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à une passante

Publié le 15/12/2014

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Lecture analytique du sonnet de BAUDELAIRE, A UNE PASSANTE, extrait des Fleurs du Mal (section : Tableaux parisiens) INTRODUCTION : Dans la section« Tableaux parisiens » des Fleurs du mal, Baudelaire décline plusieurs visages du Paris du Second Empire. « A une passante », publié en 1860, raconte la rencontre du poète avec une femme énigmatique qui lui laissera entrevoir l'image fugace d'un amour impossible et dont l'échec le rendra tragiquement désemparé. PREMIER AXE : UN TABLEAU ROMANESQUE Le poème de Baudelaire raconte une rencontre manquée, mais se concentre surtout sur un bouleversement sentimental banal. Un homme croise une femme qui l'éblouit : elle ne semble pas le voir, mais lui garde en son âme l'ineffaçable trace d'une fusion possible qu'il ne pourra revivre que par le rêve, ou par l'écriture. Ce sonnet déroule pour le lecteur la trame d'une histoire (un coup de foudre éphémère), du décor urbain de la rue jusqu'aux pensées secrètes et noires du narrateur. Il s'agit d'un petit roman sentimental très visuel, qui possède 5 étapes : Première étape, le décor (vers1) : Pour rendre compte du décor dans lequel la femme sera sublimée, Baudelaire installe des images qui font s'entrechoquer le mouvement et le bruit : la rue, lieu de passage, est définie par des sonorités qui marquent l'hostilité : les allitérations, en « s » (assourdissante), en « r » (rue/autour/hurlait), et l'emploi de toute la gamme des voyelles (a -u - ou - i- an - au - ou - oi - u - ai) sont complétés par le verbe « hurlait », rejeté en fin de vers, rejet qui définit la rue par un cri : il ne s'agit pourtant pas d'une personnification car le lecteur a l'impression plutôt d'une déshumanisation : « je » semble seul, entouré de bruit...

« veut dire  devenir fou , déraisonner. Mais s’extravaguer veut aussi dire changer de route,  changer de   voie . Comme si, p étrifi é par magie, le po ète s’attendait  à suivre cette femme vers le monde o ù elle   souhaite l’entra îner. On remarque que la  synecdoque de l’œil  (vers 7) renforce la  p étrification  et que   les deux verbes, au pr ésent de l’indicatif, «   fascine   » et «   tue   », montrent un changement radical de   perspective.  Dans ce r écit au pass é, le passage du pass é au pr ésent intemporel signale le danger   des interdits   : l’homme sous la coupe de cette passante, se sent entra îné vers le monde des morts (si   nous remontons aux sonorit és d éjà utilis ées,  le verbe  tuer  est d éjà inclus dans «   fas­tueuse   »,   «   majes­tueuse   » et le mot «   sta­tue   » ). Ce jeu sur les sons et les sens donne de Baudelaire une   image de victime. ­ Quatri ème  étape,la fuite     (premier h émistiche du vers 9)   : Dans un sonnet,  le vers 9, qui   d ébute le premier tercet, est souvent symbolique du po ème entier . Ici, sa construction est hach ée   par les points de suspension. Cette passante, associ ée à un orage violent (le mot «   ouragan   »  était d éjà   utilis é au vers 7) provoque un ravage sentimental exprim é par  un contraste   :  éclair / nuit . Nous   sommes au cœur de la vision ( apparition / disparition ) qui jette le narrateur dans le malheur, dans   l’obscurit é de l’aveugle.  Le malheur est ici une pause, le tiret  à l’h émistiche . Et  à partir de cette   pause, la ponctuation va s’affoler   : points d’exclamation et d’interrogation s’encha înent pour dire le d ésir   et la frustration. ­ Cinqui ème  étape, les r éactions existentielles du po ète     (vers 9 (2 e  h émistiche) – 14)   :  Avec   le tiret s’ach ève le r écit au pass é. Le po ète s’adresse  à son souvenir id éalis é   : il met en sc ène non   une femme mais une «   fugitive beaut é   ». C’est cette beaut é qu’il se d ésesp ère de revoir. Il encha îne des   hypoth èses m élancoliques  (au vers 12) qui sont autant spatiales que temporelles. L’adverbe  jamais ,   en italique donc soulign é dans le manuscrit, d ément toute possibilit é concr ète, tout espoir terrestre.

  L’allusion  à l’éternit é, le «   ô   » vocatif de la plainte et de l’hommage (l’hommage se trouve aussi dans le   titre du po ème, comme une d édicace), mais  surtout l’emploi du conditionnel pass é 2 e  forme («   que   j’eusse aim é   »), temps verbal de l’irr éel , donne  à cette histoire la forme d’un r écit merveilleux, malgr é   l’ échec et la frustration. DEUXIEME AXE   : LES CARACTERISTIQUES DE L’APPARITION Pour bien comprendre la port ée de cette trame narrative, il faut consid érer les   caract éristiques de la passante. On peut consid érer que Baudelaire a mis en valeur 4 caract éristiques   : 1.

Il s’agit d’une femme ind éfinie  («   une  femme passa   »), anonyme, sans   description corporelle signifiante. Elle est une  silhouette   à peine dessin ée, pour reprendre l’id ée du   tableau. Elle est  évoqu ée par  des verticalit és  (longue, mince, grand, statue) pour signifier une   é lévation  (une femme qui  élève, qui vous transporte...). 2.

Il s’agit d’une   femme dont le corps promet l’amour   : sa d émarche, la qualit é   de ce que l’on devine d’elle («   agile   ») mais aussi son  geste provocant  (notamment le participe   pr ésent «   soulevant   » quand elle fr ôle les dentelles de sa robe) font d’elle un  fantasme (corps   intouchable mais d ésirable,  âme qui se d évoile mais qui fuit). 3.

Il s’agit d’une femme li ée à la mort . Elle est en «   grand deuil   » ce qui renforce   son  myst ère   : ce deuil ­ sa robe noire ­ la rend inaccessible. L’association de son œil  à l’adjectif   «   livide   » (vers 7) –  livide  signifie d’un bleu noir âtre – renforce l’ étranget é de cette apparition. Dans. »

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