Louis IX interdit le duel judiciaire
Publié le 04/09/2013
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exemplaire est autant l'illus-tration de la nouvelle justice royale qui se met en place que de l'opposition féodale qui se manifeste. Enguerrand de Coucy, persuadé de son « bon droit «, a fait pendre trois jeunes aristocrates flamands qui s'étaient introduits sur ses terres de l'abbaye de Saint-Nicolas-au-Bois pour y chasser le lapin. L'abbé de Saint-Nico-las, qui avait la garde des jeunes gens, et le connétable Gilles Lebrun, parent de l'un d'entre eux, ont fait appel au roi de cette sentence cruelle. Louis IX a convoqué à sa Cour le seigneur de Coucy, qui a rejeté la procédure d'enquête et, bien sûr, réclamé le recours au duel judiciaire. Le Capétien l'a fait arrêter par les sergents royaux — et non par des cheva¬liers — et lui a refusé la « ba¬taille «. En revanche, il lui a accordé d'être accompagné d'un conseil et jugé par ses pairs, comme il est de coutu¬me pour un baron. Il n'em¬pêche, son intention était bel et bien de condamner Coucy à une mort semblable à celle des jeunes gens : la pendai¬son. Mais les barons, tous peu ou prou liés par lignage au prévenu, l'ont incité à la clé¬mence.
«
LES JURISTES ORLÉANAIS A L'ŒUVRE
Pour mettre en œuvre la réforme de son administration, Louis IX en appelle de plus en plus aux juristes.
Ces légistes ne sont pas issus de l'université de Paris, à laquelle le pape a refusé une faculté de droit civil (droit romain).
Ce droit s'enseigne à Orléans et à Toulouse.
Si Gui de Foulquoy, le futur pape Clément IV, entré à son service et devenu son conseiller, a acquis sa' -·
culture juridique dans le Midi, le roi, pour l'heure, privilégie les légistes orléanais.
Pierre de Fontaines, membre du Conseil royal et juriste célèbre, qui fera appel à sa pratique de bailli du Vermandois pour concilier droit romain et droit coutumier, y a fait ses classes.
Jacques de Révigny, maître réputé de l'université orléanaise de 1260 à 1280, se posera lui aussi en ferme partisan du pouvoir royal.
maîtres d'adopter ou non la
réforme sur leurs terres .
Mais
pour les féodaux, le duel judi
ciaire .est ..
consubstantiel à la
notion même de noblesse, et
l'ordonnance de février 1261
est un coup magistral porté à
leur pouvoir .
D'autant que , en
plus de l'interdiction de la
« bataille », les articles VIII et
IX donnent aux justiciables de
la justice seigneuriale le droit
de faire appel auprès de la
justice royale,
des appels qui
vont bien vite se multiplier.
Les grands, qui veulent conti
nuer à être maîtres chez eux
en
matière de justice , ne man
quent pas de manifester leur
mécontentement .
Mais la ma
chine royale est en marche .
Déjà, en
1259, l'affaire Enguer
rand de Coucy a fait office de
coup de semonce et leur a
donné à réfléchir.
Ce fait divers
exemplaire est autant l'illus
tration de la nouvelle justice
royale
qui se met en place que
de l'opposition féodale qui se
manifeste.
Enguerrand de
Coucy, persuadé de son « bon
droit », a fait pendre trois
jeunes aristocrates flamands
qui s'étaient introduits sur ses
terres
de l 'abbaye de Saint
Nicolas-au-Bois pour y chasser
le lapin .
t.:abbé de Saint-Nico
las, qui avait la garde des
jeunes gens , et le connétable
Gilles Lebrun, parent de l'un
d'entre eux, ont fait appel au
roi
de cette sentence cruelle.
Louis
IX a convoqué à sa Cour
le seigneur de Coucy , qui a
rejeté la procédure d'enquête
et, bien sûr, réclamé le recours
au
duel judiciaire .
Le Capétien
l 'a fait
arrêter par les sergents
royaux -
et non par des cheva
liers -et lui a refusé la « ba
taille ».
En revanche , il lui a
accordé d'être accompagné
d'un conseil et jugé par ses
pairs,
comme il est de coutu
me pour un baron .
Il n' em
pêche , son intention était bel
et bien de condamner Coucy à
une mort semblable à celle
des jeunes gens : la pendai
son .
Mais les barons , tous pe.u
ou prou liés par lignage au
prévenu, l' ont incité à la clé
mence .
« Je châtierai mes
barons
...
»
Si Louis IX s'est laissé fléchir,
Enguerrand
de Coucy a néan
moins été condamné à rache
ter sa vie par une amende de
dix mille livres ; ainsi qu 'à faire
bâtir deux chapelles , où seront
dites tous les jours des prières
pour l'âme des jeunes Fla
mands , et à donner à l' abbaye
le bois où ils ont été pendus .
Enfin ,
toute haute justice à
propos des bois et des viviers
lui a été enlevée et il a dû pro
mettre de passer trois ans en
Terre
sainte .
L'affaire a fait
EDITI ONS ATLAS
grand bruit chez les féodaux ,
que cette sentence a scandali
sés.
La vive réaction de Jean
de Thourotte , qui a parlé au
nom de Coucy le montre .
Devant l'assemblé des barons,
il a déclaré que le roi ferait
aussi
bien de les pendre tous .
Ses
propos ont été rapportés à
Louis
IX , qui lui a fait cette
mise au point : « Comment
est-ce Jean ? Dites-vous que je
fasse pendre mes barons ?
Certainement je ne les ferai
pas
pendre ; mais je les châ
tierai s'ils méfont.
»
Le ton est donné .
La justice
royale ne s'exerce
plus diffé
remment selon le rang des jus
ticiable s.
Sous le règne de
Louis IX , elle accomplit des
progrès décisifs,
prenant appui
sur les procédures d'enquête
et d'appel venues du droit
romain via l'Église et l 'ensei
gnement universitaire .
A la
même époque, cette évolu
tion touche jusqu' au droit cou
tumier féodal , qui prend forme
écrite , mais non sans
avoir été
dépouillé au passage de ses
«mauvaises coutumes ».
Une
façon encore de faire recon
naître la supériorité de la
« coutume du royaume » sur
celle
des fiefs et des princi
pautés féodales .
La loi du roi
fait
résolument s on chemin ..
»
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