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Pompidou et mai 1968 ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

REMARQUES - Sujet sans grandes difficultés. — Encore une fois, on peut s'apercevoir de l'utilité des fiches biographiques que l'on a faites ou que l'on fera en cours d'année... — Il va de soi que la présentation de l'auteur doit évoquer la carrière politique de Pompidou jusqu'au mois de février 1969. Il ne faut surtout pas raconter son élection, sa politique en tant que président... Car ces faits n'expliquent en rien l'événement que constitue cette conférence. INTRODUCTION Le document proposé est constitué d'extraits de la conférence de presse faite le 12 février 1969 à Genève par Georges Pompidou. A ce moment l'auteur, n'est plus qu'un ancien Premier ministre du général de Gaulle. Il a connu précédemment une brillante carrière. Né en 1911, dans le Cantal, à Montboudif, c'est un ancien élève de l'École Normale Supérieure de la rue d'Ulm. Agrégé de Lettres, il devient professeur de Lycée. Bien qu'il n'ait pas participé à la résistance, il entre en 1944 au cabinet du général de Gaulle, qui cherche « quelqu'un sachant écrire»... Directeur de la banque Rothschild, à partir de 1954, il reste attaché au général dont il devient l'un des conseillers. Quand il est nommé premier ministre en avril 1962, il apparaît comme étant avant tout l'homme du président, puisqu'il n'a aucune expérience parlementaire. Jusqu'en juin 1968, il gouverne habilement le pays en affirmant de plus en plus sa personnalité. Lors des événements de mai 1968 en particulier, il fait face à la situation et acquiert une excellente réputation dans les milieux conservateurs, c'est le « sauveur de mai ». Remercié par de Gaulle qui le remplace par Couve de Murville, Pompidou se tient en quelque sorte « en réserve de la République ». Il fait savoir du reste, en janvier 1969, qu'il se présenterait à une éventuelle élection présidentielle. C'est dans ce contexte, où il a posé sans le dire trop ouvertement sa candidature à la succession du général de Gaulle, qu'il tient cette conférence de presse. Après avoir dressé un rapide tableau de la France aux derniers jours d'avril 1968, il évoque rapidement les événements de mai. La fin du texte précise l'attitude du gouvernement et l'action personnelle de l'auteur.

« dit qu'il y avait pour la France un « impératif industriel ».

C'est pourquoi il a favorisé la concentration des entreprisesdans le secteur nationalisé (création de la B.N.P.

en 1966 à la suite d'une fusion), dans le secteur privé (lasidérurgie) et il a tenté également de créer une industrie informatique française (création de la C.I.I.).

Il juge doncen 1969 que cette tâche de restructuration de l'économie française n'est pas terminée.Toutefois, avant mai, «l'importance de nos réserves en or fait du franc une monnaie solide par excellence ».

Il estvrai que le « nouveau franc» crée en 1959 paraît solide, malgré l'inflation persistante.

Depuis 1965, en effet legénéral de Gaulle conteste les privilèges du dollar.

La banque de France a demandé la conversion d'une partie desdollars qu'elle détenait : c'est ce qui explique l'augmentation des réserves d'or de 1965 à 1968.

Cependant, le Francest plus fragile qu'il n'y paraît, car les échanges extérieurs sont régulièrement déficitaires.

La force de la monnaierepose donc en grande partie sur la confiance.

Or celle-ci disparaît avec le mois de mai. 3.

La situation politique n'est guère satisfaisante.Depuis la première élection du président de la V' République au suffrage universel direct en 1965, et la «mise enballotage » du général de Gaulle au premier tour, le prestige du président est atteint.

De plus, « les élections de1967 ont permis à l'opposition de gauche de renforcer ses positions », de telle sorte que le gouvernement nedispose à l'Assemblée Nationale que d'une étroite majorité.

Celle-ci par ailleurs souffre de ses divisions car elle est «non totalement homogène...

».

Les Républicains Indépendants menés par Valéry Giscard d'Estaing font valoir leurdifférence.

Ils critiquent la toute puissance du118mouvement gaulliste (l'U.D.R.

: Union des Démocrates pour la République) sur l'État, la politique étrangère duPrésident (à l'égard d'Israël et du Canada en 1967) et « l'exercice solitaire du pouvoir» (Giscard d'Estaing).Au total, cependant, la situation de la Frnace en avril 1968 est globalement satisfaisante.

Il n'y a aucun motifd'inquiétude.

Du reste, le Président et le Premier ministre s'absentent en mai ; ils sont en visite à l'étranger. III - MAI 1968 1.

La surprise.Georges Pompidou retient que les événements de mai 1968 constituent d'abord uen surprise.

« Et puis vient mai.

Etbrusquement tout est remis en cause...

».

En effet, l'agitation des étudiants « gauchistes » menés par Daniel CohnBendit n'affecte encore en avril que l'Université de Nanterre.

Ce mouvement, commencé le 22 mars ne gagne lesautres facultés qu'au début du mois de mai.

C'est la fermeture de la Sorbonne le 3 mai qui ouvre la « phaseétudiante ».

Georges Pompidou rentre précipitamment d'Afghanistan, mais ne peut empêcher le début de la « phasesociale ».

En effet, le 13 mai une grève de solidarité avec les étudiants victimes des brutalités policières est lancée.De jour en jour, le nombre de grévistes augmente pour atteindre 9 millions.

De retour de Roumanie, de Gaulleannonce le 24 mai qu'il va organiser un référendum.

Son discours n'a aucun écho et la crise atteint son paroxysme àla fin du mois.

L'échec des accords de Grenelle et le succès du meeting de Charlety le 27 mai ouvrent la « phasepolitique ».

Pendant trois jours, le pouvoir semble « vacant », et l'on s'attend à la démission de De Gaulle et duGouvernement. 2.

La crise politique.L'auteur, du moins dans les extraits dont nous disposons, ne dit mot sur les causes de la crise.

Il suppose égalementque tout le monde se souvient de la chronologie des événements qu'il évoque.

En réalité, il ne s'intéresse qu'àl'analyse de la dernière phase du mouvement, la «phase politique » (27-30 mai).

«Aux yeux des observateurs, legouvernement n'a plus le contrôle du pays...

».

De fait, à la fin du mois de mai, c'est la moitié des actifs qui faitgrève.

Plus rien ne fonctionne normalement.

Les écoles et les universités, la production (usines en grève), lestransports (pénurie d'essence, grèves à la S.N.C.F., dans les aéroports), la distribution, l'information (grève àl'O.R.T.F.)...

sont paralysés.« Les administrations, en grève ou désorganisées, semblent obéir par avance à un nouveau pouvoir ».

Il est exactque du 27 au 30 mai la grève gagne les préfectures et même les ministères.

La encore l'auteur oublie d'en rappelerles causes : l'échec du discours de De Gaulle (le 24 mai) et surtout le refus des accords de Grenelle par les ouvriers.Dans ces conditions, le mouvement de grève ne pouvait que s'étendre.

Par ailleurs, Pompidou évoque « un nouveaupouvoir ».

L'opportunisme chez les uns et la révolte chez les autres pouvaient en effet conduire certainsfonctionnaires à afficher des opinions hostiles au gaullisme et proches de la gauche.

Mais «ce nouveau pouvoir»reste bien vague, car aucun n'a pu se constituer.Plutôt qu'aux gauchistes ou au Parti Communiste, il est possible que Pompidou fasse ici allusion aux déclarations dePierre Mendès-France et de François Mitterrand, qui se disaient prêts à gouverner la France (28 et 29 mai). 3.

Une situation révolutionnaire ?Pompidou pose la question : « Est-ce une révolution? Est-ce la fin de la Ve République ?...

»Jugeant d'après les apparences, c'est-à-dire la désorganisation du pays et la faiblesse du gouvernement, beaucoupde Français considèrent alors que le régime va disparaître.Pourtant, personne ne peut prendre le pouvoir de manière illégale en 1968.

Seuls les gauchistes le souhaitent, maisleurs divisions et leur faiblesse numérique rendent cette hypothèse inconcevable.Malgré les accusations de De Gaulle, le parti communiste ne souhaite pas conquérir illégalement le pouvoir en mai1968.

Pour lui, la situation n'est pas révolutionnaire.

Il propose seulement à la gauche non communiste de former un«gouvernement populaire ».Enfin, F.

Mitterrand et P.

Mendès-France n'envisagent bien évidemment qu'une solution légale à ce qui paraît êtreune crise de régime.La question de la survie ou de la fin de la Ve République est donc prématurée.

Cependant, peu de personnes. »

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