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SYRIE de 1980 à 1989 : Histoire

Publié le 02/12/2018

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Agitation musulmane et difficultés économiques

 

Le régime autoritaire du général Hafez el-Assad, soutenu par l'armée, le parti Baas et la communauté alaouite, est contesté non seulement par l'opposition laïque, qui dispose d’une marge d'expression et d'un soutien populaire réduits, mais surtout par le mouvement islamique sunnite intégriste (les Frères musulmans ) qui se développe et canalise les mécontentements. L'ampleur de l'émeute de Hama en février 1982 en témoigne et illustre la violence de la riposte du pouvoir. Les combats font des milliers de morts et les dirigeants poursuivent une répression sanglante contre les Frères musulmans qui multiplient attentats et manifestations.

 

Mais la contestation du régime apparaît également au sein même des forces qui ont permis sa consolidation. Le mécontentement dans l'armée touche même la communauté alaouite au printemps de 1984. Les rumeurs sur l'état de santé du chef de l’État raniment les rivalités entre officiers supérieurs dans la perspective d'une éventuelle succession du président Assad. Les groupes rivaux (partisans et adversaires de Rifaat el-Assad, frère du président) s'affrontent par les armes. Mais le chef de l’Etat, qui est réélu en février 1985 pour un nouveau mandat de sept ans. écarte ses éventuels successeurs et procède à des remaniements au sein de l’armée. L’agitation musulmane intégriste dans le pays se poursuit jusqu'à la fin des années quatre-vingt, affaiblissant la position du chef de l’État, placé de plus devant une situation économique fragile. En effet, la production agricole reste tributaire des aléas climatiques; les ressources minières soutiennent le développement mais les dépenses militaires grèvent lourdement le budget de l’État. La construction du barrage de Tabqa sur l’Euphrate permet d’accroître le potentiel agricole et industriel de cette vallée. À partir de 1984, les difficultés s’accumulent. Les pays arabes producteurs de pétrole, qui ont soutenu généreusement le développement économique syrien, n’hésitent pas à se servir de cette aide financière comme moyen de pression afin d’orienter la politique de Damas dans la région. 

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« Le 23 m'ri/ 1987, Miklwïl Gorbatclrel' reçoit le présidem Hafe� ei-Ass.1d.

La coopération m·ec Mo!·cou COIIfillllt.

© A.F.P.

pénurie de matières premières provoque une crise sociale de grande ampleur.

alimentée par la corruption, l'inflation et les mesures d'austérité.

La baisse du prix du pétrole diminue les receues extérieures du pays et limite encore l'aide financière des pays de l'OPEP.

Cependant à la fin de la décennie.

le redressement économique semble amorcé en raison de l'amélioration des conditions climatiques et de l'augmentation de la production pétrolière.

La politique extérieure syrienne, complexe, ambiguè, marquée par des renversements d'alliances, permet à Damas de renforcer le rôle régional du pays qui devient un élément indispensable à toute solution aux conflits régionaux.

L'enjeu libanais La présence de l'armée syrienne au Liban suscite de nombreuses contestations en raison de la volonté de Damas de mettre le Liban sous sa tutelle, et les résistances libanaises à la domination syrienne se font vives au cours des années quatre-vingt.

En juin 1982, l'invasion israélienne au Liban met en échec les troupes syriennes qui se retirent sans que leurs alliés, soviétiques et libyens, interviennent.

L'arrivée à Beyrouth en août d'une Force multinationale occidentale est suivie de l'ouverture de négociations israélo-libanaises sous l'égide américaine.

L'accord israélo-libanais de mai 1983, qui prévoit le retrait simultané des armées étrangères, est rejeté par la Syrie.

Damas, qui contrôle toujours une partie du pays, réussit à contraindre le nouveau président Amine Gémayel de renoncer au début de 1984 à cet accord et la Syrie parvient à contrôler la vie politique libanaise.

Le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban au début de 1985 représente un nouveau succès pour Damas.

Disposant alors d'une marge de manœuvre plus grande, la Syrie cherche à renforcer son autorité, principalement par le contrôle des activités palestiniennes au Liban.

Le départ des combattants de l'OLP de Beyrouth à partir de septembre 1982, qui décident de s'installer non pas à Damas mais à Tunis, ouvre la crise syre-palestinienne.

L'expulsion de Yasser Arafat de Damas en juin 1983 pour «propos calomnieux>> à l'encontre de la Syrie précipite l'intervention militaire syrienne en faveur des dissidents du Fatah.

Mais les partisans d'Arafat restés au Liban renforcent leurs positions et la «guerre des camps» est ouverte à partir de 1985 entre Palestiniens d'Arafat et milice chiite d'Amal soutenue par la Syrie.

D'autre part, la Syrie, qui n'hésite pas à soutenir alternativement les différents acteurs du conflit libanais, réussit à imposer aux communautés libanaises (chrétiens, chiites et druzes) un accord.

signé à Damas en décembre 1985.

Mais ce texte, destiné à mettre fin aux combats et à engager des réformes constitutionnelles, est dénoncé par le président Gémayel et une partie des chrétiens qui y voient une mise sous tutelle du Liban.

La échoue, alimentant la résistance chrétienne, et les combats reprennent.

Affaiblie par cet échec, la Syrie doit au même moment faire face aux attaques israéliennes et aux provocations du mouvement intégriste pro-iranien Hezbollah.

Le rôle croissant que l'Iran cherche à jouer au Liban contribue à détériorer les relations entre Damas et Téhéran, alliés dans la guerre du Golfe.

En février 1987, les soldats syriens entrent de nouveau à Beyrouth ouest à la suite d'affrontements violents entre milices.

Cette intervention met fin à la guerre des camps mais la tension reste vive entre chrétiens et musulmans.

En 1988, de violents combats opposent entre elles les milices chiites (intégristes pro-iraniens du Hezbollah contre prosyriens d'Amal).

Le Hezbollah est évincé du sud du Liban mais riposte en chassant les miliciens d'Amal de la banlieue sud de Beyrouth.

Damas réplique en investissant cette partie de la ville et des négociations sont engagées avec Téhéran pour éviter un affrontement direct.

Après l'éclatement du Liban à la fin de 1988 ct la constitution de deux gouvernements, la crise libanaise est relancée.

En effet, le 14 mars 1989,le général chrétien Michel Aoun annonce le «début d'une guerre de libération contre l'occupant syrien».

Les bombardements et les combats sont d'une extrême violence et aucun cessez-Je-feu n'est respecté.

L'accord de Taëf d'octobre 1989 permet une accalmie dans le pays mais consacre la présence de la Syrie au Liban.

La Syrie dans la communauté arabe Les relations avec les pays voisins se dégradent dès le début de la décennie.

La tension est vive avec la Jordanie, en raison de l'échec du projet de confédération entre les deux pays et du soutien apporté, selon Damas, aux Frères musulmans par Amman.

À la fin de 1980, les menaces d'affrontements armés aux frontières se développent.

De plus, le rapprochement entre le roi Hussein et Yasser Arafat, suivi de l'accord de confédération de février 1985, provoque la colère de Damas.

Cependant, le rapprochement jordane­ syrien est engagé en novembre 1985 et surtout en mai 1986 par la visite en Jordanie du président Assad.

Les relations avec l'Irak s'enveniment à la suite de l'engagement syrien auprès de l'Iran dans la guerre du Golf.:.

Ce soutien contribue à isoler Damas au sein de la communauté arabe mais il se fait de plus en plus réservé.

Les divergences entre Damas ct Téhéran au sujet du conflit libanais contribuent à détériorer le climat entre les deux alliés.

La réconciliation entre la Syrie et la Jordanie en 1985-1986 permet le rapprochement entre la Syrie et l'Irak.

En novembre 1987, au cours du sommet arabe d'Amman, ce rapprochement est net; de plus, la Syrie se voit contrainte de condamner l'Iran dans le conll.it contre l'Irak.

Mais, signe de l'ambiguïté de l'attitude syrienne, Damas affirme peu après ce sommet ne pas renoncer à son soutien envers la République islamique.

La fin de la guerre du Golfe en août 1988, marquée par la «défaite» iranienne, est un échec pour la Syrie.

En décembre 1989, la reprise des relations diplomatiques égypte-syriennes marque la fin de l'isolement du Caire dans le monde arabe.

L'ambiguïté de la diplomatie syrienne est visible dans les relations avec l'Union soviétique et les États-Unis.

Le rapprochement opéré au cours des années soixante-dix avec Moscou aboutit à la signature le 8 octobre 1980 d'un traité d'amitié et de coopération.

En même temps, les relations entre Damas et Washington ne sont pas rompues malgré les divergences dans le conflit libanais.

De plus, Damas développe une activité diplomatique en direction de l'Occident.

Mais la politique syrienne au Proche-Orient et surtout la vague d'attentats terroristes en Europe en 1985 et 1986, imputés en partie aux services secrets syriens, empêchent le rapprochement.

En octobre 1986, la Grande-Bretagne rompt les relations diplomatiques avec Damas à la suite d'une tentative d'attentat sur un avion d'El-Al à Heathrow, qui met en cause la Syrie.

Mais cette rupture n'est pas soutenue fermement par d'autres pays occidentaux qui se sentent contraints de ménager un acteur et un interlocuteur essentiels dans toute solution des conflits de la région.. »

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