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Nicaragua de 1980 à 1989 : Histoire

Publié le 02/12/2018

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Au pouvoir depuis la chute du dictateur Somoza en juillet 1979, la junte de «reconstruction nationale» qui réunit sandinistes et membres de la bourgeoisie libérale a engagé aussitôt d’importantes réformes économiques et sociales. Parmi les programmes de grande envergure lancés au début de décennie, figure la campagne d’alphabétisation menée par des volontaires avec l’aide cubaine. L’agriculture, qui fournit l’essentiel des ressources du pays, voit ses structures de production modifiées par la création de fermes d’État sur les terres confisquées à la famille Somoza puis par la loi de réforme agraire du 19 juillet 1981. Ce texte établit un système mixte comme dans le secteur industriel, associant coopératives, fermes d’État et propriétés privées. Mais le mode d'intervention de l’État dans l’économie et surtout le contrôle croissant qu’exercent les sandinistes sur l’État et la société civile sont critiqués par les libéraux. Dès le printemps 1980, les libéraux Violeta Chamorro et Alfonso Robelo quittent la junte de gouvernement. C’est la première rupture manifeste entre les sandinistes et la bourgeoisie nationale. Plus spectaculaire sera le départ en juin 1981 d'Eden Pastora, le célèbre commandant Zéro, combattant antisomoziste de la première heure. Ces défections n'entament pas le large

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« Réunis le 25 mai 1986 à Esquipulas, les présidents des principaux pays d'Amérique cemrale décidem la création d'un Parlement cemraméricain.

De gauche à droite: Daniel Ortega (Nicaragua), José Napoleon Duarte (Salvador), Vinicio Cerezo (Guaœmala), Simôn Azcona (Honduras) et Oscar Arias (Costa Rica).

© Urraca -Sygma soutien populaire dont bénéficient les sandinistes dans les premières années du régime.

Mais les oppositions s'�ffirment.

Celle d'une partie de l'Eglise, incarnée par l'archevêque de Managua Mgr Miguel Obando Y Bravo, très critique à l'égard d'un gouvernement qui compte par ailleurs quatre prêtres.

Les Indiens Miskitos constituent un foyer de rébellion plus inquiétant encore.

Installés sur la côte est du pays, demeurés extérieurs au soulèvement antisomoziste, ils se voient imposer des réformes étrangères à leurs formes d'organisation traditionnelles.

En 1982, des milliers d'entre eux sont transférés de force dans des camps à l'intérieur du pays, afin de dégager la région du Rio Coco, proche du Honduras, et terrain d'action privilégié des comras.

Ce terme désigne au début les anciens gardes somozistes réfugiés au Honduras et qui, dès 1980, ont pris les armes contre le régime de Managua.

Ils reçoivent l'appui de l'administration Reagan qui, à partir de janvier 1981, suspend l'aide économique au gouvernement sandiniste qu'elle accuse d'aider la guérilla salvadorienne.

La Maison-Blanche fait voter à plusieurs reprises par le Congrès des crédits considérables en faveur de ceux que le président américain nomme les «combattants de la liberté».

À partir de 1982, ces derniers entreprennent des actions d'envergure en territoire nicaraguayen, depuis leurs bases honduriennes.

Dans le sud du pays s'ouvre de plus un nouveau front sous le commandement d'Eden Pastora qui, avec Alfonso Robelo, fonde en septembre l' ARDE (Alianza Revolucionaria Democrâtica) et refuse toute aide américaine.

Le pays s'enfonce ainsi dans une situation de guerre qui entraîne une militarisation croissante de la société et aggrave les problèmes économiques.

Le bilan devient critique dans les années J 984-1985: rationnement alimentaire et développement du marché noir, diminution du PNB, inflation à trois chiffres en 1985, dette extérieure élevée.

À quoi s'ajoute à partir du J•' mai 1985l'embargo américain sur le commerce avec le Nicaragua.

Pourtant, malgré la poursuite des combats et l'hostilité irréductible entre Managua et Washington, un processus chaotique et incertain d'évolution vers la paix se dessine.

Paix? Réconciliation? Un processus chaotique La première initiative en revient au groupe de Contadora, fondé en janvier 1983 par le Mexique, la Colombie, le Venezuela et le Panama, soucieux de parvenir à un règlement négocié des conflits en Amérique centrale et d'affirmer leur autonomie d'action à l'égard des États-Unis.

Un premier document, signé en septembre 1983, sera suivi un an plus tard par «l'Acte révi�é de paix et de coopération».

Mais les Etats-Unis se montrent hostiles à ces initiatives et maintiennent leur pression diplomatique et militaire, allant jusqu'à miner les ports nicaraguayens en avril 1984.

La junte sandiniste, qui affirme, elle, adhérer aux propositions de Contadora, adopte pourtant des mesures d'orientations contradictoires.

Elle organise, en novembre 1984, des élections législatives et présidentielle auxquelles la principale composante de l'opposition légale, la CON (Coordinadora Democratica Nicaraguense) refuse de participer.

Au terme d'un scrutin reconnu comme régulier, Daniel Ortega est élu président.

Mais cette manifestation de «démocratie formelle>> est suivie trois j!>urs plus tard par la dénonciation aux Etats-Unis de la livraison d'hélicoptères soviétiques à Managua.

Ainsi, proclamations démocratiques et renforcement des mesures répressives, initiatives politiques et opérations militaires se combinent.

En octobre 1985, l'état d'urgence est rétabli.

Les libertés individuelles sont suspendues ainsi que le droit de grève.

Selon Washington, le régime s'enfonce dans la voie totalitaire.

Pourtant, deux ans plus tard, c'est un opposant officiel, Mgr Obando y Bravo, qui est désigné comme médiateur dans les négociations qui s'ouvrent entre Managua et les contras.

Entre-temps, en effet, les efforts des pays latino­ américains se sont poursuivis, aboutissant le 7 août 1987 à la signature de l'accord de Guatemala.

Ce texte lie étroitement recherche de la paix et démocratisation et propose des mesures concrètes qui reçoivent au Nicaragua un début d'application (amnistie partielle, création d'une commission de réconciliation nationale, ouverture d'un dialogue avec l'opposition armée).

Le processus de paix semble plus solidement s'engager, d'autant que le contexte général est plus favorable.

Le Congrès américain montre en effet une hostilité croissante à la politique de Ronald Reagan, surtout depuis l'«lrangate».

En février et mars 1988, il refuse de voter des crédits militaires à la Contra, qui se trouve affaiblie.

Mais la contestation prend de l'ampleur dans le pays malgré les infléchissements de la politique sandiniste.

Le poids de la guerre et la ruine économique alimentent le mécontentement, poussant la junte à rétablir la paix par la négociation avec les combattants antisandinistes.

Le 23 mars 1988, quelques jours après une offensive de grande ampleur contre l'opposition armée, l'accord de Sapoa est signé par le gouvernement et la Contra.

Il prévoit un cessez-le-feu bilatéral de soixante jours et une amnistie partielle.

Malgré les raidissements successifs à l'égard de l'opposition légale, des combattants antisandinites, de l'administration américaine, le président Ortega signe le 7 août 1989·, en compagnie des autres chefs d'États centraméricains, l'accord de Teta concernant la démobilisation des contras et le processus de démocratisation.

La veille, un autre accord est intervenu entre les sandinistes et vingt formations politiques sur le cadre des élections générales prévues pour février 1990.

Mais la confiance demeure faible entre l'opposition légale et le gouvernement, et le processus de démobilisation des 12 000 contras basés au Honduras paraît fragile.

En témoignent les attaques des autorités contre les candidats de !.'opposition au scrutin de février 1989 et la suspension le 1" novembre du cessez-le-feu instauré en mars 1988.

Le préside11t Daniel Ortega.

©Susan Meise/as -Magnum. »

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