur la terrasse des Tuileries, pour lui inculper ces collusoires idées, en recevoit des objections sur la précipitation étrange que l'on sembloit vouloir mettre dans une affaire aussi importante.

Ils furent, dans l'entrefaite, rencontrés par Legendre , à qui Richard demanda des nouvelles sur les affaires du tems.

Le boucher de Prairial répondit qu'il ne concevoit pas comment les patriotes pouvoient suivre l'impulsion du Tribun du Peuple, qui sembloit s'acharner de préférence contre les meilleurs républicains, tels que Barras et Carnot ; qu'il ne falloit que tomber à bras raccourcis sur ceux qu'il reconnoissoit bien qui avoient fait beaucoup de mal, tels qu' Isnard et clique ; qu'il falloit que les patriotes se réunissent pour anéantir ces hommes ; mais que l'on devoit, de part et d'autre, oublier les petites erreurs que l'on avoit pu réciproquement commettre, etc. A quelques pas de-là, un autre sycophante demandoit encore à un démocrate qu'il avoit vu tel homme qui jouit d'une influence sur certain quartier de Paris, qu'on avoit quelque chose de bon à lui. »

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